mardi 26 février 2008

François Grèze : une certaine idée du mandat de maire


François GREZE

(Paris 1925 - Vichy 2011)

Chevalier de l’Ordre du mérite
Médaille d’honneur départementale
Maire de Lapalisse de 1971 à 1995
Conseiller municipal de 1995 à 1998
Docteur en médecine, rue Baudin




Même si la carrière politique du Docteur Gréze eut à souffrir d’un évident déficit d’image causé par le côté abrupt du personnage, l’homme possédait un exceptionnel sens de la droiture. Gérant avec prudence les affaires communales, quitte, pour certains détracteurs, à faire preuve d’une trop grande frilosité, ce médecin généraliste devenu maire à la surprise quasi générale en 1971, administra la ville pendant vingt-quatre ans.
Fils d’un marchand de bois de la région sanfloraine et d’une institutrice, François Grèze fit des études de médecine à la faculté de Clermont-Ferrand, puis son internat à l’hôpital de Vichy. En 1951, il s’établit à Lapalisse comme médecin généraliste, tout d’abord sur l’avenue de la Gare, puis, rue Baudin. S’insérant peu à peu dans la vie associative, le Docteur Grèze devint Président de l’AAL de 1964 et le demeura pendant six saisons. Les débuts en politique de François Grèze datent de 1967, année durant laquelle il se présenta comme suppléant du centriste Charles Cointot aux législatives de mars. En mars 1971, le Docteur Grèze se présenta pour la première fois aux élections municipales. La décision de Lucien Colon, maire sortant, de ne pas se représenter, ouvrait une période d’incertitude durant laquelle le paysage politique local risquait fort d’être bouleversé. Trois listes se retrouvèrent en lice : une Liste républicaine indépendante d’administration et d’expansion communale (regroupant essentiellement des anciens colistiers de Lucien Colon et menée par son ancien bras droit, Jean Daumur), une républicaine pour le renouveau et l’expansion de Lapalisse (liste regroupant des hommes et des femmes neufs), sur laquelle figurait François Grèze, et une Liste des gauches pour une gestion sociale et démocratique (menée par le communiste Gaston Gay). Elu dès le premier tour sur une liste qui obtint finalement 14 sièges sur 21, le leadership de François Grèze n’allait finalement pas de soi face à sa colistière, Mme Jacqueline Dubuis, pharmacienne, qui le devançait de plus de deux cents voix. La place de la femme dans la vie politique n’étant pas encore une chose acquise dans cette France du début des années 1970, la plupart des colistiers de la Liste pour le renouveau et l’expansion de Lapalisse choisirent de se ranger derrière une candidature du Docteur Grèze au poste de maire. Le 26 mars 1971, au premier tour de scrutin, François Grèze fut élu maire de Lapalisse avec 14 voix contre 7 à Jean Daumur. Dans la foulée, Georges Ducout, cadre administratif et Firmin Périsse, cadre bancaire retraité, furent respectivement élus premier et second adjoints.


Le premier mandat du Docteur Grèze (1971-1977) fut celui des apprentissages pour un homme qui n’avait eu jusqu’alors d'expérience des affaires municipales. Le dossier le plus important fut celui de l’extension et de la modernisation de l’hôpital rural qui évolua vers une structure du type maison de retraite et cela d’autant plus qu’à l’automne 1971 la maternité fut fermée pour des raisons sanitaires. En mars 1976, le Docteur Grèze décida de se porter candidat aux élections cantonales sous l’étiquette républicaine. Arrivé en tête au premier tour (2035 voix contre 1946 à Jean Daumur PS et 1085 à Gaston Gay PC), le report des voix de gauche au second tour profita largement à Jean Daumur qui fut élu conseiller général avec 2912 voix contre 2386 à François Grèze.
Aux municipales de mars 1977, la Liste sortante du Docteur Grèze se retrouva face à une liste d’union de la gauche pilotée par le conseiller général socialiste Jean Daumur et par le communiste Gaston Gay. Dès le premier tour, la liste républicaine pour la poursuite d’une expansion raisonnée du Docteur Grèze remporta les 23 sièges à pourvoir. Le 18mars 1977, le Docteur Grèze était réélu triomphalement maire de Lapalisse par l’ensemble des nouveaux conseillers municipaux. Georges Ducout fut réélu premier adjoint, MM. Francpourmoi, vétérinaire retraité et Chérasse, commerçant à la retaite, furent élus deuxième et troisième adjoints.
Le second mandat de François Grèze fut dominé par la signature d’un Contrat de Pays en 1978 regroupant à terme une trentaine de communes tout autour de Lapalisse au sein d’un SIAD (Syndicat Intercommunal d’Aménagement et de Développement). Les objectifs de ce Contrat de Pays était de lutter contre les effets de l’exode rural en soutenant les initiatives économiques et culturelles endogènes. Un centre de parachutisme fut notamment créé sur l’aérodrome de Lapalisse-Périgny en 1981, la même année, l’ancienne halle aux blés de la ville, la fameuse Grenette, fut réhabilitée en salle culturelle multifonction.
Aux municipales de mars 1983, la liste d’Union républicaine pour l’expansion de Lapalisse du Docteur Grèze se retrouva face à deux autres listes : une liste de l’Opposition unie, conduite par le tout nouveau conseiller général du canton de Lapalisse, Bernard Le Provost et une liste d’union pour la prospérité de Lapalisse et le soutien à la majorité présidentielle, rassemblant toutes les forces de gauche. Au premier tour du scrutin, la liste Grèze obtint la majorité absolue en remportant 21 des 27 sièges à pourvoir.
Passionné par les questions sociales, le Docteur Grèze, soutenu par son épouse qui animait d’ailleurs de nombreuses associations d’entraide, continua, lors de ce troisième mandat municipal, sa politique de modernisation et d’agrandissement de la Maison de retraite qui devint très vite un établissement modèle. Le 26 janvier 1986, le secrétaire d’Etat à la Santé, Edmond Hervé inaugura les nouveaux bâtiments en grande pompe. Ce troisième mandat fut aussi marqué par la rénovation du centre de secours, l’aménagement de la Place Jean-Moulin, la poursuite de l’assainissement des différents quartiers de la ville, l’extension des pistes et des locaux de l’aérodrome et la réalisation d’une Maison du temps libre.
En septembre 1988, le Docteur Grèze décida de se représenter aux élections cantonales. Sans étiquette au premier tour, il est devancé par le conseiller général sortant, Bernard Le Provost URB (1530 voix contre 1938). Le troisième homme, le communiste Gaston Gay, fort de ses 1045 voix se retrouva en position d’arbitre. Théoriquement, le report des voix de gauche aurait profité à François Grèze. Cependant, Gaston Gay décida de se maintenir au second tour, créant par la même occasion une triangulaire qui intéressa tous les observateurs politiques du pays. Entre les deux tours, le Docteur Grèze obtint le soutien du Parti socialiste en « remerciement » du soutien apporté par le maire de Lapalisse à la candidature présidentielle de François Mitterrand quelques mois plus tôt. La triangulaire du 4 octobre profita à Bernard Le Provost qui fut réélu conseiller général avec 2237 voix contre 2094 à François Grèze et 713 à Gaston Gay. Déçu par les résultats de ces élections, le Docteur Grèze décida le lendemain même de démissionner de son poste de maire de Lapalisse. Durant les jours qui suivirent 14 des 21 conseillers de sa majorité décidèrent de démissionner à leur tour. Le 4 décembre 1988, eurent lieu des élections municipales complémentaires mettant aux prises deux listes : une liste de rassemblement et d’ouverture pour l’administration de Lapalisse conduite par un Docteur Grèze regaillardi et une liste de rassemblement des forces de gauche conduite par le communiste Gaston Gay. La droite lapalissoise et son chef de file le conseiller général Le Provost préféra très stratégiquement ne pas participer à ce scrutin jugeant qu’il s’agissait d’une affaire interne à la gauche. Il n’est d’ailleurs pas faux de remarquer que la composition de la nouvelle liste Grèze faisait état d’une nette inflexion à gauche qui ne fut pas sans conséquence par la suite. Le résultat des urnes fut sans appel : la liste Grèze obtint 23 sièges n’en laissant que quatre à la liste de gauche.
Cependant, la crise politique de l’automne 1988 fragilisa la majorité municipale du Docteur Grèze dont l’aile droite entama un rapprochement avec l’opposition RPR de Bernard Le Provost. Aux élections municipales de mars 1989, trois conseillers sortant vinrent grossir les rangs de la liste de rassemblement d’union pour vivre et travailler à Lapalisse (URB). Confronté également à la traditionnelle liste d’union des forces de gauche, le Docteur Grèze fut mis en balotage. Au second tour, la liste du maire sortant triompha finalement en remportant 20 sièges, 6 revenant à l’opposition de droite qui doublait ainsi sa représentation au sein du conseil municipal.
Le quatrième mandat (1989-1995) du Docteur Grèze fut marqué par une certaine morosité. Alors que la situation économique du bassin d’emploi de Lapalisse ne cessait de se détériorer (fermeture de la SAVAB, des Ets Barthelot, Foucault, Crégut et Vynicuir), une partie de la population lapalissoise commença à exprimer sa volonté de voir s’installer à l’hôtel de ville une nouvelle génération d’élus municipaux. Le Docteur Grèze essaya d’enrayer la déstructuration du tissu industriel local en convaincant notamment le volailler Fléchard de venir s’implanter sur la ZA de Rosières. Malheureusement, la soixantaine d’emplois créée pesa finalement peu face aux trois cents emplois perdus en moins de dix ans…
François Grèze mit toujours un point d’honneur à garder une indépendance politique totale, quitte à tourner le dos aux réseaux départementaux et régionaux. Cette recherche constante de la liberté de manœuvres était encore possible au début des années 1980, mais passées les lois de décentralisation, il devint de plus en plus difficile de tenir cette ligne de conduite.
Dans l’espoir de défendre les intérêts de sa ville au niveau départemental, le Docteur Grèze décida de se présenter une nouvelle fois aux élections cantonales de mars 1994. Pour la première fois depuis bien longtemps, six candidats sont en lice. Un tel schéma facilita bien entendu l’éparpillement des voix . Au premier tour, l’URB Bernard Le Provost arriva largement en tête (35 %) devançant François Grèze (22 %) et Dominique Chassenieux (PS – 21 %). De façon théorique, le report des voix de gauche aurait du profiter à François Grèze. Cependant, au soir du second tour, Bernard Le Provost fut réélu avec 53,82 % des voix et réalisa même l’exploit de devancer à Lapalisse le Docteur Grèze de cent cinquante voix. La donne politique locale était en train de changer à quelques mois du renouvellement municipal.
La campagne électorale de 1995 s’annonçait difficile pour le Docteur Grèze qui dut tout d’abord prendre acte de la volonté de certains de ses conseillers de se retirer de la vie politique locale. D’ autres essayèrent de le convaincre de ne pas s’engager dans un cinquième mandat dont la conduite serait forcément très difficile. Défendant bec et ongles son bilan, le Docteur Grèze décida de constituer une liste Horizon 2000 qui se retrouva face à une liste de rassemblement et d’union pour vivre et travailler à Lapalisse conduite par Bernard Le Provost. Les résultats des urnes furent sans appel, dès le premier tour la liste Le Provost obtint la majorité absolue enlevant 21 des 27 sièges à pourvoir.
Le docteur Grèze se retrouva donc simple conseiller municipal après avoir été le premier magistrat de la ville pendant vingt-quatre ans. Après trois années d’opposition parfois tendue avec la nouvelle équipe municipale, François Grèze démissionna de ce mandat le 5 mars 1998. Vendant peu après ses biens lapalissois, le Docteur Grèze choisit de se retirer dans sa propriété bussetoise.


S. HUG


(HUGSTEPHANE@aol.com)

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