lundi 8 septembre 2008

Charles Jeannot, instituteur et photographe, 54 ans de vie lapalissoise

Enfance à Boucé

Charles Jeannot naquit à Boucé le 4 février 1868, cinquième enfant d'une fratrie de huit. Son père, originaire de Haute-Saône, était fils de paysans illettrés. Il était arrivé à Boucé en 1857 pour y exercer les fonctions d'instituteur public et y épousa en 1860 la fille du maire, issue d'une ancienne famille de métayers bourbonnais. De leurs huit enfants, deux filles décédèrent en bas âge. En 1875, l'aîné, enfant très doué, interne au pensionnat Saint-Gilles de Moulins et se destinant à la prêtrise, mourut à quatorze ans de maladie : ce fut un drame familial qui marqua fortement Charles alors âgé de sept ans.
Elève dans la classe de son père, Charles passa toute son enfance dans le village de Boucé. Poète à ses heures, il confia dans des vers de jeunesse, ses joies et ses peines, l'amour de son pays et celui de la femme de sa vie. Adulte, il ne prendra plus la plume que pour célébrer les grands évènements familiaux, mariages et baptêmes.
Suivant les traces de son père, il choisit le métier d'instituteur. Le 10 août 1886, il fut reçu au "Brevet de capacité pour l'enseignement primaire" délivré par l'Académie de Clermont.


Instituteur à Chapeau

Instituteur adjoint à Chapeau, il fut autorisé le 20 août 1890 par l'inspecteur de l'Allier "à ouvrir une école privée de garçons". Il succéda ainsi à Monsieur Chautard comme instituteur titulaire de l'école libre où il restera jusqu'en 1905. Durant toute cette période, son traitement s'éleva à 100 francs par mois. Il exerça également les fonctions de secrétaire de mairie pour une somme de 125 francs par trimestre et compléta ses revenus par des travaux ponctuels comme des expéditions d'actes, le recensement de population de 1896, des arpentages, de la comptabilité...
Le 29 août 1891, il épousa Anne Michalet, une cousine, née en 1870 à Boucé comme lui et qu'il connaissait depuis l'enfance. Modiste, elle continua à exercer à Chapeau après son mariage et, certains mois, il lui arrivait même de gagner plus que son mari. Ils eurent ensemble trois fils nés à Chapeau.



Charles Jeannot en famille en 1904

Instituteur à Lapalisse

Le 12 août 1905, l'inspecteur de l'Académie de Clermont l'autorisa à ouvrir à Lapalisse une "école primaire élémentaire privée laïque spéciale aux garçons". En octobre 1905, Charles Jeannot prit donc la direction de l'école libre de garçons située route de Bert, ancien pensionnat tenu par des frères maristes et fermé en 1904. Ses débuts, dans le contexte de la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat, furent, de son propre aveu, quelque peu difficiles (son salaire mensuel de 125 francs ne changea pas de 1905 à sa retraite en 1917).





Charles Jeannot et sa classe à Lapalisse en 1907, enbas, l'école libre de garçons de Lapalisse au début du XXe siècle







De même qu'il avait suivi l'enseignement de son père, ses trois fils furent élèves dans sa classe. L'aîné exercera la profession d'architecte ; le deuxième sera, la même année, diplômé de la faculté de pharmacie de Lyon et licencié ès sciences ; le troisième, enfin, fera des études d'ingénieur.

La photographie

Très tôt, Charles Jeannot s'intéressa à la photographie : famille, amis, voisins, scènes de ville et de campagne. La première trace d'une vente de photographie remonte en 1895 à Chapeau. Cette passion prit une importance plus utilitaire à l'époque où il fallut financer les études de ses enfants qui, pour ce faire, ont dû quitter le foyer familial, et ce d'autant plus que sa femme n'avait pas continué son activité de modiste à Lapalisse. La retraite venue, il s'installa comme photographe dans la maison qu'il avait achetée en 1920, rue du Commerce, devenue rue de la Fraternité, au numéro 3. Tandis qu’une enseigne fut mise au-dessus du portail d'entrée, les fenêtres du salon firent office de vitrine d'exposition. A plus de quatre-vingts ans, Charles Jeannot exerçait encore. Certains de ses clichés de la ville de Lapalisse ont été édités en cartes postales par l'imprimeur Chabert. Une de ses photographies, représentant une scène rare de défrichement, est d'ailleurs exposée au musée rural de Montaigu-le-Blin.



La demeure de Charles Jeannot à l'angle des rues du Commerce et de la Fraternité.
Les deux fenêtres à droite, en bas au rez-de-chaussée, servaient de vitrine.


La vie publique et associative

Homme simple et modeste, économe, fervent catholique, il resta toute sa vie profondément attaché aux valeurs de son enfance.
En juillet 1912, une vive polémique, par presse interposée, l'opposa à Auguste Coche, adjoint au maire de Lapalisse, radical-socialiste, à propos de la dégradation du monument aux victimes du coup d'Etat du 2 décembre 1851 qui remplaça une croix de mission édifiée en 1856 sur le champ de foire et déposée en février 1909 par la municipalité.
Sur l'initiative de Jean-Baptiste Ravidat, nouveau directeur de l'école libre de garçons, il participa à la fondation de l'Amicale des anciens élèves, "l'Amicale Saint-Joseph", dont la première assemblée générale eut lieu le 30 octobre 1927. Il en fut le président du bureau jusqu'à sa démission en 1930 en raison du décès de l'un de ses fils.





Charles Jeannot en 1948



En août 1951, la célébration de ses noces de diamant fit l'objet d'un court article paru dans la presse locale.
Veuf depuis 1956, Charles Jeannot mourut à 91 ans le 10 novembre 1959 à Lapalisse où il fut enterré.

Florence TRIPETZKY (c)

Arrière-petite-fille de Charles Jeannot, historienne de formation et passionnée de généalogie.

Tous droits d'utilisation et de reproduction réservés pour le texte et les photographies.


email de l'auteur : ft.genea@laposte.net

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