mardi 4 mai 2021

Arfeuilles, autopsie d'un déclin

A la fin du XVIIIe siècle, la paroisse d'Arfeuilles comptait près de 3 000 habitants (alors que Lapalisse n'en n'alignait que 1 900). En plus des douze foires annuelles et du marché hebdomadaire du mercredi, le bourg montagnard possédait deux tanneries, douze moulins à écorce ou à chanvre, six moulins à blé, ainsi qu'une vingtaine d'ateliers de sabotiers. Une petite bourgeoisie locale (deux bonnes douzaines de familles d'artisans certes, mais aussi deux notaires, un huissier, un juge, un chirurgien et deux apothicaires) dominait la vie paroisiale. La Révolution prit acte du rayonnement d'Arfeuilles en l'érigeant chef-lieu d'un canton (1791) qui réunissait les communes d'Isserpent, de Châtel-Montagne et de Châtelus. En 1800, le canton arfeuillat fut supprimé, écartelé entre celui de Lapalisse et celui du Mayet-de-Montagne. La vitalité des foires lapalissoises et le succès des ateliers de tissage de notre ville mirent à mal les ateliers des bords du Barbenan.
Bien vite, le bourg d'Arfeuilles s'assoupit, faute d'avoir pu s'inscrire dans la révolution des transports du XIXe siècle. A la fois trop éloigné du tracé rénové de la route royale de Paris à Menton (future Nationale 7) et de la ligne ferroviaire PLM de Roanne à Saint-Germain-des-Fossés, Arfeuilles resta en marge des accélérations du siècle. Pour répondre au déclassement de leur commune, la bourgeoisie d'Arfeuilles soutint la création d'un petit séminaire (qui fonctionna de 1828 à 1847, transformé par la suite en un pensionnat tenu par des Maristes jusqu'en 1878, puis en une Ecole libre qui ferma définitivement ses portes en 1905) et celle d'un hospice fondé en 1863 et dirigé par les soeurs du Bon-Pasteur. Enfin, Arfeuilles, aux avant-postes des terres cristallines de l'ensemble Madeleine-Forez, connu à partir des années 1880  une spectaculaire décrue démographique (2 000 habitants en 1900, 635 au dernier recensement) qui saigna à blanc le monde rural.
 

S. HUG

HUGSTEPHANE@aol.com

Aucun commentaire :