jeudi 9 octobre 2008

La maroquinerie Barthelot

La mémoire industrielle de notre ville se confond avec l'histoire de la maroquinerie Barthelot qui fonctionna de 1920 à 1991. Tout débuta lors de la première guerre mondiale lorsque l'Armée demanda à un sellier-bourrelier de la rue Nationale, Gilbert Barthelot (1880-1968) de réaliser des articles en cuir destinés aux Poilus. Les commandes devenant de plus en plus importantes, notre bourrelier décida d'ouvrir un premier atelier, toujours rue Nationale (juste en face de l'ancien hôtel-restaurant du Midi), qui employa vite une quarantaine de personnes, principalement des femmes et des adolescents. L'armistice venue, Gilbert Barthelot réorienta rapidement ses productions vers la bagagerie haute de gamme. En 1920, une première tranche d'ateliers flambant neufs sortit de terre à Montplaisir, complétés durant la décennie par deux autres tranches (l'actuel Musée d'Art Brut). Passionné par le travail bien fait, notre entrepreneur forma lui-même ses premiers employés, assisté par ses deux premiers contre-maîtres, MM. Rondepierre et Régerat.
Gilbert Barthelot, entrepreneur, grand promoteur de l'industrialisation de la maroquinerie française et maire de Lapalisse de 1953 à 1959
En 1927, Gilbert Barthelot transforma son affaire, qui employait alors une soixantaine de personnes, en une Société Anonyme, élargissant au passage son capital en faisant appel à quelques investisseurs locaux. A cette époque, la vitalité de l'entreprise passait déjà par la conquête du marché parisien. Aussi, une fois par semaine, Gilbert Barthelot montait à la Capitale où il avait ouvert un hall d'exposition, rue Vaugirard. En outre, un représentant travaillant exclusivement pour la maroquinerie lapalissoise, rayonnait sur toute l'Ile-de-France.

Pendant de longues années, les Etablissements Barthelot firent la renommée du savoir-faire lapalissois


En 1936, les conditions d'applications des Accords de Matignon provoquèrent la seule et unique grève de l'histoire de notre maroquinerie. L'usine bloquée durant tout le mois de juillet, fut finalement fermée début août. Après de multiples tables rondes, Gilbert Barthelot finit par accepter les conquêtes salariales du printemps. Cette grève blessa l'entrepreneur au plus profond de lui-même. En effet, toute sa vie, Gilbert Barthelot considéra ses employés comme formant une grande famille, unie autour de lui. Il sut ainsi mettre en oeuvre un paternalisme bon teint : arbres de Noël, banquets et remises de médailles du travail, excursions en car dès les années 1950, création de jardins ouvriers tout contre les murs de ses ateliers...
Plan de l'usine Barthelot dans les années 1950
Vue de la "Coupe" dans les années 1930
Vue du grand atelier dans les années 1930
Sortie de l'usine dans les années 1930
Gilbert Barthelot dirigea son usine jusqu'en 1965, date à laquelle il passa le flambeau à son neveu, Jean Rimoux. Au milieu des années 1970, les Etablissements Barthelot (employant alors quatre-vingts personnes) furent rachetés par la tannerie Sueur, basée à Angers. Cette société introduisit dans les ateliers lapalissois une nouvelle matière plus technique que le cuir : la toile synthétique tissée très appréciée par les créateurs de mode de l'époque (Lanvin, Cardin, Esterelle, Dior...) désireux de se repositionner sur le marché de la maroquinerie de luxe.
Fortement concurrencés par les productions italiennes et les ateliers asiatiques, les Etablissements Barthelot déclinèrent à partir du début des années 1980. L'entreprise finit par déposer son bilan en février 1990, mettant en péril la soixantaine d'emplois restants. Quelques semaines plus tard, la société ARCO de Châtellerault racheta les ateliers mais ne conserva qu'une petite trentaine d'ouvriers. L'usine ferma définitivement ses portes le 31 décembre 1991.


S. HUG

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