samedi 7 mars 2015

1850 : échec de la tentative de création d'une loge maçonnique à Lapalisse

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Entre le début des années 1780 et la fin des années 1840, sept loges maçonniques furent créées en Bourbonnais (les deux plus anciennes furent la loge de l'Espérance de Moulins et la loge des Coeurs-Unis de Saint-Pourçain-sur-Sioule, puis apparurent trois autres loges moulinoises : la loge d'Isis, la loge Paix et Union et la loge de l'Humanité, enfin, en 1847, furent fondées les loges de l'Union de Cusset et de Commentry).
En 1850, Jean-Baptiste Lefaucheur (1817-1872), régisseur du château de La Palice, initié quelques mois plus tôt par la loge Paix et Union de Moulins tenta de créer une loge à La Palisse. Dès que le sous-préfet Rochefort eut vent de cette initiative, il s'empressa de souligner au Préfet de l'Allier :
"les démagogues pressent avec activité l'installation d'une loge maçonnique dans le chef-lieu de l'arrondissement et si le commissaire de police n'a pas le droit d'assister aux séances et d'y exercer une influence salutaire, la loge maçonnique de Lapalisse constituerait un vrai club d'après les éléments bien connus qui doivent la composer."
L'administration préfectorale fit pression sur Jean-Baptiste Lefaucheur qui, finalement, abandonna son idée.
Ce n'était d'ailleurs pas la première et dernière fois que la famille Lefaucheur avait maille à partir avec les représentants de l'ordre. Le frère aînée de Jean-Baptiste, Claude (1814-1883), fut durant toute sa vie un agitateur local surveillé de près par le pouvoir bourgeois. En décembre 1849, après signalement du Maire, Eugène Meilheurat, du juge de Paix, Mourier-Desgayets et du sous-préfet Rochefort, une enquête administrative envisagea très sérieusement le déplacement de sa mère, receveuse du bureau de poste de La Palisse, vers une autre ville. Au printemps 1852, Claude Lefaucheur fut condamné par la commission mixte de l'Allier (juridiction d'exception ayant pour but de mener à bien la repression contre la résistance républicaine au Coup d'Etat bonapartiste du 2 décembre 1851) à être "transporté" en Algérie, d'où il revint un an plus tard. En 1858, aux lendemains de l'attentat d'Orsini à Paris visant l'Empereur, une seconde grande vague sécuritaire s'abattit sur la France, Claude Lefaucheur fut une nouvelle fois arrêté et placé en résidence surveillée à La Pacaudière. Son activisme républicain ne s'éteignit pas pour autant. Finalement, à l'automne 1870, Claude Lefaucheur fut récompensé de trente années d'engagement en siégeant au sein de la première municipalité républicaine provisoire de La Palisse.

S. HUG

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