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Depuis une trentaine d’années, l’écriture de l’histoire a considérablement évoluée. Devenant de plus en plus charnelle, l’Histoire aime désormais à explorer l’épaisseur des sociétés en suivant les trajectoires d’individus situés à la confluence d'une foule de réseaux tant privés que professionnels. Parmi les groupes centraux qui mériteraient d’être étudiés plus en profondeur, celui des cafetiers, qui d’ailleurs ne cesse de se rétracter, est sans nul doute l’un des plus riches de promesses. En entrant au bistrot, l’historien touche à l’universalité : le zinc appelle à la communion entre toutes les composantes de la société. Mais le troquet n’est pas seulement un haut lieu de sociabilité, il constitue également un espace d’initiation au sein duquel s’opère un glissement de la cellule familiale vers le monde des adultes. Dans le Lapalisse des années 1920 et 1930, le café Benatan, situé rue Nationale, fut l’un de ces lieux bénis où la jeunesse faisaient ses « classes » sous l’œil bienveillant des grognards du comptoir.
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Louis Benatan (1881-1931), originaire de la région roannaise, arriva à Lapalisse, au début du siècle dernier, comme cuisinier à l’Hôtel de l’Ecu. Après son mariage avec Suzanne Pelletier, le jeune couple acheta un petit établissement situé juste en face de l’Ecu et en firent, en quelques années, un café-restaurant renommé. Proposant également ses services pour des banquets et des cérémonies, Louis Benatan sillonna ainsi pendant plusieurs années toute la région lapalissoise et la Montagne bourbonnaise. Musicien dans l’âme, Louis Benatan fut membre de l’Union Musicale au sein de laquelle il anima, juste avant la Grande Guerre, l’école de Musique. De toutes les kermesses et de toutes les fêtes communales, grand amateur de sports, Louis Benatan fut également Président de l’AAL de 1924 à sa mort brutale en 1931.
Ci-dessus : Madame Benatan et ses enfants devant son café-restaurant.
En haut : Louis Benatan (à droite) et Lucien Liard (à gauche) avec les enfants de la batterie-fanfare de Lapalisse vers 1910 . En bas : Louis Benatan (à droite) avec l'équipe fanion de l'AAL. A gauche, on reconnaît sur cette photo, Claudius Papon, futur conseiller municipal, candidat aux cantonnales 1937 sous l'étiquette Radical-socialiste et membre du Comité de Libération de Lapalisse en 1944.
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Après la disparition de Louis Benatan, son épouse, aidée de sa sœur Marie, continua à faire vivre l’établissement, devenu « Café du Centre », puis le laissa à son fils Maurice qui le tint jusqu’à sa disparition prématurée en 1952. Madame Volpei racheta alors le fonds de commerce et continua à faire vivre le Café du Centre.
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Remerciements à M. Louis Moutet, ancien instituteur à Lapalisse et petit-fils de Louis Benatan.
S. HUG
HUGSTEPHANE@aol.com
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