vendredi 23 décembre 2011

Le chanteur de Noëls (Alfred Meilheurat - Physiologie du Moulinois)

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En 1843, le poète et journaliste Alfred Meilheurat (1821-1855) publiait Physiologie du Moulinois, un étonnant théâtre social de la Belle endormie de la première moitié du XIXe siècle. Parmi toutes les figures traditionnelles prit place celle du chanteur de Noëls.



"Lorsque les anges du ciel répètent aux anges de la Terre : "Noël approche, voici Noël !" les gamins moulinois assez aimés de Dieu pour être admis, avec la permission de M. le Maire, à chanter, un mois durant, les louanges du Rédempteur, s'apprêtent à remplir convenablement cette sainte mission.



Ils de divisent en trois bandes qui doivent se partager les quartiers de Moulins. Chaque bande a son chef chargé d'apprendre les Noëls à ses compagnons, et se surveiller leur conduite.



Le soir du 24 au 25 novembre arrivé, le chanteur de Noëls s'arme d'un bâton, emprisonne ses mains dans des mitaines de peau de chèvre, empoche son livre de cantiques, et, dans cet équipage, va chanter de porte en porte et se morfondre trois heures durant, pour gagner une bûche de bois et quelques pièces de monnaies.



Le chanteur de Noëls est loin d'être bien accueilli partout. Aussi ne se montre-t-il pas ingrat envers les âmes charitables qui le rétribuent le plus largement; mais comme ses moyens de reconnaissance sont fort bornés, il chante deux cantiques au lieu d'un sur le seuil des portes privilégiées, et se tient pour quitte envers ses maîtres... Plaignons les privilégiés...



Le chanteur de Noëls, en butte à toutes les intempéries de l'air, se console de ses tribulations, en songeant qu'il chante pour son Dieu qui lui donna la voix, et surtout au splendide réveillon qui sera le prix de sa peine".


Alfred Meilheurat


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