mardi 31 juillet 2012

Roland Gyptis : une quête de liberté.

Au-delà des permanences qui font trop souvent de la ville, du village ou de la rue d'autrefois autant d'espaces immobiles, l'historien se doit d'animer son récit en repérant dans la foule des visages perdus les individus qui par leur genre de vie, leurs passions ou leurs actions furent en leur temps soit à l'avant-garde de la modernité, soit les "derniers Mohicans" d'un passé révolu.

Dans les années 1950-1960, une femme, Mme Saule-Combret, éprise de liberté, éveilla à plus d'un titre la curiosité de la population lapalissoise.

Cette institutrice divorcée puis remariée (ce qui constituait en soi un affront jeté aux visages de la société et de la République bien pensantes de l'époque) avait fait sienne le pédagogie active d'Henri Freinet qui cherchait notamment à épanouir l'enfant au travers d'expériences menées dans l'environnement local. Ainsi, Mme Saule-Combret intégra-t-elle pendant de longues années dans la semaine de travail de son Cours Élémentaire de Première année, la culture d'un jardinet expérimental situé à l'entrée du stade municipal. Alors qu'il était d'usage à l'époque de punir ceux et celles qui ornaient leurs cahiers de "pâtés", Mme Saule-Combret préférait quant à elle rajouter quelques pétales aux plus belles tâches que lui réservaient ses corrections afin de les transformer en d'improbables fleurs violettes ou bleues.

Au nom de sa liberté, cette femme de gauche, fut la première à oser arpenter les rues de Lapalisse en short sous l'oeil goguenard des mauvais coucheurs. Mais ce fut au travers de la poésie et sous le pseudonyme de Roland Gyptis que Mme Saule-Combret mena à sa façon cette quête de liberté qui animait toute la société française de l'après-guerre. Evoquant tout aussi bien l'enfance que l'érotisme, Roland Gyptis immortalisa dans son recueil Toile d'araignée, paru en 1948, le souvenir des déportés lapalissois :


Ils étaient quatre camarades...

Est-ce sur les bancs de l'école
Où les clouaient verbe et dictée,
Est-ce en courant par la campagne
Galopins maraudeurs de nids,
A la baignade du dimanche
Qu'ils sont devenus des amis?

Ils étaient quatre camarades...

Est-ce plus tard où dans les bals
Les appelaient les belles filles,
Dans les fantasques équipées
Dont on ne dit rien aux familles,
Est-ce au régiment d'avant-guerre,
Soldats pour rire et bons copains?

Ils étaient quatre camarades...

Non, -1e malheur les a fait frères.
Ils étaient quatre déportés,
Quatre beaux gars sains et virils
Qu'on emmena pour les dompter,
Quatre Français de bonne sorte,
D’âges divers et de cœur grand.

Ils étaient quatre camarades...

De la milice à Buchenwald
Ils ont connu tout le calvaire:
Les coups, la faim, les durs travaux,
L'ennui, les coups, la maladie,
La faim, les coups et l'insomnie...
Unités du troupeau martyr

Ils étaient quatre camarades...

La faim, les coups, les durs travaux,
L'entassement des agonies...
Leur vie à tous se défaisait
Comme un tissu que le temps ronge,
Mais ils voulaient revoir la France,
Et leur courage restait grand.

Ils étaient quatre camarades...

Vint le jour où dans la déroute
L'Allemand jeta sur la route
Attelée à tous les camions
La cohorte des morts-vivants.
Allez! Tirez, poussez, bagnards!
L'espoir est né... mais c'est bien tard!

Ils étaient quatre camarades...

Ils l'ont porté pendant trois jours,
Le premier qui tomba de peine',
Mais trop faibles, trop las eux-mêmes
Dans le véhicule maudit
Ils l'ont laissé monter…O mères !
O femmes! pleurez, pleurez-les!

Ils étaient quatre camarades.

C'est en pleurant qu'ils l'ont quitté
Fusillé comme un chien qui gêne,
Pantelante dépouille humaine
Jetée au rebord du fossé,
Seul, tout seul, parmi des milliers,
Des milliers de morts sur la route...

Ils étaient quatre camarades...

L'un après l'autre ils sont venus
Tous les trois qui se croyaient libres,
Spectres qu'à peine on voyait vivre,.
Ils sont venus, mais pour mourir,
En appelant dans leur délire
L'ami, le frère assassiné.

Ils étaient quatre camarades...
.
Quatre héros, quatre martyrs,
Combattants tombés pour la France,
Quatre gars de la Résistance,
Morts pour préparer l'avenir,
Et nos enfants iront fleurir
Quatre souvenirs sur trois tombes.

Ils étaient quatre camarades...

-


S. HUG

lundi 30 juillet 2012

1719 : Gilles Brunet d'Evry, seigneur de La Palice inaugure un concours de tir

-
Le 25 juin 1719, "à l'issue des vespres de la chapelle du château", Gilles Brunet d'Evry instaura un concours de tir conçu pour "entretenir ses sujets et vassaux dans l'exercice des armes et principalement la jeunesse dans ses terres et seigneuries." Ce concours devant se tenir à l'avenir "tous les premiers d'hymanche après la feste de Saint Jean Baptiste", fut tiré "avec fusils et armes non travaillées, ny carabines, chargées a balle seulle au but et a distance de quatre vingt pas raisonnables de l'endroit où sera posé le prix". Le prix de soixante livres consistait justement en deux tasses d'argenterie gravées aux armes du seigneur de La Palice. La cible (appelée à l'époque, la grille) était disposée sur un panneton également surmontée des armes de Gilles Brunet d'Evry. Pour moraliser le concours, le seigneur de La Palice décida que "surtoutes choses, voulons et entendons que dans l'exercice de ledit prix, il ne soit juré, ny blasfemé en manière quelconque, surtout le nom de Dieu, à peine pour chaque contrevenant de soixante sols d'amande pour le moindre jurement et de vingt quatre heures de prison dans celle du chasteau dudit Lapalisse pour celuy qui aura juré le nom de Dieu."
Ce 25 juin, quarante-cinq tireurs se disputèrent les deux tasses d'argent. Le vainqueur fut un certain Claude Rivière, sieur de la Fétière, receveur des Traites au bourg de Saint-Martin-d'Estreaux, le second, fut Laurand Vieillard, maître serrurier de la ville de La Palisse.
Pour la petite histoire, ce 25 juin au soir, le sieur de Saint-André, capitaine du château, ne signa aucun billet d'écrou...
-


Rare exemple iconographique d'un papegai (concours de tir) au XVIIIe siècle - AM Rennes.
-
S. HUG

mercredi 4 juillet 2012

Un grand seigneur oublié

-
Jean-François de La Guiche, Maréchal de France (1569-1632)
-
La galerie des seigneurs de La Palice est incontestablement dominée par la figure et les exploits du Maréchal de Chabannes. Cependant, la carrière et la personnalité de Jean-François de La Guiche (1539-1632) en font le plus grand seigneur de La Palice du XVIIe siècle.
-
Jean-François de La Guiche débuta sa carrière militaire dans les troupes royales à l'extrême fin des Guerres de Religions. Toute sa vie, Jean-François de La Guiche passa pour posséder plus de bravoure que de talent. Il brilla notamment aux bataille d'Ivry (1591) et de Fontaine-Française (1595). Lieutenant-général du Gouvernement du Bourbonnais dès 1602, il devint Gouverneur de notre province en 1619. La même année, Jean-Fançois de La Guiche fut fait Maréchal de France et Conseiller du Roi en tous ses conseils. Son ultime fait d'armes se situe en 1621-1622, années durant lesquelles il dirigea l'essentiel des opérations militaires contre les places protestantes du Sud-Ouest du royaume.
Disposant de revenus conséquents et menant grand train, Jean-François de La Guiche réorganisa le plan d'ensemble du château de La Palice. Il fit notamment tracer des jardins à la française agrémentés de fontaines (disparues au cours de la période révolutionnaire) et reconstruire les communs (l'actuel Restaurant-Bar du Château) détruits par un incendie en 1695. Jean-François de La Guiche mourut au château de La Palice le 2 décembre 1632.
-
S. HUG

mardi 3 juillet 2012

Ballade pour une table du temps jadis.

Dans les années 1930, Pierre Dulout, propriétaire de l'Hôtel de l'Ecu, situé Rue Nationale, demanda au parolier à succés Pierre Alberty, de rédiger une petite ballade surannée à souhait destinée à agrémenter le dos des factures de son établissement.



S. HUG


HUGSTEPHANE@aol.com