Il fallut attendre 1994 pour que la culture campanaire des campagnes d'autrefois trouve enfin son historien en la personne d'Alain Corbin, auteur d'une remarquable étude intitulée Les Cloches de la Terre, parue aux Editions Albin Michel. Signaux communautaires de réunions, de communions et parfois de révoltes, on conférait aux cloches de l'ancienne France des vertus quasi magiques : à la fois protectrice des récoltes, des cheptels et du finage de la paroisse, leur son pouvait tenir à distance l'orage, la grêle et la tempête. Le 10 août 1919, la très pratiquante paroisse d'Arfeuilles, procéda à la bénédiction de trois nouvelles cloches, acquises grâce à l'action énergique du chanoine Jouannet, qui vinrent s'ajouter aux deux déjà existantes. Les rues d'Arfeuilles pavoisées pour l'occasion accueillirent une foule considérable. Chacune de ces cloches porte sur sa robe de bronze une prière particulière qui correspond parfaitement aux attentes de la société rurale de ce temps. Sur la première fut gravée : "Je sonne le souvenir. Ma voix pieuse et tendre se fait suppliante auprès de Dieu pour tous ceux que vous avez aimés. Priez pour moi." Sur la seconde : "Je sonne la Paix. Ma voix douce et grave réjouira la terre et descendra comme une bénédiction sur les semailles et les moissons." Enfin, sur la dernière, plane encore de nos jours l'ombre de Verdun et de la Der des Ders : " Je sonne la victoire de la France, la reconnaissance des paroissiens d'Arfeuilles au Sacré-Coeur de Jésus."
S. HUG
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