jeudi 25 juin 2009

Retour sur la balade-découverte des pivoines Doriat organisée le 6 juin 2009 à Lapalisse-Saint-Prix

La pivoine Gilbert Barthelot, une création Doriat.


Le 6 juin dernier, sur une initiative de Gilbert Tain, agriculteur à Trézelles, connu également pour être à ses heures un remarquable conteur des héritages ruraux de notre province, une balade-découverte fut organisée en partenariat avec la municipalité lapalissoise et l'Office de Tourisme communautaire, autour des pivoines des anciens Etablissements DORIAT et de quelques arbres remarquables.


Voici le compte-rendu de cette après-midi particulière que nous fait parvenir Gilbert Tain :

"Au départ de l'Office de Tourisme, on a pu observer un superbe Sophora japonica 'Pendula' (peut-être une signature Doriat), puis, nous avons pu le comparer à un autre Sophora japonica (qui se dresse dans le jardin du Docteur Poizat), arbre comme son nom ne l'indique pas est originaire de Chine et de Corée. En franchissant la passerelle, l'Ile Saint-Jean nous offrit une vue pittoresque de Lapalisse (quelques pieds de pivoines ont d'ailleurs été plantés dans les massifs). La rue de la Prairie nous conduisit à la rue du Commerce. Là, un if fastigié permit la comparaison avec un taxus baccata recépé qui trône dans une cour privée de la rue Notre-Dame. Là, une boutique reconstituée permit de découvrir une collection de pivoines obtenues par Edouard Doriat et de décliner les personnes honorées par ces fleurs.

Le porche du château nous protégea d'une averse qui ne fut pas de fléches en if comme durant la Guerre de Cent ans. Nous traversâmes ensuite le parc du château, le petit pont de briques et nous arrivâmes alors sur la commune de Saint-Prix en enjambant la Mère-Font. Après avoir traversé la Nationale 7, le jardin public nous accueillit dans toute sa splendeur. Le jardinier, Jean-François Péronnet, nous présenta alors le jardin à la française et le jardin à l'anglaise qui se cotoyent avec paix et harmonie. Catherine tint, à l'occasion de cette ballade, un kiosque à bonbons comme au temps des guinguettes et présenta les produits dérivés de la pivoine. Des jeunes filles, fraîches comme des boutons de pivoine, et des dames plus épanouies en profitèrent pour se parfumer aux senteurs de pivoine. Quelques arbres exceptionnels, tel le hêtre à feuilles d'asplénium, firent notre admiration.

Après avoir traversé le terrain de sport et le camping, nous arrivâmes sur l'ancien site des Etablissements Doriat.

Monsieur Gulon, apprenti durant la Guerre, nous autorisa à lire une lettre riche de souvenirs et s'achevant sur une maxime chère à la famille Doriat : "ce que tu fais, fais le bien".

De retour à Lapalisse, nous franchîmes l'octroi et la rue Commerçon, chargée d'un lourd passé. Un maréchal-ferrant, Monsieur Raymond Marion, nous fit une démonstration de forge de pioche, outil nécessaire aux anciens ouvriers de chez Doriat avant l'ère des désherbants et autres produits phytosanitaires. Le feu et le fer s'unissent avec la terre pour honorer les pivoines.

En fin de journée, Monsieur le Maire et Conseiller général, Jacques de Chabannes, inaugura la rue "Edouard Doriat", ingénieur diplômé de l'école supérieure d'Horticulture de Versailles, en présence de quelques descendants.

Un vin d'honneur fut offert en fin de journée à tous les apprentis fleuristes qui participèrent à cette ballade patrimoniale."

Gilbert TAIN.

vendredi 19 juin 2009

Vacances d'été à Lapalisse (1935-1950)

-
C'était tout d'abord le voyage en train depuis Paris. Lorsque nous passions à Varennes-sur-Allier, devant les maisons du personnel de la Compagnie P.L.M, mon père disait : "Nous arrivons bientôt". Ultime étape : Saint-Germain-des-Fossés et la rotonde où étaient garées les locomotives à vapeur. Enfin, l'arrivée, le chef de gare annonçait : Lapalisse-Saint-Prix ! Je descendais, le coeur battant, humant l'air si léger, savourant déjà les bruits nouveaux. Jean, de l'Hôtel de l'Ecu, attendait les voyageurs avec son car et nous transportait jusqu'à la maison de mes grands-parents. Chemin faisait, il nous rapportait les dernières nouvelles du pays.
Les premiers instants d'embrassades passés, je montai vite dans "ma" chambre et regardais par la fenêtre si je voyais Irène mon amie de vacances. Elle habitait l'épicerie toute proche.


Lapalisse, rue du Commerce, "Au planteur de Caïffa", en 1936


Dès qu'elle me rejoignait, nous prenions possession de la tonnelle au fond du jardin. C'était notre maison, nous installions les poupées et organisions les repas avec les pommes tombées de l'arbre. Tout nous paraissait immense et nous goûtions pleinement cette liberté.

Mais il y avait bien d'autres distractions. Quand mon père décidait d'aller à la pêche, il nous emmenait par la rue de la Prairie jusqu'à la Besbre.


Lapalisse, la rue de la prairie en 1936


Il nous fallait traverser les prés où passaient les vaches et nous étions pas très rassurées. On passait d'un pré à l'autre par des échelles de branches qui enjambaient les haies. Et c'était le plaisir de se tremper jusqu'aux mollets dans les clapotis de l'eau.


Baignade dans la Besbre


Mais ce que nous préférions, c'était lorsque nous allions au Moulin Marin. Arrivés au hameau, mon père achetait à la petite épicerie un paquet de "Petit beurre LU", deux barres de chocolat et une bouteille de limonade. Nous la mettions à rafraîchir dans l'eau entre deux pierres. Quel bonheur après la baignade de savourer ce goûter exceptionnel !


Il y avait aussi les événements attendus, surtout l'arrivée de ma cousine Claude et de sa famille. La maison entrait en effervescence et souvent il était décidé de dîner dans la cour. Pour ces grandes tablées, ma grand-mère faisait alors des sanciaux et pour le dessert un mias, genre de clafoutis aux raisins, que nous avions porté à cuire dans le four du boulanger, M. Lapendry.


Lapalisse, repas dans la cour
-


Tous les soirs d'été, mes grands-parents s'installaient sur le banc dans la cour en compagnie de voisins. Parfois, des amis d'enfance de mon père nous rejoignaient et la veillée se prolongeait.

Dans la rue, les commerçants sortaient les chaises et s'installaient pour bavarder. Les groupes étaient toujours les mêmes : le menuisier, la couturière et leur famille, plus loin, l'horloger et l'épicier. Mais Irène venait faire la veillée avec nous.
-
Lapalisse, rue du commerce en 1932
-
Le dimanche, bien sûr, nous allions à la messe vêtues de notre plus belle robe. Ma cousine et moi occupions alors les deux chaises marquées au nom de nos grands-parents. Après, nous allions manger des gâteaux crémeux chez Baudin ou Sauvadet pendant que les parents passaient commande pour le dessert familial.

Les robes du Dimanche


Le 15 août était un évènement tout particulier : la messe était suivie d'une grande procession dans le parc du château. L'après-midi, nous montions à Beaulieu où nous attendait une nouvelle procession par les chemins creux au milieu des champs.
Parfois aussi la famille décidait une promenade dans la campagne et c'était le plaisir de cueillir le mûres dans les haies et les noisettes sur le chemin de Beaulieu.

Promenade en famille


Ce que nous aimions aussi, c'était les jours où mon grand-père recevait une noce pour la photographier. Dès le matin, il avait monté l'estrade où les mariés et leurs nombreux invités prendraient place. Le moment venu, nous allions nous poster derrière les volets au premier étage d'où nous pouvions admirer la mariée et ses demoiselles d'honneur dans leurs belles robes. Parfois, nous nous déguisions et c'était à nous de nous faire photographier.


Les "Mariées"


La "Bourbonnaise"

Il y avait aussi la fête de Lapalisse au faubourg le premier dimanche de septembre. Les attractions étaient nombreuses mais nous nous intéressions particulièrement aux baraques de loterie et à leurs belles poupées que nous rêvions de gagner, aux manèges, aux chenilles, aux "cri-cri" (1)
Mais l'enfance s'est achevée, l'adolescence est venue et la bicyclette offerte pour l'entrée en sixième. Quelle liberté ! La plupart des routes n'étaient pas goudronnées et il y avait si peu de circulation. Notre champ d'action s'élargissait : Barrais-Bussolles et la bénédiction des voitures, quelques excursion à Vichy. Nous montions la côte de Bost vélo à la main, mais au retour, quelle récompense ! Heureusement nous étions seules sur la route.
Plus tard il y eut également les "parquets" où nous allions danser. Ils s'installaient sur les places des villages pour la fête locale : Trézelles, Servilly, Droiturier, SaintPrix. Les distractions ne manquaient pas et pas besoin d'aller loin.


Lapalisse, samba dans la cour en août 1948

Après la guerre, avec la voiture, nous faisions des visites dans les environs. Comme il était interdit de se baigner dans la Besbre à cause des risques de poliomyélite, nous allions à l'établissement thermal de Sail-les-Bains dont la réclame vantait l'eau "la plus radioactive d'Europe".

Mais toujours, bien sûr, arrivait la fin des vacances. Le coeur serré, nous nous retrouvions sur le quai d'en face, attendant le train. Nous l'entendions au loin et mon père disait : "Il est sur le viaduc de Saint-Prix." C'était fini. cependant, je repartais avec un trésor : l'accent.
-

(1)- Le Cri-cri était un manège constitué de sièges à une place suspendus par deux chaînes et tournant à vive allure.

Huguette Jeannot-Edouard pour les souvenirs et le texte et Florence Tripetzky pour la mise en forme.


Tous droits d'utilisation et de reproduction réservés pour le texte et les photographies.
-
Retrouver dans les archives de PALICIA du mois de septembre 2008 un précédent article de Florence Tripetzky intitulé Charles Jeannot, instituteur et photographe.
-

mercredi 10 juin 2009

Après les élections européennes, retour sur les grandes évolutions du vote lapalissois durant la dernière décennie

-

Cette analyse repose sur les résultats des différents scrutins régionaux, législatifs, présidentiels et européens des deux bureaux de vote lapalissois entre 1997 et 2009. Il s'agit donc ici d'esquisser une approche de la sociologie politique de la ville de Lapalisse au regard des dernières grandes consultations électorales, en prenant garde de mettre de côté les scrutins municipaux et cantonaux qui possèdent une charge émotionnelle capable, à l'occasion, de fausser le profil général.


Quatre constatations se dégagent :



  1. Le caractère de "ville de l'entre-deux", ni de droite, ni de gauche, que j'avais mis en avant dans un article intitulé Le Petit catéchisme lapalissois (voir archives de PALICIA, mois de décembre 2008) peut se vérifier à l'échelle des trois dernières élections législatives (1997, 2002 et 2007). Au premier tour, à trois reprises, le candidat de la droite, Claude Malhuret, maire de Vichy, arriva en tête avec de 36 %, 45 % et 46 %. Aux élections de 2002, Malhuret devançait même le candidat de la Gauche, le PRG Gérard Charasse de 11 points. Mais au second tour, le report des voix de gauche plaça finalement en tête à deux reprises (1997 et 2007) Gérard Charasse. Existerait-il à Lapalisse un socle de droite ? Sans aucun doute puisqu'aux présidentielles, le choix des Lapalissois placent traditionnellement en tête, au premier et au second tour, le candidat de Droite. Cependant, l'absence historique d'une section locale RPR, UDF, puis de nos jours UMP ne permet pas d'élargir la base électorale de la droite électorale. De plus, depuis la disparition de Bernard Le Provost en juillet 2007, la droite lapalissoise n'a plus de leader. Est-ce à dire que la Gauche lapalissoise posséderait le ressort nécessaire pour mobiliser ses électeurs et réaliser de bons reports de voix lors de chaque législative ? Les chiffres sembleraient l'indiquer. Cependant, cette mécanique ne semble pas être le fruit de l'action des sections locales. Si le PS ne possède plus de section à Lapalisse depuis 1994, après un long temps de latence, il y a quatre ou cinq ans, le PRG se décida enfin à occuper la place. Pour l'heure, l'action des radicaux dans la Cité des Vérités est encore dans une phase de maturation. La solution serait-elle alors à chercher du côté du Parti Communiste ?

  2. Aux législatives de 1997, le PC totalisait encore près de 16 % des voix dans les deux bureaux de vote lapalissois. Aux Présidentielles de 2002, le score des Communistes s'effondrait à 5.5 %, puis à 2.7 % en 2007. Le vieillissement de l'électorat rouge explique en grande partie la spectaculaire érosion de ce score. Plusieurs grandes figures du communisme lapalissois, notamment des anciens résistants, nous ont quitté durant la dernière décennie. Néanmoins, une nouvelle tendance semble se dessiner. Le vote communiste apparaît de plus en plus comme une solution protestaire dans le paysage politique lapalissois. Ainsi, aux législatives de 2007, un mois après la présidentielle, la candidate communiste, Mme Semet, recueillait 5 % des voix soit le double du score local de Marie-Georges Buffet. Aux Européennes du début mois, le Front de Gauche réalisait 9.2 % (contre 8.1 % dans l'Eurorégion Massif Central - Centre et 6.7 % au niveau national). Le vote communiste semble désormais discrètement renaître, regroupant pêle-mêle des communistes orthodoxes ou non, mais aussi des déçus de la Gauche traditionnelle qui ont tendance à bouder la Gauche anti-capitaliste (LCR puis NPA) qui ne réalisa à Lapalisse, il y a quelques jours, que 3.9 % aux Européennes contre 5.4 % au niveau départemental.

  3. Autre enseignement, l'écologie politique ne passionne pas à Lapalisse (de 1 à 2 % aux présidentielles et législatives). A l'occasion des Européennes, les Verts réalisèrent leur meilleur résultat avec 8.1 % des voix, soit moitié moins que le score national et cinq points de moins que dans l'Eurorégion. Les ours blancs lessivés de Borloo n'ont donc pas encore réussi à descendre la Besbre sur leur fragment de banquise. Revendiquons encore un temps le droit de résister contre une nouvelle forme de pensée unique, effrayante de globalisation et qui, comble de ridicule, peine à parler aux vrais ruraux..

  4. Enfin, le Front National réalisa toujours à Lapalisse (sauf au premier de la Présidentielle de 2007 : 12.1 %) des scores inférieurs à ceux de la circonscription de Vichy, du département et aux scores nationaux. L'altérité de la plupart des phénomènes liés aux violences urbaines, à l'insécurité, aux incivilités ou aux problèmes migratoires, doublée par l'absence d'un leader local ne permettent pas d'élargir la base de l'électorat frontiste.

S. HUG


HUGSTEPHANE@aol.com