mercredi 20 octobre 2010

COLLECTION VISAGES DU BOURBONNAIS - Gabriel Péronnet : l'élégance dans l'engagement politique

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PALICIA lance, à l'occasion de ce portrait de Gabriel Péronnet, la Collection VISAGES DU BOURBONNAIS, une série consacrée aux hommes et aux femmes qui ont marqué de leur empreinte notre province.
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Né au Vernet, près de Vichy, le 31 octobre 1919, dans l’école communale où son père était instituteur, Gabriel Péronnet fit toutes ses études au Collège de Cusset, puis à l’Ecole vétérinaire de Lyon, d’où il sortit major de promo en 1943 . Après un passage dans l’Armée (il demeura d'ailleurs Lieutenant-colonel vétérinaire de Réserve), Gabriel Péronnet se maria en 1945 et ouvrit un cabinet à Cusset. Il entra dans la vie politique en 1952 en se faisant élire conseiller général du Canton de Cusset, sous l’étiquette d’Indépendant de Gauche, lors d’une élection partielle suite au décès de Georges Roux, maire de Cusset et conseiller général. Gabriel Péronnet siégea au Conseil général jusqu’en 1979 et y fut réélu cinq fois consécutives (en 1979, il fut battu par le communiste René Bardet, futur maire de Cusset). Durant cet engagement départemental, Gabriel Péronnet fut, pendant de longues années, Président de l’Office départemental d’HLM et administrateur de l’Office départemental du Tourisme et du thermalisme.
Proche du Parti radical socialiste dès 1939, Gabriel Péronnet retourna vite au sein de cette formation politique après avoir, nous l’avons dit, porté un temps les couleurs des Indépendants de gauche. En 1958, il fut élu président du Comité radical de Vichy, puis, Président de la Fédération de l’Allier en 1962, prit la tête de la Fédération d’Auvergne en 1971 . Il devint secrétaire général du Parti radical en décembre 1973 et, enfin, Président national en décembre 1975, prenant ainsi la suite de Jean-Jacques Servan-Schreiber. Il assura la direction des Radicaux de gauche pendant deux années, puis devint leur Président d’honneur.
Gabriel Péronnet se présenta pour la première fois à des élections législatives en novembre 1958, dans la 4ème circonscription de l’Allier, mais fut battu lors d’une triangulaire au deuxième tour par le député sortant (candidat des Indépendants et Paysans), Pierre Coulon, maire de Vichy, alors que le candidat communiste avait choisi de se maintenir. En novembre 1962, bénéficiant cette fois-ci du report des voix communistes, il triompha de Pierre Coulon et devint député de la circonscription de Vichy, abandonna la médecine vétérinaire pour ne plus se consacrer qu’à la vie politique. Gabriel Péronnet fut réélu député en 1967, en 1968 (avec les voix de gauche, sous l’étiquette FGDS – Fédération de la Gauche Démocrate Socialiste), en 1973 (avec le soutien du mouvement des Réformateurs), en 1976 (lors d’une élection partielle) et, enfin en 1979 avec l’appui de l’UDF. Il siégea pendant de longues années à la commission des Affaires étrangères. Aux élections législatives de juin 1981, Gabriel Péronnet fut battu par le jeune candidat socialiste Jean-Michel Belorgey . Un mois plus tard, il devenait membre honoraire du Parlement par décision du bureau de l’Assemblée nationale.


Gabriel Péronnet lors d'une cérémonie de remise de médailles du travail aux Etablissements Barthelot à Lapalisse au début des années 1970. De gauche à droite : François Grèze, maire de Lapalisse, Gabriel Péronnet, Antonin Régerat, M. Gravière, M. Buissonière et François Rimoux, PDG des Ets Barthelot (cliché aimablement communiqué par Michel Parillaud).

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Gabriel Péronnet tenta par ailleurs une seule fois de conquérir la mairie de Vichy, lors des élections municipales de mars 1971, mais il fut largement battu par l’équipe sortante du Docteur Lacarin.
L’année 1974, marqua un tournant dans la carrière politique de Gabriel Péronnet. Après avoir soutenu la candidature de Valéry Giscard d’Estaing, le député de l’Allier entra le 8 juin 1974 dans le 1er gouvernement de Jacques Chirac en tant que secrétaire d’Etat chargé de l’Environnement, puis, à partir du mois d’octobre, comme secrétaire d’Etat à la fonction publique. L’expérience ministérielle de Gabriel Péronnet prit fin en août 1976 avec la démission de Jacques Chirac.
Au niveau international, Gabriel Péronnet fut élu en juillet 1977 membre de la sous-commission de l’UNESCO par la commission de la culture et de l’éducation du Conseil de l’Europe, puis, en 1980, vice-président de la commission de la culture et de l’éducation au Conseil de l’Europe, nommé, en 1982, représentant permanent de la Fédération mondiale des villes jumelées auprès de l’UNESCO. Après son élection à la Présidence de la République, François Mitterand le nomma membre de la délégation française à l’Assemblée générale de l’ONU, puis il fut élu Président de l’Association Française des Nations Unies en 1983, année durant laquelle il quitta la vie politique. Lors de ses missions ministérielles ou parlementaires, puis dans le cadre de L’ONU, du Conseil de l’Europe ou de l’UNESCO, Gabriel Péronnet rencontra et travailla avec des grandes figures du Monde contemporain : Richard Nixon, Indira Gandhi, le Maréchal Tito, John Fitzgerald Kennedy ou Golda Meir.
Passionné par la chose publique, véritable élu de terrain (habitué des banquets, concours, fêtes de villages), Gabriel Péronnet (« Gaby » pour ses électeurs) était toujours vêtu avec élégance. En 1978, un chroniqueur en brossait le portrait suivant :
« Radical, Monsieur Péronnet ne l’est pas que par la pensée, il l’est par le geste, dans l’attitude comme dans sa personne. Jusqu’au bout des ongles. Jusqu’au bout de la moustache vigoureuse et bien lissée. Jusque dans le costume, sobre, impeccable et dans l’impulsion de sa voix, modulée et profonde, comme dans la phrase souple, rythmée qui coule avec clarté et facilité, qui rappelle les grands orateurs de la IIIe République. Petit veston, bien calé dans son fauteuil, attentif, il répond à nos questions. On dirait le président Herriot. »
Gabriel Péronnet nous quitta le 13 janvier 1991 des suites d’une longue maladie.

Gabriel Péronnet était Chevalier de la Légion d’Honneur, Officier de l’ordre national du Mérite, commandeur des Palmes académiques, chevalier du mérite agricole, du Mérite social, du Mérite militaire, du Mérite sportif.

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S. HUG

HUGSTEPHANE@aol.com

samedi 16 octobre 2010

Le cahier du soldat Grenier

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Michel Parillaud, originaire de Lapalisse et installé sur l'Ile de la Réunion depuis une dizaine d'années, vient de me communiquer un document tout simplement exceptionnel. Il s'agit d'un cahier d'une centaine de page que son arrière-grand-père Auguste Grenier (1876-1928) a rédigé durant son passage sous les drapeaux. Ce document rarissime contenant plusieurs dizaines de chansons illustrées de dessins coloriés, va combler de bonheur les historiens de l'Armée française et les spécialistes de la Belle Epoque. Grâce à l'aide et à l'aimable autorisation de Michel Parillaud, nous vous présentons quelques unes des plus belles pages de ce cahier où se cotoyent grivoiserie, patriotisme et rêves érotiques des soldats de la Belle Epoque.

Jean-Marie (dit Auguste) Grenier est né à Lapalisse en 1876 dans une famille de cultivateurs. Entre novembre 1897 et septembre 1900, Auguste Grenier effectua son service militaire au 153e Régiment d'Infanterie basé à Toul. Revenu à la vie civile, il regagna Montcombroux-les-Mines où il sétait fixé vers 1895. En 1905, Auguste Grenier épousa Fanny Marais (1885-1967), originaire de Beaulieu (Saint-Prix). En 1910, le couple acheta le domaine des Terriers à Montcombroux où prit place, sur six hectares de prairie, un bel élevage de charolais. Membre du Syndicat agricole de Montcombroux, Auguste Grenier donna libre cours jusqu'à la fin de sa vie à sa passion pour la chasse.
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Auguste Grenier durant son service militaire

- Fany Marais au moment de son mariage avec Auguste Grenier
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Auguste Grenier à la fin de sa vie

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S. HUG


HUGSTEPHANE@aol.com

jeudi 7 octobre 2010

La Besbre dans tous ses états

Par le passé les colères de la Besbre étaient redoutées par ses riverains. Voici quelques uns des épisodes les plus marquants de l'histoire.
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En 1662, le curé Souvignat notait : « Le dimanche 15 août 1662, crue extraordinaire de la Bêbre. Pendant la messe, l’étang de Rosières creva de toutes parts et le peuple fut contraint de demeurer à l’église jusqu’au soir. Il y eut de grands désordres à La Palisse. Dieu nous préserve du pire car il y a deux mois qu’il pleut tant que le peuple ne peut lever les foins, ni les avoines, ni les blés, ni labourer la terre. »
En 1707, le curé de La Palisse-Lubier consigna dans ses registres paroissiaux ce qui fut sans doute l’une des plus importantes crues de la Besbre. « Le trois octobre mil sept cent sept très jours de pluye continuelle, la rivière de Bèbre a tellement débordé que sur la minuit, elle est entrée dans la cure un pied d’hauteur ayant inondé la cour, le jardin et chevenière et est demeurée dans le mesme estat jusqu’à la nuit du quatre au cinq dudit mois qu’elle est augmentée d’environ deux doigts, la pluye ayant continué. Le cinq, elle commence a diminuer, mais si doucement qu’aujourd’huy, huitième, elle couvre encore presque toute la grande prairie ayant esté si haulte icy, ou elle est fort au large, on peut juger de sa hauteur à Lapalisse ou elle estoit encore beaucoup plus reserrée. En effet, elle a esté deux ou trois pieds plus haute qu’on ne l’ait jamais vue, ayant abattu les grands et petits ponts de pierre qui estoient des ouvrages beaux et bien faits, âbimé neuf grandes maisons, endommagé plus de vingt autres dont trois ou quatre sont irréparables. Les Logis de l’Ecu et des Trois Boyau et la grande maison des Moutons ont beaucoup souffert estant faicts des especes de précipices au devant et tous les panes emportés. La perte des particuliers tant de ceux dont les maisons ont esté abîmées qui ont tout perdu que de ceux dont les maisons sont endommagées et les murailles à demy tombées, qui ont perdu la plus grande partie de leurs meubles, va de plus de douze ou quinze mille livres sans parler des dommages des héritages jusque chez Berger, pour ce qui est des ponts et panes. Il faudra peut estre cent mille livres pour les reparer, ayant oui dire à des anciens qu’il avait esté bâti du tems de louis treze et avoit cousté quatre vingt mille livres, dans un tems ou les choses coustaient beaucoup moins que presantement. L’eau a esté jusque dans la cour de l’église des Dames relligieuses, un demy pied d’hauteur. Dieu console les affligés et toute cette paroisse. Fait le huit octobre mil sept cent sept. Rigollet curé.
En 1846, on lisait dans la Semaine de Cusset et de Vichy du 24 octobre : « La Besbre dont le cours orageux a déjà fait tant de mal, est arrivée furieuse sur Lapalisse après avoir brisé les écluses des divers moulins élevés sur les rives. En amont du pont, les faubouriens firent entendre des cris de désespoir. Retirés dans leurs greniers avec ce qu’ils avaient de plus précieux, ils ne durent leur salut qu’au zèle déployé par M. Desgayet, délégué de M. le Sous-Préfet en congé. » En 1866, le Courrier de l’Allier du 29 septembre : «Dans la nuit du 24 au 25, la crue a dépassé de 50 cm celle du mois d’octobre 1846. Les eaux ont pénétré jusque dans les appartements du cercle. Le faubourg et presque tous les quartiers de l’hôpital ont été submergés à onze heures du soir. Une maison s’est écroulée sur la route du Breuil et une partie de la terrasse de la maison de M. Ducroux, qui saillit sur la Besbre, a été emportée par le courant, ainsi que les murs de clôture des jardins avoisinant la rivière. »
Fin janvier 1891, la fonte des neiges est particulièrement difficile cette année-là. Une crue emporta des passerelles et des écluses et la situation fut extrêmement critique au niveau du pont de Lapalisse où d’énormes blocs de glace, bloqués sous les arches, menaçaient la solidité de l’ouvrage. On parla même un instant de faire venir des soldats pour libérer le pont. Le 30 janvier, les blocs de glace finirent par fondre sous l’action du redoux.
Dans l’édition du Courrier de l’Allier du 2 avril 1902, on relève : « la Besbre a vu son niveau s’accroître considérablement à la suite des pluies torrentielles de la journée de dimanche et de la matinée de lundi. A Lapalisse, dans les quartiers bas, il y avait un mètre d’eau dans les maisons, sur la place de la République, les chevaux avaient de l’eau jusqu’au poitrail, on a eu mille difficultés pour ravitailler les inondés. Un habitant de la Prairie appelé Jarry, qui a refusé les secours qu’on lui portait, est actuellement prisonnier dans sa maison où l’eau atteint deux mètres de hauteur. C’est la première fois que la Besbre subit une crue aussi importante. Depuis cinq jours, la moitié de la ville est sous l’eau. Des caves sont inondées. Les eaux ont envahi l’usine à gaz et depuis trois jours, la ville est plongée dans la plus profonde obscurité. Il y a un mètre et demi d’eau dans le logement du directeur de l’usine, M. Ferracci. Bref, la vie normale est complètement arrêtée dans la partie basse de la ville. »
Hiver 54, alors que le gel terrible qui sévit cette année-là fait éclater plusieurs canalisations dans la ville, Raymond Bécaud, le « maire de la Libération », traverse la Besbre gelée avec sa jeep.
Fin décembre 1968, une semaine de précipitations soutenues finirent par faire sortir la Besbre de son lit. Le soir du 24 décembre, il y a un mètre d’eau dans le café Barnabé, rue du marché.
Plus proche de nous, la route menant de Lubillet au Moulin Marin, servant de cote d’alerte à beaucoup de Lapalissois, fut totalement coupée en mai 1985, en mars 1988, en juin 1990 et en juin 1998 par autant de crues de la Besbre.
S. HUG