mardi 24 mai 2016

Histoire de l'Union musicale de Lapalisse (première partie)

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LUnion Musicale est au même titre que l’AAL ou que le marché du jeudi, une véritable institution lapalissoise. Jusque dans les années 1980, cette fanfare fut d’ailleurs, à l’âge des apprentissages, l’un des passages obligés pour bon nombre de jeunes lapalissois et lapalissoises. Le regretté Georges Romaillat parla dans son recueil de nouvelles La Grande Ecole de la trilogie Pêche-Fanfare-Football qui avait structuré son enfance et son adolescence. Retour sur l’histoire de la doyenne des sociétés lapalissoises.


L'Union Musicale vers 1910


La batterie-fanfare des Enfants de La Palisse fut créée en 1858 autour du cafetier Huguet Grenet qui en prit la direction et de l’instituteur Tantôt qui en devint le premier Président. En 1862, Les Enfants de La Palisse remportèrent leur première médaille au concours de Rive-de-Gier et une seconde en 1863 à celui de Mâcon. En 1866, la fanfare se dota de statuts, devenant de la sorte société musicale, sous l’impulsion du Marquis de Chabannes. Les Enfants de La Palisse brillèrent alors aux concours de Clermont-Ferrand (1874) et de Nevers (1883). Devenue Union Musicale en 1894, la fanfare lapalissoise gagna en renommée sous la direction successive des Chefs Delorme, Jolibois, Couleuvrier, Degrolard, Mazzia , Jeandel et Lucien Liard. De nouvelles récompenses furent obtenues aux concours de Moulins (1896), Lyon (1899) et de Genève (1907).



L'école de Musique vers 1910. A gauche, Lucien Liard, à droite, Louis Benatan.

Donnés dans la salle des fêtes de la Mairie, les concerts de l'Union Musicale étaient autant de rendez-vous incontournables dans la vie de la petite sous-préfecture.



A suivre...
S. HUG

HUGSTEPHANE@aol.com

samedi 7 mai 2016

Auguste Coche, ou l'ardeur du combat républicain


COCHE Auguste

(Jouet-sur-l'Aubois - Cher - 1869 - Lapalisse 1941)
Maire de Lapalisse de 1919 à 1935
Président du Conseil d'arrondissement de Lapalisse de 1922 à 1941
Conseiller municipal de 1907 à 1941
Chevalier de la Légion d'Honneur (1930) - Officier d'Académie (1911) - Officier de l'Instruction Publique (1922)

Platrier-peintre, Avenue de la Gare

Homme affable, dégageant une incontestable générosité et une bonhomie naturelle, Auguste Coche était capable de se transformer sur la scène politique en un redouble lutteur, défendant bec et ongles ce qu'il estimait juste. Héritier idéologique des grands républicains bourbonnais des années 1840-1880, il incarna, parfois jusqu'à la caricature, un radicalisme de combat qui finit par lasser une partie de ses administrés.
Fils naturel d'une servante, Auguste Coche fut rapidement orphelin et placé à l'Assistance Publique. Ses années de jeunesse sont de ce fait difficiles à reconstituer. Peu après son mariage célébré à Vichy en 1896 avec Mlle Pinlong, Auguste Coche s'installa à son compte à Lapalisse comme plâtrier-peintre. Ce fut en octobre 1907, à la faveur de la victoire des radicaux menés par le Docteur Baudon qu'Auguste Coche devint conseiller municipal. En 1908, Auguste Coche prit une part active à la création d'une société de secours mutuels, Les Travailleurs réunis, au recrutement plus populaires que La Prévoyante. Réélu en 1908, il fut désigné adjoint au début de son troisième mandat, en 1912. En novembre 1919, alors que le Docteur Baudon choisissait de ne pas se représenter au renouvellement de ses mandats de maire et de député, Auguste Coche prit la tête de la liste radicale compos
ée pour moitié de conseillers sortants et pour moitié d'hommes neufs. Le 30 novembre 1919, Auguste Coche était élu pour la première fois maire de Lapalisse et conseiller d'arrondissement.
Le premier dossier qu'il eut à gérer, fut l'achèvement de la construction du nouvel Hôpital de la ville, sur le site de Bellevue. Auguste Coche, devenu en 1922, Président du Conseil d'arrondissement, n'eut de cesse d'encourager et de soutenir le processus d'électrification de tous les quartiers de sa ville et des campagnes du canton. Réélu sans aucun souci en 1925, puis moins largement en 1929, le maire de Lapalisse se fit surtout remarquer pour son audacieuse politique sociale. Cependant, à la multiplication des aides et des distributions ne pouvaient invariablement répondre que des choix budgétaires drastiques. Auguste Coche décida donc de diminuer, voire purement et simplement de supprimer, les subventions accordées à des sociétés locales dirigées par des notables conservateurs. L'exemple le plus criant de cette politique budgétaire fut le conflit qui naquit en 1926 entre le Comité directeur de la société musicale des Enfants de Lapalisse et la municipalité "cochienne". Du jour au lendemain, les subventions furent annulées et la salle de répétition, située dans l'ancien hospice de la Place du Marché, fermée. Après quelques mois de conflit, la société put renaître sous le nom d'Union Musicale grâce à l'action énergique de Gilbert Barthelot.
Soutenant également les associations pacifistes et antifascistes de tout l'arrondissement, Auguste Coche
présida, le 1er juillet 1934, une grande manifestation qui se tint, juste en face de sa Mairie, Place du 14-Juillet, au pied du monument érigé en l'honneur des Victimes du Coup d'Etat du 2 décembre 1851. Au fil du temps, le radicalisme écarlate d'Auguste Coche finit par lasser une partie de ses administrés. Ce fut parmi les rangs des deux associations d'Anciens Combattants de la ville que se structura l'opposition la plus vive et la plus sérieuse au maire de Lapalisse. Déjà en 1929, à quelques jours des élections municipales, les Anciens Combattants avaient constitué à la hâte une liste qui réussit tout de même à envoyer trois conseillers à la Mairie. Auguste Coche reconnut à l'époque que quelques jours de campagnes supplémentaires et le résultat des isoloirs aurait pu être différent. La campagne pour les élections municipales de 1935 se déroula dans un climat exécrable, marquée par des affichages sauvages et anonymes particulièrement calomnieux. Le camp "cochien" se présenta affaibli : si Auguste Coche était encore entouré de ses deux adjoints sortants, Pierre Chervin, instituteur à la retraite et Auguste Charles, horloger, en revanche, M. Lafayette, ancien menuisier et M. Carque, ancien commerçant, deux piliers de la vie communale depuis de longues années, venaient de décéder. Par ailleurs, trois autres conseillers sortants, MM. Cote, Dumet et Charasse décidèrent de ne pas se représenter. Pire encore, à quelques jours des élections, MM. Béal et Raboutot décidèrent de quitter l'équipe municipale pour s'inscrire sur la liste d'Action communale. Au soir du second tour, la liste principalement composée d'Anciens Combattants obtenait 11 sièges, celle d'Auguste Coche, 10 sièges : une petite révolution venait de se produire mais tout restait encore possible. La première réunion du nouveau Conseil municipal, durant laquelle on allait procéder à l'élection et à l'installation du nouveau maire s'annonçait déterminante et prenait l'aspect d'un troisième et ultime tour de scrutin.
Cette réunion eut lieu le 17 mai 1935, dans une atmosphère électrique et devant une assistance très nombreuse. Au premier tour de scrutin, le candidat de la liste d'Action communale, Charles Rousset, commerçant de 39 ans, obtint 10 voix à égalité avec Auguste Coche. Le sort de la municipalité était donc entre les mains du seul conseiller à avoir déposé un bulletin blanc dans l'urne. Au second tour, le coup de théâtre tant attendu se passa : Charles Rousset obtint 11 voix, Auguste Coche 10 voix. Le vieux lutteur politique se retrouvait donc dans l'opposition municipale après avoir administré la ville pendant seize années.

Dès le lendemain de l'élection de Charles Rousset à la mairie, le but avoué d'Auguste Coche fut de reconquérir son siège de Maire. Ce fut surtout durant l'année 1937 que l'offensive "cochienne" fut la plus rude. Par quatre fois, en janvier, mai, juillet et août, Auguste Coche, suivi par sept de ses colistiers, démissionna et se représenta dans la foulée. Par quatre fois, ils furent réélus faute d'adversaires. Le but de ces manoeuvres politiques était de provoquer des élections générales et ainsi de pouvoir espérer faire chuter le maire de Lapalisse. Mais la majorité de Charles Rousset tint bon et, avec le temps, l'agitation politique retomba peu à peu. Néanmoins, Auguste Coche demeura jusqu'au bout un opposant ardent, et personnel, du premier magistrat de la ville. En avril 1941, dans le cadre des lois assurant la sûreté de l'Etat Français, le Préfet de l'Allier démit de leurs fonctions l'ensemble des conseillers radicaux siégeant à la Mairie. Auguste Coche, souffrant, fut très affecté par cette décision. Quelques jours plus tard, le 16 avril 1941, le vieux lutteur politique rendait son dernier soupir.

S. HUG

HUGSTEPHANE@aol.com