dimanche 28 décembre 2008

Petit catéchisme lapalissois à l'usage de tout un chacun

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Me voici au pied d'un Everest : comment cerner la personnalité de la ville de ma jeunesse ?


En portant exclusivement un regard d'historien, je risque de tout ramener au passé et ainsi de parler à satiété, comme d'autres l'on fait avant moi, du deuil de la sous-préfecture perdue en 1941 alors que nous avons tous appris à vivre sans. De même, l'oeil du sociologue ne fera pas ici nécessairement mouche dans le sens où la froideur de son analyse risque de passer à côté du sel de la vie. Je préfère donc m'engager sur une voie plus intimiste, parler simplement de choses observées et ressenties depuis bien des années.
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Parlons tout d'abord de l'identité lapalissoise. Il flotte dans l'air de Lapalisse un indéniable parfum de ruralité qui, depuis une dizaine d'années, est devenue une chance grâce au développement du tourisme vert. Cette ruralité a longtemps crotté nos pieds (dans les couloirs du lycée vichyssois de Presles, toutes classes sociales confondues, les jeunes Lapalissois de ma génération affichaient, souvent bien malgré eux, une certaine forme d'appartenance au monde des campagnes en léger décalage avec nos copains vichyssois tournés vers la Capitale).
La position marginale de Lapalisse par rapport au centre de gravité bourbonnais (les axes Moulins-Vichy et Moulins-Saint-Pourçain-Gannat : une sorte de patte d'oie posée au coeur du département) a toujours handicapé les élites économiques et politiques de notre ville qui ont dû surmonter cet obstacle en se taillant de puissants réseaux de relations (Gilbert Barthelot, Lucien Colon, Bernard Le Provost, Gilbert de Chabannes et à un degré moindre... le Docteur Grèze).
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Si l'on descend dans l'échelle de perception, cette ruralité, beaucoup de Lapalissois l'écartent à l'occasion de la main en faisant notamment sentir aux habitants des communes voisines qu'ici c'est la ville, même si l'archétype de la ville, pour le vrai Lapalissois, demeure Vichy. La cité thermale exerce en effet un véritable tropisme sur la cité des Vérités, pouvoir que Moulins, la préfecture, ne possède aucunement. En outre, la ruralité lapalissoise possède sa grand'messe : le marché du jeudi matin fréquenté par tous les Lapalissois de souche.
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L'année 2008 fut marquée par deux événements locaux remarquables en termes identitaires : en mars, l'élection de Jacques de Chabannes en tant que maire et conseiller général du canton et en octobre, le second grand embouteillage de Lapalisse sur la défunte Nationale 7. En guise de conclusion à l'ouvrage Mille ans d'histoire au pied du château, écrit il y a sept ou huit ans, j'avais cherché à explorer l'identité lapalissoise : les images véhiculées à la fois par le château de La Palice et la Nationale 7 m'étaient alors apparues comme autant de représentations sociales déterminantes pour cerner cette ville.
L'écrasante victoire de la liste de Jacques de Chabannes, propriétaire du château de La Palice, aux élections municipales de mars dernier participe pleinement à ce phénomène d'identification de la ville autour de son monument le plus célèbre. Voici en effet un homme, jusqu'alors relativement méconnu des Lapalissois, à l'engagement associatif local encore neuf et au programme plutôt timide, qui réussit à battre à plates coutures une équipe sortante (ou presque) qui commit l'erreur magistrale de ne pas partir à la conquête des voix des électeurs. Si Jacques de Chabannes et son équipe surent capitaliser une certaine lassitude de la population par rapport à la posture municipale antérieure, il incarna aussi, et peut-être surtout, le visage de Lapalisse au moment de mettre le bulletin dans l'urne.
Mais revenons au château de La Palice qui constitue à la fois une chance et un handicap pour notre ville. Inutile de revenir sur le rayonnement de l'édifice au niveau régional et même national, mais il est cependant intéressant de noter que les Lapalissois ont souvent peiné à inventer une vie autour de ce château dont les retombées touristiques apparaissent comme un dû qu'il suffit de percevoir sans faire l'effort d'accueillir les touristes. Un problème d'ouverture sur lequel il faudra revenir.
Le second embouteillage de Lapalisse organisé en octobre dernier révèle la seconde grande composante de l'identité lapalissoise : l'attachement de la population à la Route bleue qui d'ailleurs, administrativement, n'existe plus et qui de toute façon ne passe plus dans notre ville depuis deux ans. Les sentiments vis-à-vis de cette route mythique, celle des vacances et de la Côte d'Azur, sont extrêmement complexes. Après avoir réclamé à corps et à cris pendant des années la déviation du tracé de la Nationale (effroyablement accidentogène) et le contournement de leur ville, voici que les Lapalissois se mettent à l'idéaliser et la fêter : une posture qui déconcerte certains cercles moulinois et vichyssois... Il y a derrière cela un je ne sais quoi du syndrome de Stockholm qui personnellement me met mal à l'aise.
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Comment défininir maintenant la mentalité lapalissoise ? Je serais tenté de dire que Lapalisse est un confetti de la France médiane, une parcelle de cette France "ni trop, ni trop peu" qui n'intéresse qu'accesssoirement la presse parisienne car elle ne développe ou ne cultive aucune forme d'extrêmisme ou de particularisme. Lapalisse, c'est la France du Petit rapporteur de Jacques Martin et celle des enquêtes de Jules Maigret où le petit commerçant et l'instituteur ont gardé de l'importance. Lapalisse appartient encore un peu à cette France des notables qui n'en finit pas de découvrir les classes moyennes, à cette France qui achète religieusement chaque matin le quotidien régional. La Cité des Vérités n'est ni une ville de droite, ni une ville de gauche, ce serait plutôt une ville appartenant à un centre variable (épidermique parfois) dont on cherche, et on cherchera encore longtemps, le nom. On y est encore catho, surtout à l'époque des communions, on y est plus foot que rugby, on y aime le dynamisme discret (malheureusement l'innovation y est faible) et on finit toujours par se lasser de l'immobilisme. L'accueil y est souvent froid (mes cousins de la montagne - bourbonnaise - disaient d'ailleurs souvent que les gens de la plaine regardent trop derrière leurs rideaux), mais si l'étranger (ici, l'altérité débute au-delà de Saint-Prix) sait se montrer prudent et patient, il finit toujours par être accepté.
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S. HUG

mercredi 17 décembre 2008

Pierre Gonard : de la mairie de Bert au Palais du Luxembourg

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Bertois de toujours, Pierre Gonard naquit en 1909 dans une famille de dix enfants. Après avoir fréquenté l'école communale, puis l'école primaire supérieure de Vichy, Pierre Gonard s'installa à Bert comme artisan menuisier. Homme de gauche, il fut élu maire de sa commune en mai 1945 et le demeura jusqu'à sa mort en 1989. En 1949, il fut élu conseiller général du canton de Jaligny-sur-Besbre, fonction qu'il occupa pendant quarante ans en étant réélu à six reprises (1955, 1961, 1967, 1973, 1979 et 1985). Suppléant de Roger Besson, maire de Billy, aux sénatoriales de 1962, il succèda à celui-ci après son décès le 24 novembre 1970.
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Pierre Gonard à l'apogée de sa carrière politique (1970-1971)
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Pierre Gonard ne siégea au Palais du Luxembourg (groupe socialiste - commission des affaires culturelles) qu'une année , puisqu'en septembre 1971 le tandem socialiste Rougeron-Gonard fut battu par Jean Cluzel et Jean Nègre.



Pierre Gonard au soir de sa vie

Pierre Gonard demeura jusqu'à la fin de sa vie une personnalité forte de l'est bourbonnais.

S. HUG

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samedi 13 décembre 2008

1955 : création du Tennis Club de Lapalisse

Le tout premier court de tennis lapalissois dans les années 1960
En mars 1953, la pétition lancée par Henri Séchaud (coiffeur), Abel Chervier (patron de l'huilerie de Lapalisse) et M. Vadon (contremaître de l'usine Barthelot) réclamant la création d'un club de tennis lapalissois fut bien plus qu'une simple déclaration d'intention, elle marqua la première avancée de la société des loisirs dans notre ville. Si l'association ne fut reconnue en préfecture que deux années plus tard et installa à sa présidence le vétérinaire Louis Francpourmoi, le premier court de tennis ne fut inauguré que le 7 juillet 1962 tout contre le terrain de football municipal. A cette époque, il existait moins de dix clubs dans le département. Le club, fort d'une quarantaine de licenciés dont une quinzaine de licences féminines, avait choisi comme siège social le Café des Négociants, place de l'Industrie, plus communèment appelé le "café Duperroux". En mars 1971, Georges Fouquet, également vétérinaire, remplaça Louis Francpourmoi à la présidence du club. En 1976, un second court fut inauguré à deux pas du premier, deux autres courts construits à côté de la piscine municipale complétèrent en 1992 l'équipement du club lapalissois. En 1995, Georges Fouquet fut remplacé à la présidence du club par Jean-François Baillon qui porta un club-house sur les fonts baptismaux en 2000.
Remerciements à M. Jean-François Baillon, président du Tennis Club de Lapalisse pour son aide documentaire.

S. HUG

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dimanche 26 octobre 2008

Le moulin de Montciant (Le Breuil)

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Dans l'ancienne France, les moulins tenaient une place essentielle dans la vie des villages. Le moulin était en effet très souvent la seule "usine" du monde rural derrière les murs de laquelle, grâce à une alchimie qui ne cessait de frapper l'esprit de nos aïeuls, le grain se transformait en farine avant de fournir le pain quotidien. Les passages chez le meunier ponctuaient donc l'année-récolte et donnaient lieu à de nombreuses réjouissances : on y buvait et on y dansait afin de conjurer la fragilité de la vie.

L'histoire du Moulin de Montciant, situé sur la commune du Breuil, illustre à merveille toute l'évolution de la meunerie rurale bourbonnaise, de la force de l'eau à l'insertion dans le tourisme vert.





Le moulin de Montciant, établi sur le cours du Barbenan, s'élève à la croisée de vieux chemins menant au Breuil, à Châtelus, à Droiturier et à Arfeuilles. Si une partie des bâtiments datent du XVIIIe siècle, le moulin, tel que nous le connaissons aujourd'hui, remonte à 1825. En 1880, André Blache, grainetier à Arfeuilles (mais originaire de la Drôme) acheta le moulin qui fonctionnait jusqu'alors avec deux roues en bois et l'équipa d'une machine à vapeur pour pallier le manque d'eau lors des périodes d'étiage ou de gel. En 1921, Louis Beluze, qui avait épousé la fille du meunier, reprit l'affaire familiale. Il installa des roues à augets métalliques, puis, remplaça en 1931 la machine à vapeur (dont la cheminée se dresse encore à l'arrière du bâtiment) par un moteur électrique, toujours visible dans le moulin.



Les roues à augets




En 1950, les meules en pierre furent remplacées par
des appareils à cylindres entraînés par des courroies


A l'époque, Louis Beluze travaillait avec deux ou trois employés et son activité rayonnait jusque dans les départements de la Loire et du Rhône. Montciant était alors un lieu fréquenté : un bistrot trônait en face au moulin et quelques bals étaient organisés chaque année sous les marronniers.




Louis Beluze (1889-1962), meunier de Montciant, conseiller municipal du Breuil de 1928 à 1937, maire de la commune de 1937 à 1944.


En 1956, André Beluze prit les rênes du moulin, secondé par sa femme, Solange. L'affaire prospéra jusqu'au milieu des années 1970 où la concurrence des grandes unités minotières devint de plus en plus dure. André et Solange Beluze cessèrent leur activité le 31 décembre 1987, le contingentement du moulin fut alors vendu à Serge Caffière, propriétaire du moulin de Lapalisse. Quatre ans plus tard, lors d'une journée portes ouvertes, naquit l'idée de créer un musée de la meunerie qui vit finalement le jour en 1992.




Solange et André Beluze, les derniers meuniers de Montciant

(cliché de 1990)

S. HUG


Remerciements à Madame Josette Videt, fille des derniers meuniers de Montciant, animatrice du Musée de la Meunerie.


Tous droits réservés au Musée de la Meunerie de Montciant.


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jeudi 9 octobre 2008

La maroquinerie Barthelot

La mémoire industrielle de notre ville se confond avec l'histoire de la maroquinerie Barthelot qui fonctionna de 1920 à 1991. Tout débuta lors de la première guerre mondiale lorsque l'Armée demanda à un sellier-bourrelier de la rue Nationale, Gilbert Barthelot (1880-1968) de réaliser des articles en cuir destinés aux Poilus. Les commandes devenant de plus en plus importantes, notre bourrelier décida d'ouvrir un premier atelier, toujours rue Nationale (juste en face de l'ancien hôtel-restaurant du Midi), qui employa vite une quarantaine de personnes, principalement des femmes et des adolescents. L'armistice venue, Gilbert Barthelot réorienta rapidement ses productions vers la bagagerie haute de gamme. En 1920, une première tranche d'ateliers flambant neufs sortit de terre à Montplaisir, complétés durant la décennie par deux autres tranches (l'actuel Musée d'Art Brut). Passionné par le travail bien fait, notre entrepreneur forma lui-même ses premiers employés, assisté par ses deux premiers contre-maîtres, MM. Rondepierre et Régerat.
Gilbert Barthelot, entrepreneur, grand promoteur de l'industrialisation de la maroquinerie française et maire de Lapalisse de 1953 à 1959
En 1927, Gilbert Barthelot transforma son affaire, qui employait alors une soixantaine de personnes, en une Société Anonyme, élargissant au passage son capital en faisant appel à quelques investisseurs locaux. A cette époque, la vitalité de l'entreprise passait déjà par la conquête du marché parisien. Aussi, une fois par semaine, Gilbert Barthelot montait à la Capitale où il avait ouvert un hall d'exposition, rue Vaugirard. En outre, un représentant travaillant exclusivement pour la maroquinerie lapalissoise, rayonnait sur toute l'Ile-de-France.

Pendant de longues années, les Etablissements Barthelot firent la renommée du savoir-faire lapalissois


En 1936, les conditions d'applications des Accords de Matignon provoquèrent la seule et unique grève de l'histoire de notre maroquinerie. L'usine bloquée durant tout le mois de juillet, fut finalement fermée début août. Après de multiples tables rondes, Gilbert Barthelot finit par accepter les conquêtes salariales du printemps. Cette grève blessa l'entrepreneur au plus profond de lui-même. En effet, toute sa vie, Gilbert Barthelot considéra ses employés comme formant une grande famille, unie autour de lui. Il sut ainsi mettre en oeuvre un paternalisme bon teint : arbres de Noël, banquets et remises de médailles du travail, excursions en car dès les années 1950, création de jardins ouvriers tout contre les murs de ses ateliers...
Plan de l'usine Barthelot dans les années 1950
Vue de la "Coupe" dans les années 1930
Vue du grand atelier dans les années 1930
Sortie de l'usine dans les années 1930
Gilbert Barthelot dirigea son usine jusqu'en 1965, date à laquelle il passa le flambeau à son neveu, Jean Rimoux. Au milieu des années 1970, les Etablissements Barthelot (employant alors quatre-vingts personnes) furent rachetés par la tannerie Sueur, basée à Angers. Cette société introduisit dans les ateliers lapalissois une nouvelle matière plus technique que le cuir : la toile synthétique tissée très appréciée par les créateurs de mode de l'époque (Lanvin, Cardin, Esterelle, Dior...) désireux de se repositionner sur le marché de la maroquinerie de luxe.
Fortement concurrencés par les productions italiennes et les ateliers asiatiques, les Etablissements Barthelot déclinèrent à partir du début des années 1980. L'entreprise finit par déposer son bilan en février 1990, mettant en péril la soixantaine d'emplois restants. Quelques semaines plus tard, la société ARCO de Châtellerault racheta les ateliers mais ne conserva qu'une petite trentaine d'ouvriers. L'usine ferma définitivement ses portes le 31 décembre 1991.


S. HUG

lundi 22 septembre 2008

Le marquisat de La Palisse au XVIIIe siècle

Le marquisat de La Palisse fut érigé par Lettres royales en 1725 grâce à l'action et à l'influence de Gilles Brunet d'Evry (1683-1762), intendant de la Généralité de Moulins (1723-1729) qui avait acquis la seigneurie de La Palice dix ans plutôt. A l'origine, le marquisat de La Palisse rassemblait "la terre, justice et seigneurie de La Palisse, avec la réunion et incorporation à la dite terre de La Palisse des terres et justices de Montmorillon, Saint-Clément, La Presle, les Bouchaines et Saint-Prix, ainsi que les coseigneuries qui appartiennent audit sieur d'Evry dans les paroisses d'Ande, Bussoles, Loddes, Varennes-sur-Têche et Droiturier" (Archives départementales de l'Allier E 203)

Assailli par ses créanciers, Gilles Brunet d'Evry ne garda pas longtemps son marquisat puisqu'il le céda en 1731 (diminué toutefois des terres de Montmorillon, des Bouchaines, Saint-Clément et de La Presle qu'il préféra garder) à François-Antoine de Chabannes-Pionsat (1686-1754), descendant des sires de Chabannes qui avaient déjà possédé La Palice au XVe-XVIe siècles. Le marquisat de La Palisse passa ensuite par deux fois de l'oncle au neveu : de François-Antoine à Jean-Baptiste de Chabannes-Pionsat (1717-1782), puis de Jean-Baptiste à Jean-Frédéric de Chabannes-Curton (1762-1836) quatrième et dernier marquis de La Palisse.



Comment définir une seigneurie sous l'Ancien Régime (XVIe-XVIIIe siècles) ? Il s'agissait d'une construction territoriale plus ou moins vaste et plus ou moins complexe qui était loin de former un bloc homogène. Une seigneurie ressemblait en fait à une sorte de constellation de terres, de droits divers (les banalités notamment) et de justices. Le véritable seigneur était celui qui exerçait réellement son droit de justice dans des petits tribunaux de proximité, contrairement aux hobereaux de villages qui, en théorie étaient également seigneurs, mais n'avaient quasiment jamais l'occasion de jouir de leur statut de justicier. Il existait en moyenne deux à trois seigneuries par paroisse et seule une sur dix disposait d'un organe de justice permanent, peuplé de spécialistes du droit (les baillis, greffiers et procureurs fiscaux). Contrairement à la seigneurie médiévale, la seigneurie d'Ancien Régime était vidée de sa substance militaire (la fin de la chevalerie se situant au cours du XVe siècle). Les seigneurs continuaient cependant à percevoir des redevances, plutôt minimes, sur leurs sujets, notons au passage que le servage médiéval avait quasiment disparu au tournant des XVe-XVIe siècles. Retenons enfin que les seigneuries furent abolies durant l'été 1789, au lendemain de la fameuse Nuit du 4 août. Avec 22 000 livres de revenus à la fin du XVIIIe siècle, le marquisat de La Palisse était l'une des constructions seigneuriales les plus importantes du Bourbonnais.




Pour administrer les constructions seigneuriales de grande taille, les seigneurs employaient un groupe plus ou moins large d'agents seigneuriaux. Dans le cas du marquisat de La Palisse (schéma 1) , il s'agissait de sept agents (un bailli = juge et chef de l'administration seigneuriale, un greffier, un receveur, un procureur fiscal = avocat général du seigneur et trois sergents/gardes bois et chasse). Ces agents, souvent notaires de profession, étaient basés à La Palisse même, au pied du château (schéma 3) où se trouvait l'auditoire (salle de justice), la prison (dans une des vieilles ailes du château) ainsi que les lieux de perception des différentes banalités (droits d'usage obligatoires = péage, boucherie, moulin).

Entre 1724 et 1790 (débute de la liquidation des biens de la seigneurie de La Palisse), quatre baillis se succèdèrent à la tête de l'administration du marquisat de La Palisse : Edme de La Poix de Fréminville de 1725 à 1765, François Fauvre de 1765 à 1779, Jean-Baptiste de La Poix de Fréminville de 1779 à 1786 et enfin Christophe La Poix de Fréminville de 1786 à 1790 (futur maire de La Palisse de 1804 à 1808).


S. HUG


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lundi 8 septembre 2008

Charles Jeannot, instituteur et photographe, 54 ans de vie lapalissoise

Enfance à Boucé

Charles Jeannot naquit à Boucé le 4 février 1868, cinquième enfant d'une fratrie de huit. Son père, originaire de Haute-Saône, était fils de paysans illettrés. Il était arrivé à Boucé en 1857 pour y exercer les fonctions d'instituteur public et y épousa en 1860 la fille du maire, issue d'une ancienne famille de métayers bourbonnais. De leurs huit enfants, deux filles décédèrent en bas âge. En 1875, l'aîné, enfant très doué, interne au pensionnat Saint-Gilles de Moulins et se destinant à la prêtrise, mourut à quatorze ans de maladie : ce fut un drame familial qui marqua fortement Charles alors âgé de sept ans.
Elève dans la classe de son père, Charles passa toute son enfance dans le village de Boucé. Poète à ses heures, il confia dans des vers de jeunesse, ses joies et ses peines, l'amour de son pays et celui de la femme de sa vie. Adulte, il ne prendra plus la plume que pour célébrer les grands évènements familiaux, mariages et baptêmes.
Suivant les traces de son père, il choisit le métier d'instituteur. Le 10 août 1886, il fut reçu au "Brevet de capacité pour l'enseignement primaire" délivré par l'Académie de Clermont.


Instituteur à Chapeau

Instituteur adjoint à Chapeau, il fut autorisé le 20 août 1890 par l'inspecteur de l'Allier "à ouvrir une école privée de garçons". Il succéda ainsi à Monsieur Chautard comme instituteur titulaire de l'école libre où il restera jusqu'en 1905. Durant toute cette période, son traitement s'éleva à 100 francs par mois. Il exerça également les fonctions de secrétaire de mairie pour une somme de 125 francs par trimestre et compléta ses revenus par des travaux ponctuels comme des expéditions d'actes, le recensement de population de 1896, des arpentages, de la comptabilité...
Le 29 août 1891, il épousa Anne Michalet, une cousine, née en 1870 à Boucé comme lui et qu'il connaissait depuis l'enfance. Modiste, elle continua à exercer à Chapeau après son mariage et, certains mois, il lui arrivait même de gagner plus que son mari. Ils eurent ensemble trois fils nés à Chapeau.



Charles Jeannot en famille en 1904

Instituteur à Lapalisse

Le 12 août 1905, l'inspecteur de l'Académie de Clermont l'autorisa à ouvrir à Lapalisse une "école primaire élémentaire privée laïque spéciale aux garçons". En octobre 1905, Charles Jeannot prit donc la direction de l'école libre de garçons située route de Bert, ancien pensionnat tenu par des frères maristes et fermé en 1904. Ses débuts, dans le contexte de la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat, furent, de son propre aveu, quelque peu difficiles (son salaire mensuel de 125 francs ne changea pas de 1905 à sa retraite en 1917).





Charles Jeannot et sa classe à Lapalisse en 1907, enbas, l'école libre de garçons de Lapalisse au début du XXe siècle







De même qu'il avait suivi l'enseignement de son père, ses trois fils furent élèves dans sa classe. L'aîné exercera la profession d'architecte ; le deuxième sera, la même année, diplômé de la faculté de pharmacie de Lyon et licencié ès sciences ; le troisième, enfin, fera des études d'ingénieur.

La photographie

Très tôt, Charles Jeannot s'intéressa à la photographie : famille, amis, voisins, scènes de ville et de campagne. La première trace d'une vente de photographie remonte en 1895 à Chapeau. Cette passion prit une importance plus utilitaire à l'époque où il fallut financer les études de ses enfants qui, pour ce faire, ont dû quitter le foyer familial, et ce d'autant plus que sa femme n'avait pas continué son activité de modiste à Lapalisse. La retraite venue, il s'installa comme photographe dans la maison qu'il avait achetée en 1920, rue du Commerce, devenue rue de la Fraternité, au numéro 3. Tandis qu’une enseigne fut mise au-dessus du portail d'entrée, les fenêtres du salon firent office de vitrine d'exposition. A plus de quatre-vingts ans, Charles Jeannot exerçait encore. Certains de ses clichés de la ville de Lapalisse ont été édités en cartes postales par l'imprimeur Chabert. Une de ses photographies, représentant une scène rare de défrichement, est d'ailleurs exposée au musée rural de Montaigu-le-Blin.



La demeure de Charles Jeannot à l'angle des rues du Commerce et de la Fraternité.
Les deux fenêtres à droite, en bas au rez-de-chaussée, servaient de vitrine.


La vie publique et associative

Homme simple et modeste, économe, fervent catholique, il resta toute sa vie profondément attaché aux valeurs de son enfance.
En juillet 1912, une vive polémique, par presse interposée, l'opposa à Auguste Coche, adjoint au maire de Lapalisse, radical-socialiste, à propos de la dégradation du monument aux victimes du coup d'Etat du 2 décembre 1851 qui remplaça une croix de mission édifiée en 1856 sur le champ de foire et déposée en février 1909 par la municipalité.
Sur l'initiative de Jean-Baptiste Ravidat, nouveau directeur de l'école libre de garçons, il participa à la fondation de l'Amicale des anciens élèves, "l'Amicale Saint-Joseph", dont la première assemblée générale eut lieu le 30 octobre 1927. Il en fut le président du bureau jusqu'à sa démission en 1930 en raison du décès de l'un de ses fils.





Charles Jeannot en 1948



En août 1951, la célébration de ses noces de diamant fit l'objet d'un court article paru dans la presse locale.
Veuf depuis 1956, Charles Jeannot mourut à 91 ans le 10 novembre 1959 à Lapalisse où il fut enterré.

Florence TRIPETZKY (c)

Arrière-petite-fille de Charles Jeannot, historienne de formation et passionnée de généalogie.

Tous droits d'utilisation et de reproduction réservés pour le texte et les photographies.


email de l'auteur : ft.genea@laposte.net

dimanche 7 septembre 2008

Le canard à la Duchambais

Si cette recette est une pièce maîtresse du patrimoine culinaire de notre province, les avis divergent quant à ses origines : pour certains, elle aurait été mise au point par un curé de la région montluçonnaise, pour d'autres, plus nombreux, elle prit naissance au début du XIXe siècle dans la région de Lapalisse.

En 1815, au lendemain de la défaite de Waterloo, une bonne moitié nord de la France fut occupée par les troupes coalisées. Des Wurtembourgeois, des Autrichiens et des Russes stationnèrent de la sorte dans le Pays de Lapalisse. D'après la mémoire collective, un détachement de cavaliers autrichiens prit ses quartiers chez les Maillant-Duchambais à Droiturier. La cuisinière de la maison prit l'habitude de seconder le cuisinier de l'officier dans la préparation de mets "à l'autrichienne". Quelques mois après le départ des Autrichiens, cette même cuisinière servit, au cours d'un repas concluant une partie de chasse organisée par M. Duchambais, un lièvre à "l'autrichienne" où vinaigre et crème fraiche se mariaient harmonieusement dans une sauce onctueuse. La renommée de cette recette ne faisait que commencer. Si, peu à peu, les bases de la sauce à la Duchambais se fixèrent, elle n'accompagna plus seulement du lièvre, mais plus couramment du canard.

Comme souvent, la longueur et les précisions de certaines recettes de cuisine décourageraient toutes les bonnes volontés à force de les présenter comme autant de sommets à vaincre. Cependant, dans la réalité, les choses en vont autrement : votre serviteur s'est essayé au Canard à la Duchambais, personne sous son toit n'a eu à en souffrir...

Fort heureusement, Thierry Wirth, auteur bien connu des Vichyssois, nous a aimablement communiqué la recette de la sauce et du canard à la Duchambais contenue dans son ouvrage Le Mangement bourbonnais (Editions des Trois Roses - 2003).

Ce classique bourbonnais est le résultat de l’utilisation de la fameuse sauce Duchambais (voir à ce chapitre).Pour ce faire, découper un canard en morceaux et le faire revenir à la cocotte avec du lard et de l’échalote grossièrement hachés. Déglacer avec un demi-verre de vinaigre et mettre un peu de farine et le foie émincé. Passer au four quelques minutes. Mouiller de bouillon. On peut aussi utiliser le vin de Saint-Pourçain à la place du bouillon. Rectifier l’assaisonnement.Cuire au four couvert. Terminer avant de servir avec une bonne louche de crème.Certains n’ajoutent le vinaigre qu’au moment de servir, au lieu de déglacer avant la cuisson.On voit qu’il existe des variantes importantes (vin au lieu de bouillon, déglaçage ou pas, huile de noix pour dorer les morceaux avant de mettre le lard, marc avant le vin…) typique des recettes régionales qui varient suivant les cantons, et j’allais même dire, suivant les familles.

LA SAUCE DUCHAMBAIS


Sauce typiquement bourbonnaise qui se sert avec tous les rôtis : boeuf, veau, porc mais aussi les volailles et le fameux canard à la Duchambais.Le nom de Duchambais serait selon certains, celui d’un curé de l’ancien régime.Voici d’abord la recette de base :Faire revenir du lard maigre avec de l’échalote hachée. Si on a des débris de viande, les faire roussir et les ajouter. Mettre un peu de farine, persil, cerfeuil, thym et laurier. Lorsque le tout est bien “tombé”, mouiller d’un verre à liqueur de vinaigre et d’un litre de bouillon.Cuire une heure et demie. Passer la sauce, ajouter un bon verre de crème et laisser bouillir jusqu’à formation d’une sauce onctueuse.Il existe une recette plus élaborée que consigna jadis le président de la société gastronomique “Le Piquenchâgne”. Elle provient parait-il d’une famille de Montluçon depuis plus de 150 ans à travers les générations.La voici dans son intégralité:“Le râble de lièvre, ou de lapin, ou de chevreuil, ayant préalablement mariné pendant quelques jours, on le fait rôtir au four bien enduit de beurre, et même pour le lièvre ou le lapin, on peut le barder d’une légère barde de lard de chaque côté.Il reste bien entendu que la marinade a été faite avec un bon vin vieux rouge assez corsé; marinade à froid : oignons en rondelles, carottes, persil, thym (pas de laurier), une bonne cuillerée d’huile d’olive, une ou deux de vinaigre, sel, poivre; gibier arrosé et retourné plusieurs fois.Donc le rôti est au four; arroser souvent; au moment de déglacer, au lieu d’employer de l’eau pure on ajoute une cuillerée de porto ou de madère pour deux cuillerées d’eau et un peu de marinade.Pendant ce temps, mettez dans une casserole une tranche de foie de veau pour la faire cuire à l’étouffée avec du beurre frais; qu’elle ne soit pas desséchée. Hachez-la finement, puis pilez-la au mortier en ajoutant un peu de vin rouge pour en faire une pâte extrêmement fine, une sorte de purée onctueuse; la passer au tamis très fin. La réussite de la sauce exige qu’on ne reconnaisse pas, en la dégustant, les grains de foie de veau, qui doit servir de liaison, un peu comme la farine.Incorporer de la moutarde peu à peu dans le foie pendant qu’on le malaxe dans le mortier.Pendant cette opération, dans le beurre qui a cuit le foie, couper un oignon et une demi gousse d’ail et faire dorer légèrement. Puis enlever l’oignon et l’ail et commencer le roux de la sauce avec une bonne cuillerée de farine; pour donner au roux une belle couleur, ajouter une pincée de sucre en poudre. Le roux doit être mouillé avec le même vin que celui de la marinade. Pour ne pas faire la sauce trop épaisse, ajouter un peu de bouillon.`Verser alors dans la sauce le foie pilé avec la moutarde en tournant toujours avec la cuillère en bois. Quand la sauce est arrivée à l’ébullition, la passer dans une passoire fine et la laisser bouillir sur le coin du fourneau après y avoir ajouté du porto ou du madère, en tournant de temps en temps. Cette sauce gagne à mijoter assez longtemps à feu doux après que le roux a été fait.Un quart d’heure environ avant de servir, mélanger de la crème fraîche à la sauce et au dernier moment le jus de cuisson du rôti; la sauce doit rester assez épaisse et onctueuse, comme une crème.Naturellement, la sauce est assez relevée en sel et poivre.Pour servir, on nappe le rôti de quelques cuillerées de la sauce et le reste est servi dans une saucière bien chaude.Proportions : 75 gr de foie, un grand verre de bon vin vieux rouge, un verre de madère ou de porto, un grand verre de crème fraîche, 2 cuillerées de moutarde, sel, poivre, une pincée de sucre en poudre, une gousse d’ail, un oignon, un peu de bouillon, la marinade. Ces proportions conviennent pour six personnes de bon appétit.Commencée la veille et bien réchauffée, pour y adjoindre au dernier moment le jus de rôti et la crème, elle n’en est que meilleure”.Et d’ajouter quelques considérations : “On peut sans crainte forcer sur les épices; personnellement, j’emploie plusieurs gousses d’ail, quatre ou cinq qui, bien cuites, n’ont pas d’inconvénient. Je préfère le foie de porc, trouvant que sa saveur s’allie mieux que celui du veau à celle du gibier.


S. HUG


samedi 16 août 2008

Histoire des rues et des places de Lapalisse - Chapitre VI : le boulevard de l'Hôtel de Ville

Le boulevard de l'Hôtel de Ville fut le théâtre, le 4 décembre 1851 peu après 8 heures du matin, de la fameuse fusillade qui opposa les Républicains donjonais à une poignée de gendarmes lapalissois. Retranchée sur une petite terrasse qui longeait à l'époque la façade de la mairie, la troupe donjonaise répondit par un feu nourri à une charge, sabre au clair, des forces de l'ordre. Le maréchal-des-logis Lemaire fut mortellement touché.



Nous pouvons observer sur la carte postale ci-dessus que du temps où la mairie et la sous-préfecture de Lapalisse étaient abritées sous le même toit, l'entrée de l'Hôtel de Ville était située côté boulevard. Toujours sur le boulevard se trouvait l'entrée de la Justice de Paix qui ne fut supprimée qu'en 1958.
Face à l'Hôtel de Ville se dressait toute une série de commerces dont le café Aubin est aujourd'hui l'ultime survivant. Rappelons pour mémoire la bourrelerie Carcassin, la quincaillerie Rousset, la boucherie-charcuterie Marseigne, le magasin d'ameublement Lazzerini ou bien encore la première boulangerie Marache.




En 1937, la municipalité de Charles Rousset décida de donner une unité archiecturale à la façade de l'Hôtel de Ville en optant pour un style très Art nouveau (la proximité vichyssoise influença sans doute grandement ce choix). La façade, dégradée avec le temps, ne fut réhabilitée qu'en 1977 dans des tonalités nettement plus modestes.

S. HUG

vendredi 8 août 2008

Histoire des rues et des places de Lapalisse - Chapitre V : l'avenue de la Gare (Avenue Charles de Gaulle)

D'un simple chemin conduisant à la station ferroviaire de Lapalisse-Saint-Prix ouverte en 1856, la future avenue de la Gare devint une véritable artère urbaine au tournant des XIXe-XXe siècles.


Cette ancienne carte postale, éditée vers 1900, présente deux détails intéressants. A l'emplacement de l'actuel monument aux Morts se dressait, tout contre le bâtiment de la Société Générale, un poids public, alors qu'au premier plan nous distinguons une fontaine (supprimée vers 1910) surmontée d'une vasque que nous pouvons toujours voir dans notre ville. En effet, après avoir été reléguée dans un dépôt municipal, cette vasque retrouva sa fonction décorative au centre d'un massif du Parc floral créé en 1937 (il s'agit du magnifique massif en étoile situé au pied de la passerelle).

Confrontées à l'exiguité du site castral originel, les municipalités lapalissoises de la Belle Epoque choisirent d'installer le long de cet axe l'ensemble des bâtiments liés au développement des échanges économiques et à la croissance de l'Etat : agence de la Société Générale en 1897, Caisse d'Epargne (ancienne recette des impositions indirectes et perception) en 1910, Ecole de Garçons (actuelle maison des Associations) et Ecole de Filles (Services de la DDE).




Même si l'habillage urbain fut particulièrement soigné sur cette toute jeune Avenue de la Gare (double rangée de platanes et nombreux becs de gaz) le tissu architectural demeurait extrêmement bigarré avec la présence de nombreux ateliers et entrepôts.

L'avenue de la Gare dans l'entre-deux-guerres

Inaugurée en 1959, l'Ecole ménagère (futur Collège Agricole et désormais Lycée agricole Antoine-Brun) fut le premier bâtiment d'ampleur réalisé à Lapalisse après la Seconde guerre mondiale. Inspiré par les travaux et les réalisations de Le Corbusier, cet ensemble de bâtiments marqua l'instrusion de la modernité architecturale dans le paysage lapalissois (formes géométriques, patios, colonnades couvertes). Beaucoup de Lapalissois ignorent encore que ce bâtiment possède un amphithéâtre de plus de deux cents places qui constitua pendant de longues années une rareté dans notre Bourbonnais.



L'avenue Charles de Gaulle dans les années 1960


S. HUG

dimanche 3 août 2008

Histoire des rues et des places de Lapalisse - Chapitre IV : la rue du Marché (rue Winston Churchill)

De toutes les rues lapalissoises, la rue du Marché est sans doute celle qui a moins évolué durant le siècle écoulé en conservant une belle activité commerciale. Retour sur un siècle d'images.


La rue du Marché à la Belle Epoque





La rue du Marché dans l'Entre-deux-guerres




La rue Winston Churchill dans les années 1950-1960



vendredi 25 juillet 2008

Histoire des rues et des places de Lapalisse - Chapitre III : la rue Nationale (avenue Roosevelt)


L'avenue Roosevelt (rue Nationale jusqu'en 1945) est devenue à partir de la Belle Epoque, l'artère noble de notre ville. Structurée le long de la route de Paris à lyon, cette rue fut encadrée jusque dans les années 1970 par une succession ininterrompue d'hôtels, de cafés, de magasins et de commerces de tout genre, constituant ainsi la véritable "vitrine urbaine" de Lapalisse. Au point de vue social, alors que la partie basse de la rue Nationale (du pont au carrefour de l'avenue de la Gare) fut longtemps colonisée par une petite bourgeoise commerçante et artisanale qui peupla d'ailleurs le Conseil municipal jusque dans les années 1950, la partie haute (appelée également le quartier des canaux au XIXe siècle en raison d'un sol particulièrement humide) était nettement plus populaire.


La rue Nationale à la Belle Epoque















La rue Nationale dans l'Entre-deux-guerres







L'avenue Roosevelt dans les années 1950-1960







Si l'avenue Roosevelt demeure de nos jours l'artère la plus vivante de Lapalisse, la mise en service de la déviation de la Nationale 7 en octobre 2006 posa la triple problématique de sa requalification, de sa réhabilitation et de son réhabillage urbain. Ce dossier se retrouva même au coeur des débats qui animèrent les dernières élections municipales, donnant d'ailleurs au passage un peu de relief au programme bien timide de la liste De Chabannes. En mai dernier, le tout nouveau Conseil municipal de Jacques de Chabannes annula l'avant-projet de réhabilitation de la Nationale 7 dans sa traversée de Lapalisse, imprimant ainsi sa volonté de tout remettre à plat en se nourrissant des fruits d'une reflexion collective à venir. Il n'empêche qu'au-delà du simple "écran politique", la réalisation d'un tel projet repose sur la mise en oeuvre de cahiers des charges élaborés par des agences d'urbanisme qui n'offrent finalement aux collectivités locales qu'une gamme très limitée de scénarii conceptuels. Il y a donc fort à parier que le projet final, le jour où il se réalisera, ressemblera comme deux gouttes d'eau à celui de 2006...


S. HUG