dimanche 30 décembre 2012

Eloge de la différence

Si la folie trouva dans les années 70 son historien en la personne du philosophe Michel Foucault, l'histoire de l'autisme et des troubles comportementaux est encore un territoire d'études largement en friche. L'indigence des archives descriptives et la diffusion tardive des méthodes classificatoires de la psychiatrie moderne expliquent en grande partie notre quasi méconnaissance de ce monde évoluant entre normalité et différence. Dans la France d'autrefois, celle d'avant-hier, lorsque les pécores avaient la langue trop fatiguée par les longues palabres des champs de foire, ces personnages étaient couramment appelés les "lunaires", mais dès que l'infanterie villageoise s'était ravigotée avec quelques canons bien balancés derrière le gosier, voilà que ne tardaient pas à fuser les implacables "crétins du village !". Toujours est-il que dans nos villes et villages d'antan, ces personnages étaient parfaitement intégrés à la population car, au-delà de la morale chrétienne, ils incarnaient une frontière interne à l'humanité et, passés les quolibets, questionnaient le commun sur l'étendue de la normalité sociale. L'existence de deux personnages haut en couleur du Pays lapalissois résume à merveille ce monde de la différence.


Disparu autour de 1955, Thomasset marqua durablement la mémoire du carreau de Bert-Montcombroux. Entouré d'une foule d'animaux, notre homme était un mélange du savant anglais Caractecus Popps et de l'impayable Boudu sauvé des eaux. Inventeur de talent, il avait réussi pendant l'Occupation à adapter sur sa motocyclette un système gazogène qui lui permettait de se passer de carburant. De la sorte, il rendit de nombreux services à la population. Après la guerre, Thomasset créa même de toutes pièces une automobile qu'il assembla dans sa maison. Afin de la faire sortir, il n'hésita pas à démolir un pan de mur... 

A Lapalisse, dans les années Trente, régnait Jésus Bardet. Dans un recueil inédit de nouvelles Georges Romaillat nous en brosse un inoubliable portrait :

 « Dans les années trente de ce siècle finissant, un curieux personnage arpentait journellement les rues de la bonne ville de Lapalisse, dans l’Allier. Il disait à tout le monde qu’il s’appelait Zezu Badet. S’il prononçait ainsi son nom, c’est que, tout simplement, il avait un cheveu sur la langue. Ce petit travers incitait tous les habitants du pays à dire de même en parlant de lui. Ils étaient à peu près deux mille cinq cents à cette époque. Lapalisse était encore sous-préfecture et conservait une certaine importance. (…) Zezu Badet était une tête de turc toute trouvée pour les railleurs juvéniles de la cité, puisqu’il déambulait du matin au soir, dans une tenue vestimentaire qui ne manquait pas d’attirer l’attention. Des témoins d’époque, qui sont encore de ce monde, ont consenti à pressurer leurs neurones pour la circonstance (…) «Dès son enfance, le jeune Bardet a dû montrer une piété ostentatoire. On le disait entouré de crèches ou d’imagerie saint-sulpicienne. Il n’a jamais fait le moindre effort pour se garder en vie par le travail. Maigre et d’assez haute taille, il déambulait selon un horaire et un parcours immuables, fixés par les habitudes des ménages qu’il visitait. Coiffé d’un chapeau fatigué et vêtu d’une biaude grise, comme la portaient certains artisans, il avait au bras un grand panier d’osier tressé où étaient quelques exemplaires de l’Echo de la Mode et du Petit Parisien, avec quelques bons savons de toilette. Il y avait des bobines de fil à coudre, des pelotes d’épingles et des porte-aiguilles. Il avait décidé que telle ou telle famille désirait lire sa revue ou son quotidien, toujours à la bonne date, et allait les livrer à domicile et en mains propres. Cela devenait une habitude que nul n’osait rompre. Il existait un courant de charité discrète, afin que le personnage grapille quelques sous pour subsister. Pour ses « Très Riches heures », il paradait en ville dans un costume extravagant, coupé selon ses instructions les plus strictes par un tailleur facétieux. Dans les années 36-39, la mode des futurs zazous exigeaient un veston court et cintré, avec des revers arrondis. Le pantalon était pattes d’éléphant et devait recouvrir le soulier jusqu’à la pointe. Il était taillé en biseau, pour balayer le sol à l’arrière. Le sien était de moitié plus vaste par le bas que celui des autres gamins de ce temps. A cet ensemble bleu pervenche, étaient ajoutés une ample lavallière noire, une fleur rouge (en papier) à la boutonnière et, autour du cou, la chaîne d’un énorme face-à-main, genre accessoire d’opérette. Bien entendu, une canne à pomme guidait les pas du seigneur. (…) Certains esprits facétieux avaient projeté de le conduire à Saint-Menoux, pour y subir l’épreuve du débredinoire, une célèbre thérapeutique en pays bourbonnais, mais ils se ravisèrent. Et si à son retour, il était devenu comme tout le monde ? Comme la vie serait triste dans la cité ! (…) A partir de 40, on a parlé d’autre chose. On a retrouvé Jesus chez lui, mort de faim et de froid en 1942. Tous l’avaient oublié. » Et dans un dernier sursaut de sa mémoire enfantine Le Celte Erudit proposa comme épitaphe au grand homme : « Turluttutu, chapeau pointu, ZEZU est mort, n’en parlons plus. »

S. HUG

HUGSTEPHANE@aol.com 

samedi 8 décembre 2012

Pour un nouveau modèle territorial (version 3.0)

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Voici la version 3.0 du projet de promotion territoriale que je vous ai soumis la toute première fois en février 2010. Dès son lancement, j'ai conçu ce projet comme un outil évolutif. Il est donc temps d'en effectuer une relecture à la lumière de la constante dégradation de la politique promotionnelle de la ville de Lapalisse et de son Pays. Durant les tous derniers mois, huit tendances ont en effet grevé le potentiel touristique du Pays lapalissois :
  • L'offre touristique cuisinée par la Com Com et la municipalité lapalissoise se dégage mal des simples animations culturelles de Pays. Cette offre part dans tous les sens et manque d'unité : elle ne permet aucunement aux touristes de lire notre territoire.
  • La Communauté de Communes du Pays de Lapalisse et la municipalité lapalissoise continuent à trop miser sur les Embouteillages de la Nationale 7 qui, en plus d'être mal programmés, commencent à avoir moins d'impact médiatique et de retombées économiques.
  • Le bureau de la Com Com ne valorise pas assez les efforts entrepris par certaines communes qui cherchent à développer leur potentiel touristique (Droiturier, Isserpent, Le Breuil), allant même jusqu'à freiner le remarquable dynamisme Bertois. 
  • Le sentiment d'appartenance au Pays de Lapalisse n'est pas assez cultivé : il est urgent de le développer. 
  • Le potentiel du quartier d'artisanat d'art, situé au pied du château de La Palice, est pour l'heure sous-exploité.
  • La disparition du Comité des Fêtes lapalissois et les récentes vicissitudes de l'UGCAL  montrent bien qu'il faut imaginer une nouvelle façon d'animer notre ville.
  • L'animation au sein du Camping de la Route Bleue doit être non pas repensée, mais tout simplement créée.
  • Le Musée d'Art Brut est de plus en plus délaissé alors que l'offre artistique proposée par l'Office de Tourisme communautaire dans le cadre de ses expos est de plus en plus décevante.

Le modèle de territoire présenté en février 2010 repose sur l'emboîtement de trois échelles géographiques : le Pays, la ville et l'artère principale.

Réinventer la promotion du Pays

· En février 2010, je vous avais proposé l'idée de réactiver le Comité des Fêtes lapalissois, mis en sommeil en 2007, en créant un forum associatif local. Face au manque récurent de bénévoles engagés dans les animations communautaires et lapalissoises, ce projet est plus que jamais d'actualité. En voici les grandes lignes. Chaque conseiller municipal non doté d’une délégation pourrait ainsi se voir proposer de signer une Charte d’engagement civique lui permettant, contre une indemnité, de s’engager au service de la vie festive lapalissoise. Ces conseillers deviendraient de la sorte les pivots d’un Comité des Fêtes d’une nouvelle génération qui, après révision de ses statuts, se verrait confier la gestion et le développement du forum associatif local. Toutes les associations locales pourraient librement adhérer à ce forum. Les adhérents, s’engageant bénévolement dans la préparation et l’organisation d’événements lapalissois, capitaliseraient au nom de leur association un crédit-temps qui, lors du montage financier d’un projet précis, serait converti en une subvention supplémentaire accordée par la municipalité. L’unité de crédit-temps serait néanmoins dotée d’un coefficient inversement proportionnel au poids numérique de l’association afin de ne pas pénaliser les petites structures associatives. Une fois testé, ce concept de Forum associatif local pourrait être élargi à l'échelle de la communauté de communes afin de faire vivre trois grands rendez-vous : l'Embouteillage de Lapalisse, une biennale de printemps et une fête d'automne. Alors que cette Fête d'automne serait annuelle, il serait budgétairement plus stratégique de créer une alternance, chaque printemps, entre les Embouteillages et les Biennales de Printemps (ancienne Fête de Printemps). En effet, pour renforcer l'impact promotionnel des Embouteillages de Lapalisse, il est impératif de programmer cet événement, non plus à l'automne, mais à la fin du printemps afin d'en faire un produit d'appel efficace pour le Pays de Lapalisse, en d'autres termes, un véritable tremplin pour la saison estivale. Si les Embouteillages sont inscrits dans le cadre lapalissois, les Biennales de printemps et les Fêtes d'automne doivent être en revanche pensées à l'échelle de tout le Pays de Lapalisse à l'image du Festival Gourmand du Saint-Pourcinois .

· Créer une publication biannuelle gratuite consacrée au patrimoine, à l’histoire et à l’action culturelle en Pays lapalissois sur le modèle de la remarquable Gazette des Monts de la Madeleine. En effet, une véritable dynamique de territoire ne pourra être créée qu’à la seule condition que tous les habitants du Pays se sentent investis d’un héritage historique commun. La première livraison annuelle serait lancée (y compris hors du Pays de Lapalisse) à l'occasion des Embouteillages et des biennales de Printemps et raconterait notre Pays au travers de ses produits phares et de ceux qui les font vivre. (ci-dessus : à l'image de ce qui se fait en Champagne, il faut communiquer autour de la personnalité des producteurs locaux). La seconde livraison annuelle prendrait place à l'occasion de la Fête d'automne et serait plus axée sur le partage d'un patrimoine commun.


·Créer un Pack ruralia, c’est-à-dire un passeport regroupant l’ensemble des offres touristiques liées à la ruralité du Pays de Lapalisse et permettant d’accroître la lisibilité de notre territoire au travers de plusieurs formules. La formule la plus complète serait basée sur la mise à disposition des touristes de coach de Pays les guidant à travers les campagnes du Lapalissois et les accompagnant dans leur rencontre avec les acteurs de notre ruralité. Il est également nécessaire d'étendre la gamme de nos offres en créant des pass "journée thématique" alliant visites et déjeuner. Un circuit pourrait ainsi être organisé autour du thème des différents styles romans qui voisinent dans notre Pays (Bert, Droiturier, Le Breuil), un second circuit pourrait retracer un siècle d'agriculture, un autre serait structuré autour du thème de l'agriculture biologique, sans oublier la thématique de l'artisanat d'art... 
Il est par ailleurs primordial que l'un des coach de Pays soit rattaché au Camping de La Route Bleue afin d'en assurer l'animation et la promotion.  
Il est enfin nécessaire que la Com com encourage les initiatives locales afin de créer de la diversité et d'accroître les capacités d'accueil de notre territoire, qui sont pour l'heure extrêmement faibles, en soutenant la création de chambres d'hôtes, de gîtes d'hôtes, de "séjours-campings" à la ferme, de formules Bed and Bredfeast..
La mise en place de packs ruralia et de pass thématiques soulève d'une façon plus générale une question, éludée jusqu'à présent dans le Pays de Lapalisse : celle de la formation des acteurs du tourisme local : un vaste chantier en perspective. Il est temps de mener une réflexion collective sur notre sens de l'accueil. Le Comité Régional de Développement Touristique d'Auvergne propose à ce titre des cycles de séminaires qu'il serait important d'intégrer dans cette démarche de recherche qualité-services.

Une ruralité à parcourir

Promouvoir notre ville



Le travail sur l’image de notre ville est sans doute le plus difficile à mener car, dans l’esprit collectif, cette notion est intimement liée à l’idée du déclin de Lapalisse matérialisée par la fermeture de nombreux commerces. Cependant, rien ne prouve qu’une hypothétique expansion économique se traduirait obligatoirement par une reconquête des cellules commerciales abandonnées. L’enjeu est donc dans un premier temps de parvenir à rénover l’image projetée de notre ville. Cette entreprise de longue haleine passe tout d’abord par la remasterisation du site internet communal qui, malgré sa rénovation en juillet dernier est bien en deçà des attentes. Il est désormais impératif de le rendre plus dynamique, plus vendeur, en y intégrant des animations flash et des bannières interactives. Le prochain site communal devra également être pensé comme un véritable hub, c’est-à-dire une plate-forme de réflexion fonctionnant sur le principe d’un réseau social mettant en relation l’ensemble des entrepreneurs et des porteurs de projets qu’ils soient installés dans le Pays ou expatriés. Un tel hub doit être géré par un webmaster-modérateur dédié.




Une ville plus visible


Une artère à repenser


La dernière échelle de réflexion intégrée à ce modèle territorial est celle de la principale artère lapalissoise, à savoir l’ancienne Nationale 7 dans sa traversée de la ville. Comme je l'avais souligné en février 2010, puis en décembre 2010, les travaux de réhabilitation menés sur sa portion intra-urbaine  n'ont pas suffi à redynamiser cette artère : il faut véritablement la replacer au cœur de l’image du Pays de Lapalisse en en faisant un lieu central. Beaucoup d’internautes se sont émus de l’état de décrépitude de l’entrée sud de la ville (la route de Roanne). Il est temps qu’une réflexion municipale et communautaire s’engage sur cette micro-portion de l’ancienne Route bleue en projetant le paysagement sur la droite de la chaussée de l’emprise de l’ancienne station service. Cet espace, ainsi que la totalité de la traversée de Lapalisse, pourraient être valorisés par l’installation d’œuvres nées d’un partenariat avec le Musée de l’Art en marche (Art brut) et financées par la création de micro-bourses artistiques (2 000 à 5 000 euros) packagées à la fois par la commune, la Communauté de communes et l’intervention d’un mécénat d’entreprises. Le thème général serait celui l’histoire de la Route bleue et des migrations estivales afin d’inscrire dans l’espace urbain l’importance de cet héritage routier. L’objectif final serait de créer, tout le long de la traversée de Lapalisse, la première galerie d’art rubanée de France, dont la muséographie emmènerait le visiteur jusqu’au cœur de la vie lapalissoise. Notons, au sujet du financement de ce concept, que plusieurs fondations soutenant la promotion de l’art contemporain peuvent être sensibilisées sur ce thème de la galerie rubanée. 
Autre proposition. Afin de renforcer l'ancrage de Lapalisse et de son Pays dans sa ruralité, il serait également judicieux de réhabiliter  l'ancien bief du Moulin de la Ville en un "jardin aquatique" pouvant accueillir des installations de Land Art pouvant également bénéficier des micro-bourses artistiques. De même, afin de redynamiser le cycle d'expos de l'Office de Tourisme, il serait judicieux de jouer la carte du Land Art qui manque cruellement de lieux d'installation permettant de le mettre en dialogue avec d'autres formes artistiques contemporaines.
Afin de donner un sens à cet emboîtement d’échelles géographiques, il conviendrait  d'installer, dans l'une des cellules commerciales réhabilitées au pied du château, un Comptoir de Pays, lieu de promotion animé par une scénographie à caractère historique qui entraînerait le visiteur dans le passé de Lapalisse et de son pays. Ainsi, dans une échoppe reconstituée, un ou deux intervenants maîtrisant les arts de la scène, feraient revivre au cours d’une représentation de quelques dizaines de minutes l’environnement social, architectural, sonore et olfactif des rues et des places lapalissoises d’avant 1914. La dimension gustative ne serait pas oubliée en intégrant dans le scénario, la mise en scène et la dégustation de produits du terroir (commercialisés à l’intérieur même du Comptoir de Pays ou dans son périmètre immédiat). 
Reste enfin à réfléchir à la façon dont il serait possible de faire vivre, tout au long de l'année, le quartier d'art inauguré cette année. Je vous rappelle qu'actuellement aucune animation n'y est programmée durant la saison hivernale. L'une des voies possibles consisterait à lancer, sur réservation limitée à des groupes de moins de dix personnes, des ateliers-découvertes "De la matière au geste" qui permettrait, à tout un chacun, de découvrir la gestuelle artisanale qui crée et qui modèle. Ces ateliers peuvent parfaitement intégrer dans leur déroulement des temps de rencontres avec des artisans lapalissois soucieux de faire partager leur savoir-faire. 
Une artère à réinventer


S. HUG



Analyse conceptuelle protégée par un copyright

mercredi 5 décembre 2012

ACHTUNG !


Tel est l'avertissement qu'il faudra bientôt accoler à certains articles de notre canard favori. En effet, dans son édition du 1er décembre, La Montagne nous apprenait que le bilan de l'Embouteillage 2012 était au-delà de toutes les espérances. Mais que sont devenus les reportages télé d'antan qui mettaient en avant l'événement ?  Comment être plus que satisfait lorsque l'impact médiatique est réduit à la presse locale et spécialisée ? Quant aux commerçants emballés par l'événement, le panel cité doit tenir dans un simple panier.

S. HUG

samedi 10 novembre 2012

Le plus vieux métier du Monde



La prostitution en milieu rural et dans la France des petites villes, en plus d’être un sujet encore tabou, est un thème extrêmement difficile à traiter pour les historiens, car elle n’a laissé que très peu de traces dans les archives. A l’époque où Lapalisse était encore une grande ville de foires et de marchés (XIXe-début du XXe siècle), la présence de prostituées indépendantes est attestée par quelques mentions dans les rapports de Police conservés dans la Série M des Archives Départementales de l’Allier. A partir des années 1970, l’augmentation du trafic routier sur la Nationale 7 développa le commerce des travailleuses indépendantes le long de cet axe. Se limitant à quelques unités, la présence de prostituées à Lapalisse dans les années 70-80 est également attestée (tout comme de nos jours) par les archives policières et judiciaires. A cette époque, la Place Bécaud (la Petite Gare des Lapalissois) était un parking très fréquenté par les chauffeurs routiers et épisodiquement par les filles de la nuit. Pour la plupart des Lapalissois, la prostitution devint une réalité le jour où le « réseau Pascaline » fut démantelé au cœur des années 80. S’étendant à l’échelle du département, ce réseau possédait une « antenne » lapalissoise.
Voici un témoignage extrêmement rare sur la présence de la prostitution à Lapalisse. Il s’agit d’un extrait du recueil de souvenirs Saint-Prix, Pays berbouille de Georges Romaillat. L’auteur dépeint un personnage haut en couleur qui faisait le commerce de ses charmes dans les années 30 : 

"Entre Saint-Prix et Lapalisse, sur les deux kilomètres du parcours, côté droit, on trouve trois carrières à ciel ouvert, dont l’une, au centre est abandonnée. Dans un recoin, derrière un vieux bâti de concasseur, il y a une roulotte de bohémien, stationnée là, définitivement l’occupant des lieux ne quitte plus les parages. Les brancards restent dressés vers le ciel, un bout de tuyau coiffé d’une girouette perce le toit. Un escalier de bois permet d’atteindre la double porte arrière, vernie avec deux barres obliques en laiton, pour pousser. La peinture, qui fut bleue, est maintenant délavée, les roues s’enfoncent dans l’herbe. Aux fenêtres, des rideaux ramenés en bas sur un côté. Sur une corde extérieure, sèche du linge intime. C’est l’antre d’une certaine Marie, que d’aucuns appellent la « Belle-en-cuisses ». Une personne du sexe, comme on dit, qui en fait n’habite ni à Saint-Prix, où on ne la voit jamais, ni à Lapalisse, où elle se rend de temps à autre, faire quelques courses, histoire de prendre l’air à son renard mité, qu’elle trimbale en sautoir autour de son cou. Elle a atterri là dans des circonstances curieuses. Bien plus jeune, elle aurait exercé un très vieux métier dans la capitale, à moins que ce ne soit à Hambourg, à Brest ou à Alger. On dit aussi qu’elle n’avait jamais été plus loin que Montluçon. On dit aussi qu’elle avait été recueillie un  jour, à la suite d’on ne sait quelle détresse, par un vieux bonhomme, propriétaire de la roulotte et d’un manège de chevaux de bois. Puis ce bienfaiteur incapable d’aller plus loin, s’était arrêté dans la carrière et était mort, peu après, dans la guimbarde. La Marie était demeurée sur place, vendant cheval et manège pour subsister. Avec le temps, certaines choses n’étant pas faites pour effrayer, elle avait repris sa coupable industrie, se constituant un réseau d’abonnés, reçus exclusivement sur rendez-vous.
Il arrive qu’en passant en ces lieux, on aperçoive un vélo mal dissimulé dans un fossé, voire une voiture et son cheval, dont le propriétaire est momentanément ailleurs. Parfois, la Belle-en-Cuisses apparaît derrière ses rideaux. Elle a un visage boursoufflé de blonde sur le déclin, le cheveu rare et négligé, les lèvres trop rouges, et il lui manque des dents. Quand elle parle, elle a la voix éraillée, grasseyante, comme à Paris. Un mégot éteint au coin de sa bouche, elle n’hésite pas à interpeller, en les tutoyant d’emblée, des passants toujours interloqués, qu’elle ne connaît même pas.
De temps à autre, on peut la voir surgir sur le seuil de sa roulotte, en chemise douteuse, débraillée, jetant à la volée, droit devant, dans un grand geste d’amour propre, le contenu d’une cuvette en émail bleu".

S. HUG
HUGSTEPHANE@aol.com  

samedi 3 novembre 2012

L'Abbé Gonnet : le parfait prélat (Arfeuilles)



L’Abbé Gonnet appartient à cette génération de prêtres, celle du Curé d’Ars, qui, passée la tourmente révolutionnaire, déploya, durant les décennies 1820-1850, un zèle extraordinaire dans le but de reconstruire l’Eglise catholique romaine.
Antoine Gonnet naquit en 1765 au hameau de Chènereille (paroisse de Saillant dans la région d’Ambert). Fils d’un marchand rural, il fit ses études chez les Oratoriens de Clermont et fut ordonné prêtre en 1790. Refusant de prêter serment à la Constitution Civile du Clergé, l’Abbé Gonnet demeura en place et célébra clandestinement ses offices religieux dans quelques granges de la Vallée de l’Ance. Le 13 novembre 1794, notre prélat fut arrêté dans une maison de Saint-Anthème. Le lendemain matin, alors qu’il était transféré à Ambert, l’escorte fut attaquée par une troupe de fidèles et l’Abbé Gonnet libéré. Regagnant le cœur de ses montagnes d’Auvergne, l’Abbé Gonnet retourna dans la clandestinité et poursuivit sa mission pastorale jusqu’à la signature du Concordat en 1801.
En 1803, une partie de la bourgeoisie d’Arfeuilles demanda à l’Evêque de Clermont (dont dépendait alors la paroisse) de remplacer le desservant de l’époque (l’Abbé Jean-Baptiste Laporte) qui était jureur (c’est-à-dire prêtre constitutionnel) et véhiculait l’image d’un homme proche des idées révolutionnaires. Monseigneur de Dampierre, évêque de Clermont, confia alors à l’Abbé Gonnet la charge de l’importante paroisse d’Arfeuilles, alors peuplée de plus de trois mille âmes.
Pour répondre au manque cruel de prêtres dans le tout récent diocèse de Moulins, érigé en 1823, l’Abbé Gonnet fonda en 1828 un Petit Séminaire dans les murs de la Maison des Martin du Gard qu’il avait acquise en 1818. Accueillant une bonne trentaine de séminaristes, cet établissement fonctionna jusqu’en 1847, année de la mort de l’Abbé Gonnet. 

S. HUG

vendredi 26 octobre 2012

Un castor au pays de la Terre Rouge (Isserpent)

En avril 2004, à l'occasion d'une crue du Barbenan, M. Barthomeuf découvrit sur sa propriété de La Tuilerie à Isserpent, la dépouille d'un castor. Alertés, les services de l'ONCFS confièrent l'animal au Muséum d'Histoire Naturelle de Clermont-Ferrand qui procéda à sa naturalisation.  Si cette découverte reste exceptionnelle en Montagne bourbonnaise, elle signale néanmoins une présence de plus en plus importante du castor en Bourbonnais.
L'espèce est connue dans le département de l'Allier depuis les années 1990 (commune de Château-sur-Allier). Elle colonisa le Val d'Allier durant la même décennie et fut repérée pour la première fois dans le Val de Sioule en 1993 (commune de Bayet) et dans le Val de Loire en 1995 (commune de  Gannay-sur-Loire). La présence de castors fut également avérée sur le cours de la Besbre, depuis sa confluence jusqu'à Lapalisse.Au cours de la décennie 2000, cette espèce renforça sa présence sur ses quatre cours d'eau. On estime actuellement qu'environ 1 000 à 1 600 individus vivent sur l'ensemble du bassin versant de la Loire. 

Remerciements à Mme Marie-Françoise Faure, Directrice-adjointe du Muséum Henri-Lecoq et à M. Charles Lemarchand, Chargé de Mission Atlas Mammifères d'Auvergne, Groupe Mammalogique d'Auvergne.

Cliché du castor découvert à La Tuilerie en 2005 (collection du Muséum d'Histoire Naturelle de Clermont-Fd)


vendredi 19 octobre 2012

Les Enfants de Thagaste (Isserpent)

Retour sur une tranche de vie aujourd'hui oubliée : en pleine Guerre d'Algérie, durant deux étés (1958 et 1959), plusieurs dizaines d'enfants de la ville de Thagaste (actuelle Souk-Ahras) vinrent en colonie de vacances à Isserpent.

 
Remerciements à Monsieur Gilbert Quaranta, Président de l'Association Les Enfants de Thagaste.

site de l'association : www.thagaste.com
Blog de l'association : http://thagaste.blogspot.fr


S. HUG

dimanche 14 octobre 2012

Atlas historique du Bourbonnais sous l'Ancien Régime : Les "Bons Pays" (Deuxième Partie)

Vu de l’extérieur, ces « Bons Pays » formaient une terre de passage entre le nord et le sud du royaume. Dans ce Bourbonnais des voyageurs, des pèlerins, des auberges, des relais de postes et des bacs, l’altérité télescopait sans cesse l’ordinaire du village et de la ville. Le long des routes royales de Paris à Lyon et de Paris à Clermont, doublées par la voie d’eau de l’Allier, la vie semblait plus vive qu’au cœur des campagnes. Si les nouvelles et les « novelletés » (les innovations) s’y répandaient plus vite, l’ouverture engendrait également des menaces. Alors qu’au XVIIe siècle le passage fréquent des troupes semait encore la crainte parmi les populations, les risques épidémiques et le brigandage jetèrent leur ombre sur ces grandes routes jusqu’au début du XIXe siècle. Toujours est-il que le cœur économique du Bourbonnais s’étendait ici, vivifié par une étonnante activité commerciale. En 1698, l’Intendant Le Vayer notait ainsi : « La consommation sur la grande route de Paris à Lyon et Auvergne ne se peut évaluer, mais elle produit des sommes extraordinaires. » (1) Un peu plus d’un siècle plus tard, le Préfet Huguet dressait un bilan commercial particulièrement positif : « L’exportation des vins est considérable par Paris où ils se rendent par la rivière d’Allier, il s’en consomme aussi beaucoup dans les départements de la Creuse et du Cher et dans l’ancien Berry (…) L’exportation des grains est considérable dans ce département par Lapalisse, il verse à Lyon, Rouen [Roanne] et Marigny [Marcigny]. Lyon et Marigny consomment les fromens, les montagnes de Saône-et-Loire et de Rhône-et-Loire, les seigles. La route de Paris à Lyon est la ligne principale par laquelle s’exécutent ces transports. Par Saint-Pourçain et Gannat, route de Moulins à Clermont, il verse à Montferrand, Clermont et toute l’Auvergne dont le produit suffit rarement à sa consommation, accident que sa situation élevée rend assez fréquent. » (2) Les intendants de la Généralité se sont tous préoccupés de l’état et de l’entretien de ces deux grandes routes royales : « J’ai aussi visité le même chemin de Lyon pour connaître les ouvrages et cailloutages, escarpements, aplanissements de terre, rochers et autres qu’ils convient de faire pour rétablir le grand chemin de Paris à Lyon, soit parce que c’est une grande route, que parce que les carrosses de diligences y doivent passer cette année pour être faits pendant l’hiver pour donner moyen aux pauvres de subsister, suivant l’intention de sa Majesté, dont j’ai dressé un état avec le sieur Mathieu. » (Florent d’Argouges – 1686)
 
Néanmoins, par manque chronique de fonds et par manque de volonté politique, on se contenta pendant plusieurs décennies de parer au plus urgent en comblant ici les ornières les plus dangereuses ou en réparant là un pont menaçant ruine. Au début du XVIIIe siècle, dans une lettre adressée au Directeur des ponts et chaussées, l’ambitieux intendant d’Auvergne de La Grandville, n’hésita pas à brosser un tableau catastrophique de l’état du réseau bourbonnais afin de mettre un peu plus en avant sa propre action dans ce domaine : « On passe la rivière d’Allier à un endroit appelé le port de La Corde, passage presque impraticable lors des crues d’eau, et où a péri cet hiver le carrosse de voiture ; de là on passe à Saint-Pourçain, Gannat et Aigueperse, le tout dans la généralité de Moulins, ce qui est un pays fort gras et où les chemins sont impraticables lorsqu’il a plu deux heures… MM. Les Intendants du Bourbonnais n’ont jamais fait attention aux chemins de leur généralité, attendu qu’ils ont toujours regardé cette partie comme absolument séparée d’eux. (…) Il serait même à souhaiter qu’on put éviter le passage du port de La Corde, ce qui pourrait peut-être se faire en réparant le chemin depuis Saint-Pourçain jusqu’à Moulins en passant par Chatelneuve (Châtel-de-Neuvre), en deçà de la rivière, et on la passerait ensuite au bac de Moulins… ou sur un pont qui s’y pourrait construire… » (3) Il fallut attendre les années 1740 pour voir la monarchie donner à ses intendants les moyens de mener une véritable politique routière (voir carte ci-dessous). Au-delà de sa pure dimension urbaine, la construction du pont Régemortes (1755-1758) à Moulins constitue le symbole de cette volonté d’améliorer l’état des routes royales en Bourbonnais.
Douze années après la chute de l’Ancien régime, le Préfet Huguet considérait l’œuvre accomplie comme un atout économique : « En général les routes, quoique dégradées sur plusieurs points de ce département, y sont mieux soignées et mieux entretenues que dans les départements circonvoisins. Le sol naturel est plus solide, moins gras, moins humide et généralement graveleux. Les routes qui, à quelques parties près, sont assez roulantes, sont entretenues d’un gravier un peu menu, mais fort sec, au moyen des pentes généralement bien ménagées et à cela près quelques ponts et ponteaux provisionnels en bois et en pierre sèche qui de temps en temps ont besoin de réparations provisoires. Il n’en est point d’importantes à faire dans ce département si ce n’est au pont de Saint-Pourçain, route de Paris à Clermont. » (4)


(1)- Intendant Le Vayer, Mémoire cité, p. 160.
(2)- Préfet Huguet, op. cité, pp. 9-10.
(3)- in, F. Imberdis, Le réseau routier de l’Auvergne au XVIIIe siècle, Paris, PUF, 1967, 351pages.
(4)- Préfet Huguet, op. cité, pp. 54-55.

dimanche 7 octobre 2012

Le Pont romain (Droiturier)

Photo de l'auteur
Situé sur le chemin de Sans-Chagrin, ce petit pont en dos d'âne, à une seule arche est dépourvu de parapet. Jusqu'à la mise en service du Pont de la Vallée en 1758, ce fut ici que la route royale de Paris à Lyon traversait l'Andan. La tradition locale veut que cet ouvrage soit d'époque romaine.A dire vrai, ses caractères architecturaux vont plutôt penser qu'il remonte à l'époque médiévale. Pendant de longues années, le Pont romain fut enfoui sous une épaisse végétation, mais au début des années 1980, il fut l'objet d'un regain d'intérêt et fut finalement classé Monument Historique en 1984.

S. HUG

samedi 6 octobre 2012

25 mai 1941: les fêtes de Jeanne d'Arc

L'Etat Français avait fait de Jeanne d'Arc l'héroïne tutélaire de la Révolution nationale dont le but était de régénérer la Nation abattue après les épreuves de la défaite, de la débâcle et de l'occupation. Le 25 mai 1941, la municipalité de Charles Rousset organisa de grandes cérémonies en l'honneur de la Pucelle. Avec le concours des troupes du 15-2, dont une compagnie stationnait depuis bientôt une année à la Petite-Gare, des Enfants de Marie, des jeunes gens du Cercle de Saint-Gonzague, des Légionnaires lapalissois (comprenez dans la terminologie de l'époque, les Anciens Combattants), ce fut sous une pluie fine que se déroulèrent les défilés et les rassemblements en plein air au profit du Secours National et des prisonniers de Guerre.


Clichés du photopgraphe lapalissois Henri Besson



S. HUG

vendredi 5 octobre 2012

Légende d'automne : Montmorillon (Arfeuilles)

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Philippe de Guillard, seigneur de Montmorillon, fut l'un de ces hobereaux pendus haut et court par les rédacteurs des premiers manuels scolaire de la Troisième République : il personnifia en effet dans la région d'Arfeuilles tout ce que les hommes de la Révolution haïssaient dans l'Ancien Régime.

Présenté comme perfide, cupide, immoral et cruel, Philippe de Guillard ne fut en réalité que faux-monnayeur. Assiégé dans son château par les troupes royales, poursuivi et finalement appréhendé pour ce crime de lèse-majesté en 1616, notre seigneur réussit à s'enfuir de la prison royale de Bourges et gagna les Pays-Bas Espagnols. Philippe de Guillard fut condamné à mort par contumace et Montmorillon fut démantelé afin de ne plus offrir de refuge au seigneur hors-la-loi et de montrer la détermination de la monarchie face aux velléités des féodaux.

Ruiné, le château de Montmorillon continua néanmoins à être le siège "fantôme" d'une seigneurie qui fut un temps incorporée au marquisat de La Palisse.

Le démantèlement politique de Montmorillon finit par se perdre dans la légende. Au XIXe siècle, on racontait en effet dans la Montagne bourbonnaise que le seigneur des lieux, surnommé l'Avaleur, enleva une jeune bergère, la Joquette, originaire du village Chez Chabroche et disparut de la région avec elle. Quelques mois plus tard, le seigneur et la bergère, devenus amants, revinrent dans la Montagne. La dame de Montmorillon feignit de pardonner l'infidélité de son mari et organisa une fête en l'honneur de son retour et y confia la Joquette. Sur les coups de minuit, alors qu'une tempête se levait, toute la charpente du château s'effondra, entraînant dans sa chute le haut des murailles. La légende raconte que le matin de cet ultime banquet, la dame de Montmorillon paya un charpentier pour ôter la totalité des chevilles de la charpente sauf une qu'elle fit sauter à Minuit...

Les jours de veillées, dans la Montagne d'autrefois, on avait l'habitude de raconter que les soirs de grand vent on pouvait voir circuler un fantôme blanc dans les murailles et monter la voix de la Joquette.
Vision romantique de Montmorillon au XIXe siècle

jeudi 4 octobre 2012

Atlas historique du Bourbonnais sous l'Ancien Régime : Les "Bons Pays" (Première partie)


Les « Bons Pays » bourbonnais dessinaient une patte d’oie posée au cœur de notre province. Le val d’Allier formait la branche principale de cet ensemble d’où se détachaient deux ramifications à la hauteur du bec de Sioule. Tandis qu’à l’ouest, les « Bons Pays » s’organisaient autour de la vallée de la Sioule et de la dépression de la Limagne bourbonnaise, à l’est, la route royale de Paris à Lyon, formait l’axe majeur de la Forterre. Dans l’ancienne France, le « Bon pays » était avant tout une terre à céréales ou du moins, un pays de polyculture dominée par des productions céréalières (froment, seigle, avoine) capables de nourrir de fortes communautés villageoises. On peut ainsi estimer que ces « Bons Pays » bourbonnais concentraient durant l’époque moderne près des deux tiers de la population des élections de Moulins et de Gannat (143 000 habitants à la fin du XVIIe siècle – 250 000 habitants à la fin du XVIIIe siècle) et sans doute la moitié de la population totale du Bourbonnais (180 000 habitants à la fin du XVIIe siècle - 320 000 habitants à la fin du XVIIIe siècle). Dans le pays gannatois d’A. Freydeire, (1) la densité moyenne en 1789 était de 60-70 habitants par kilomètre carré soit un peu plus du double de la moyenne généralement retenue pour le Bourbonnais à la même date. Les fortes densités rurales des « Bons Pays » étaient renforcées par un solide maillage urbain. Si l’on excepte Montluçon, toutes les villes importantes de la province se trouvaient dans cet espace. 

Vue du pays gannatois

 Tous les observateurs de l’époque moderne ont insisté sur la complémentarité de l’économie agraire de ces « Bons Pays ». Nicolas de Nicolay dans sa Générale description du Bourbonnais (1569) notait ainsi que la châtellenie d’Ussel était « située en bon païs gras et fertile en bledz, vins, foings, huilles et autres fruictz », Gannat se trouvait au centre d’un pays fertile où « du cousté d’orient de ladicte ville y a la belle plaine, terres fortes à froment, prez et grandz paccaiges et sur la montagne entre l’occident et le septentrion sont les grandz vignobles de longues estendues qui produisent abondance de bons vins et délicieux. » (2) Dans son Mémoire de la Généralité de Moulins (1698), l’Intendant Le Vayer notait à son tour : « le pays est uni d’une terre fertile principalement en fruits, blés et seigle, surtout la châtellenie de Murat, tout le côté de Varennes et La Palisse sur le grand chemin de Lyon. » (3) Cette variété et cette complémentarité des productions prenaient place dans le cadre d’une rotation triennale des cultures : « Les terres d’une ferme sont divisées en trois parties, chaque année, l’une de ces trois parties est dépouillée d’une récolte principale en bled ensemencée dans l’automne précédent. La seconde partie pour un tiers est chargée au printemps et ensuite dépouillée d’une récolte en orge, chanvre, avoine et fèves et les deux autres tiers restant en patureaux. La troisième est en culture préparatoire pour la semence de la récolte principale en bled de l’année qui suit. En cette seconde année, la première partie produit la récolte en orge, chanvre, avoine et fève, la seconde partie est mise en culture et ensemencée pour la récolte principale en bled de la troisième année. Ainsi une terre produit deux récoltes en trois ans. » (4) Certes, dans son rapport au Préfet de l’Allier, Jean-Marie Cossonnier, sous-préfet de Lapalisse, décrivait avant tout les systèmes culturaux de la Forterre. Cependant, la même rotation prévalait dans la région de Gannat et de Vichy et sans doute de façon plus ou moins dégradée dans la plupart des « Bons Pays » du Bourbonnais. Cette rotation triennale permettait d’intégrer des cultures nouvelles comme celle de la pomme de terre vers 1770 ou de réserver une place de plus en plus grande à la vigne, d’un rapport sans cesse croissant au XVIIIe siècle. Si la vigne était un élément essentiel des « Bons Pays », ce fut surtout dans le Saint-Pourçinois que la viticulture se renforça le plus durant l’époque moderne. Déjà réputés à la fin du Moyen Age, les vins de Saint-Pourçain continuaient à être appréciés sur les marchés urbains : « On exporte sur Paris 30 à 40 mille hectolitres de vin, embarqués principalement au port de La Chaise. Les rouges sont liquoreux et susceptibles d’être conservés longtemps, plus ils vieillissent, plus ils sont délicats. Il y en a chez les plus riches particuliers qui sont en bouteilles depuis 18 à 20 ans et qu’on ne distingue pas du meilleur Bourgogne. Les blancs sont aussi très bons : ce sont ceux que l’on connaît généralement à Paris sous le nom de vins de La Chaise. » (5) Ce vignoble s’étendait à la fin du XVIIIe siècle sur près de 8 000 hectares principalement plantés en Gamay lyonnais, dit « Petit Gamay ». La culture de la vigne gagna même à cette époque des bas-fonds exposés aux gelées tardives et des escarpements difficiles à mettre en valeur.
Même si les systèmes culturaux possédaient leur propre dynamique, les céréales ne cessèrent de demeurer omnipotentes, y compris à l’intérieur du vignoble Saint-Pourçinois. Dans le pays gannatois, les grains occupaient environ les 5/6e des surfaces cultivées et réservaient une place de choix aux céréales panifiables (2/3 de froment, 1/5 de seigle, 1/5 orge-avoine). Cependant, cette maîtrise du système triennal était contrebalancée par la faiblesse de l’outillage. En 1793, le commissaire Garnier, dépêché par la Convention afin de dresser un état du département de l’Allier, notait : « Les terres à chambonnages sont labourées avec des bœufs assez forts, mais des districts étrangers. Celles à seigle, qui sont les plus étendues, sont cultivées avec des vaches ou des bœufs médiocres. Les instruments de labour les plus connus sont les araires. Les uns portent une bêche horizontale très aigue, les autres un fer de lance, d’autres, enfin, un simple coin de forme ronde avec une pointe à l’un de ses bouts. La véritable charrue n’est en usage que dans quelques cantons des districts de Gannat et de Cusset. » (6)
La force du système triennal, malheureusement desservie par la médiocrité de l’outillage agricole, pose le problème des rendements et de la productivité du travail paysan. Dans son Tableau de la situation du département de l’Allier (an IX) le Préfet Huguet prit soin de différencier les fonds de vallées des croupes argileuses : « Les terres qui avoisinent cette ville [Moulins] sont cultivées par des jardiniers dont la culture à la bêche favorise beaucoup le produit des terres. Cette ressource pourrait s’approprier à toute la vallée de l’Allier, connue sous le nom de chambonnage. Les blés y sont beaux, mais leur produit très faible : il roule ordinairement de quatre à six pour un, semence prélevée. Le produit du bétail y est aussi peu considérable, les cultivateurs en sont généralement pauvres et n’ont que l’apparence de l’abondance du moment. Une maladie, des pertes de bestiaux, une mauvaise récolte, les obligent très souvent à s’endetter vis-à-vis des propriétaires. Beaucoup d’entre eux, devenus insolvables, restent simples manouvriers jusqu’à ce que les besoins de la culture, ou de nouvelles avances, les reportent à quelqu’entreprise (…) La nature riche et riante est partout en opposition avec la misère des cultivateurs dont le sort est plus heureux dans les parties hautes composées de terres fortes, d’un fond plus rembruni. Les chênes, sorbiers, noyers, coudriers qui s’y sont multipliés en font une scène plus riante. Les travaux y paraissent mieux étendus, l’aisance des habitants plus générale, leurs habitations mieux soignées, les prairies vastes et bien entretenues, les champs clos de haies vives tandis que la majorité des terres du département presque toutes les haies en bois mort ont le double désavantage de donner au pays un coup d’œil triste et de dégrader de plus en plus les bois environnans qui fournissent à ce genre de clôture. Les bestiaux y sont aussi plus beaux et bien supérieurs à ce qu’ils sont dans les autres parties. Malgré tous ces avantages, le froment qui en forme la principale culture n’y rend que de six à sept par an, semence prélevée, calcul fort en dessous de celui qu’on pourrait en attendre. Dans toutes ces terres fortes, les parties calcaires produisent beaucoup d’orge qui fournit à la majeure partie du pain qui s’y consomme. Dans les parties argileuses, on mange généralement du seigle et souvent un mélange de seigle et de froment. L’espèce d’hommes, mieux nourris, est en général plus belle et plus forte que dans les autres parties. » (7)

Comme le nota avec tant de justesse le commissaire Garnier, les structures foncières de ces « Bons Pays » étaient intimement liées au maillage urbain : « Les propriétés sont assez divisées aux environs des villes, mais pour peu qu’on s’en éloigne, il n’est pas rare de voir quinze à vingt domaines ou fermes entre les mains du même propriétaire. Les petites fermes étant plus aisées à exploiter que les grandes et faisant proportionnellement une plus grande quantité de fumiers, sont mieux cultivées que les grandes. » (8) Du coup, la noblesse et la bourgeoise des villes des « Bons Pays » (Moulins, Gannat, Saint-Pourçain, Cusset, Vichy, Varennes, Lapalisse) dominaient largement la répartition de la propriété en constituant, par un lent travail de rassemblement parcellaire, des exploitations de 20 à 50 hectares louées de 500 à 1 000 livres par an. Face à ces gros domaines agricoles, la paysannerie ne disposait souvent que de petites exploitations (de 2 à 10-15 hectares) fragmentées sur plusieurs terroirs. D’une façon globale, on peut estimer que 25 % du sol appartenait à la noblesse, 25 % à la bourgeoisie urbaine et rurale, 10 % au clergé et, enfin, 40 % à la paysannerie, alors que cette dernière représentait environ 80 % de la population). 

Cliquez sur la carte pour l'agrandir. Commentaire de la carte : Le maillage très serré des ports fluviaux, des bacs, des relais de postes, des lieux de foires et de marchés faisait des « Bons Pays » le centre économique du Bourbonnais. Un réseau plus lâche d’hospices permettait tant bien que mal d’encadrer la pauvreté qui transitait le long des axes routiers. Enfin, ces « Bons Pays » constituaient le territoire bourbonnais le plus encadré par la monarchie qui profita amplement au XVIIe siècle de cette relative richesse pour pourvoir, aux frais des populations locales, au ravitaillement des troupes de passage (lieux d’étape).


(1)- Alfred Freydeire, ouv. Cité.
(2)- Nicolas de Nicolay, Générale description du Bourbonnais, Paris, 1569, pp. 73-88.
(3)- Mémoire de la généralité de Moulins par l’Intendant le Vayer (1698), Moulins, Crépin Leblond, 1902, p. 8
(4)- A. D Allier, Md 10, Lettre du 26 février 1810 du sous-préfet de La Palisse.
(5)- in, Augustin Leclerc, Châtel-de-Neuvre et sa région, Moulins, 1882, p. 50. Lettre de Me Andrivand, notaire à  Saint-Pourçain (Thermidor an XII).
(6)- Rapport du Citoyen Garnier (an II), Bulletin de la société émulation du Bourbonnais, 1898, p. 349.
(7)- Préfet Huguet, Tableau de situation du département de l’Allier (an IX), Bibliothèque nationale, version numérisée sur Gallica.fr. 68 pages.
(8)- Rapport du Citoyen Garnier, op. cité, p. 350..

mardi 11 septembre 2012

Atlas historique du Bourbonnais sous l'Ancien Régime : le Bocage.


L’apparition et la diffusion du bocage en tant que milieu agro-végétal constitue sans aucun doute la dynamique la plus importante de l’histoire agraire du Bourbonnais. Importante, car les paysages bocagers couvrent aujourd’hui plus de la moitié du département de l’Allier et parce le combat contemporain pour rénover les structures foncières liées au bocage, comprenez le métayage, nourrit jusqu’à nos jours les actes et l’imaginaire politiques de la gauche dont on connaît le poids en Bourbonnais. Aux XVIIe-XVIIIe siècles, le bocage était alors en pleine expansion dans notre province et présentait une forme moins « classique » que celle qui fut la sienne de la fin du XIXe siècle aux années 1960.
La chronologie et les conditions de l’expansion des formes bocagères en Bourbonnais demeurent deux questions non tranchées. Faute de sources suffisantes, l’historien ne peut avancer que des ébauches d’explication. Pour Pierre Bonnaud, professeur de géographie à l’Université de Clermont-Ferrand, l’apparition du bocage en Bourbonnais fut tardive, vraisemblablement entre le XVIe et le XVIIIe siècle. Localisé tout d’abord autour de Moulins, le bocage se répandit dans un premier temps dans une large bande allant de la forêt de Tronçais à Dompierre-sur-Besbre. Les formes bocagères gagnèrent ensuite l’ouest et le sud-ouest du Bourbonnais, colonisant au passage les Combrailles, et finit, dans le premier tiers du XIXe siècle, par s’installer sur les pentes de la Montagne bourbonnaise. Le bocage est donc un élément beaucoup plus récent de l’histoire agraire de notre province qu’on pourrait le penser. Il semble que la diffusion de cet agencement agro-végétal dans l’espace central que nous appelons aujourd’hui couramment le « Bocage bourbonnais » coïncida avec une large période de réorganisation des campagnes qui courut du début du XVIe siècle à la fin du XVIIe siècle. Les travaux récents de Jacques Lelong ont permis de faire progresser notre connaissance de l’histoire du bocage. (1) À partir années 1570, dans un contexte économique déprimé, la dépossession paysanne (liée au développement de l’endettement) s’accéléra au profit d’une partie de la noblesse et de la bourgeoise, alors seules capables de se lancer dans une vaste politique de rassemblement parcellaire. Le résultat de ce bouleversement des structures foncières des châtellenies de Moulins, Bourbon, Souvigny, Bessay, Belleperche, Germigny, Murat, Montmarault, Hérisson, Montluçon, Chantelle et Verneuil se traduisit par la constitution de domaines agricoles de 30 à 50 hectares d’une valeur locative de 500 à 1 200 livres annuelles. L’exploitation en faire-valoir direct de ces domaines (parfois appelés métairies) était plutôt rare. En fait, la très grande majorité des propriétaires préféraient avoir recours au faire-valoir indirect en baillant à ferme leurs terres ou en signant un contrat à mi-fruit (système du métayage) pour une durée de 3, 6 ou 9 ans. Cette lente mutation des structures foncières bourbonnaises vit l’émergence d’un nouveau groupe social composé d’investisseurs urbains ou ruraux, généralement appelés marchands-fermiers ou fermiers généraux, qui s’intercalaient entre les propriétaires et les exploitants réels de la terre. Prenant à bail les fermes et les métairies, ces marchands-fermiers se chargeaient dans un second temps de les sous-louer à la paysannerie laborieuse et notamment au monde des métayers. Ce système de médiation économique développa la monétarisation des campagnes et aboutit au triomphe d’un capitalisme rural.
Il serait erroné de croire que les formes bocagères qui se développèrent en Bourbonnais à l’époque moderne étaient déjà dominées et structurées par des réseaux de haies vives qui en constituèrent pourtant jusqu'à nos jours l’image traditionnelle. Au niveau sociologique, ce phénomène de bocagisation fut le résultat d’un lent processus d’appropriation d’espaces agricoles sur lesquels avaient prévalu pendant des siècles une foule d’usages communautaires. La privatisation de l’espace agricole ne fut en fait que partielle. Certes, à l’intérieur de chaque parcelle, tout propriétaire (ou exploitant) pouvait désormais librement ensemencer son sol sans que la communauté villageoise à laquelle il continuait à appartenir ait son mot à dire. Cependant, à la morte-saison, les barrières devaient tomber autour des espaces laissés en jachère afin que les droits collectifs de parcours et de vaine pâture puissent être appliqués. La paysannerie opta donc dans un premier temps pour l’emploi de haies sèches, amovibles, constituées de lacis de branchages et de ronces. La haie vive ne colonisa le bocage qu’au cours du XIXe siècle. L’emploi à l’époque moderne de la technique de la haie sèche contribua de fait au processus de déboisement des régions concernées par le phénomène de bocagisation. Au cours des XVIIe-XVIIIe siècles, les ressources forestières furent en effet surexploitées à la fois par les populations locales, par l’industrie naissante (voir carte) et par des entrepreneurs travaillant pour des marchés plus ou moins éloignés. Ainsi, en 1673, un marchand bourguignon se rendit ainsi adjudicataire de 19 arpents de la forêt de Chasteau-Charles (paroisse de Coutansouze) puis passa un contrat avec un sabotier de la paroisse dans le but de mettre en œuvre « des sabots dans les fouteaux [les hêtres] de la coupe. » (2) En 1764, Gilbert Cartier, marchand apothicaire, agissant au nom de Claude Saulnier, marchand-fermier des Paraudas (Paroisse de Gennetines), vendit pour 400 livres à Pierre Chausseron et Michel Guesdon, charbonniers à Moulins, « un bois taillis appelé communément, le taillis des Paraudas, renfermé de haies à charge d’exécuter la coupe conformément à l’ordonnance des Eaux et forêts, laisser les balivaux modernes et autres balivaux et de ne couper aucun pied cornier. » Les charbonniers devront fabriquer le charbon dans les places vides du taillis « en sorte que la façon et la cuisson d’iceux ne puissent endommager le bois ». La coupe devra être faite dans un délai de deux ans et ils laisseront les taillis clos et bouchés deux mois avant l’expiration du contrat. (3) En 1765, Jean Vialy, du bourg de Villeneuve et Jean Renaud, marchand à Aurouer, vendirent pour 600 livres à Nicolas Bonchrestien, marchand de bois forain pour l’approvisionnement de Paris, un canton en haute futaie dans le bois des pêcheries sur la paroisse d’Aurouer, sans aucune réserve si ce n’est de laisser au sol les branches coupées. (4)
Enfin, il serait également erroné de croire que le bocage était forcément synonyme à l’époque moderne de territoires d’élevage. Certes, en investissant des capitaux dans la constitution d’exploitations conséquentes, la noblesse et la bourgeoisie espéraient engranger de belles rentes foncières et spéculer sur le plus de productions agricoles possibles. A ce titre, le marché de la viande, porté par l’essor du monde urbain, constituait au XVIIIe siècle un débouché économique de premier ordre. Néanmoins, comme tous les « pays », le bocage était avant tout un pays de polyculture où  les surfaces emblavées l’emportaient encore largement sur les surfaces en herbe. La structure du domaine des Belots, situé sur la paroisse de Chemilly, à la limite du bocage et du val d’Allier, illustre à merveille cette polyculture bocagère de l’ancien Bourbonnais. Les 56 parcelles qui constituaient l’exploitation formait un ensemble de 64 hectares et demi se répartissant de la sorte : 48 hectares étaient occupées par des terres labourables, 9 ha par des pâturages, 6 ha par des prés, 0,2 ha par des vignes, les bâtiments, cours et jardins s’étendaient quand à eux sur 1,3 hectare. Au niveau du cheptel vif, on dénombrait 8 bœufs de trait, 5 vaches garnies, 2 taureaux, 2 juments et leur suivant, 1 truie et 2 petits cochons, 9 moutons, 60 brebis et… 4 ruches. (5)

cliquez sur la carte pour l'agrandir. Commentaire de la carte : Le bocage primitif s’inscrivait dans un trapèze délimité par les villes de Moulins, Cérilly, Montluçon et Montmarault. Sillonné par un réseau routier relativement dense, l’économie agricole du bocage s’appuyait sur un remarquable maillage de foires et de marchés
Cliquez pour agrandir la carte. Commentaire de la carte : Le bocage primitif fut le berceau du premier essor industriel bourbonnais. A partir des années 1730, grâce à des initiatives privées et à l’action de l’Etat, des mines furent ouvertes, des forges furent créées, des manufactures virent le jour. Cependant, les capitaux manquèrent de façon chronique, tant et si bien que les ateliers les plus importants ne regroupaient pas plus de 100 personnes. A la veille de la Révolution, le pôle industriel et manufacturier de Souvigny-Messarges était le plus important, situé à la croisée des approvisionnements locaux : charbon du bassin de la Queune, bois des forêts de Grosbois et Messarges, ferd e Buxières et de Gipcy. Le charbon de Fins réputé pour sa qualité alimentait un important trafic fluvial depuis Moulins en direction de Nevers, Orléans, Nantes et Paris.

(1)- Jacques Lelong, ouv. Cité.
(2)- AD Allier, 3 E 1786 (1673)
(3)- AD Allier, 3 E 1681 (1764)
(4)- AD Allier, 3 E 19 (1765)
(5)- AD Allier, 3 E 2875 (1783)
S. HUG