samedi 11 janvier 2014

Lapalisse et La Société d'émulation du Bourbonnais

Assemblée de la Société d'émulation du Bourbonnais dans la salle de la Grenette en septembre 1985 (archives La Montagne)

Fondée en 1846, la Société d'émulation de l'Allier (devenue Société d'émulation du Bourbonnais en 1902), est la plus ancienne société savante de notre province. Puisant, dès son origine, l'essentiel de son ossature dans la bourgeoisie moulinoise, la Société d'émulation domina l'érudition bourbonnaise jusqu'aux lendemains de la Grande Guerre où elle dut alors partager son influence avec la Société des Etudes Locales, les Amis de Montluçon et la Société d'Histoire et d'Archéologie de Vichy. 
De part sa position excentrée par rapport au coeur historique du Bourbonnais (le triangle Moulins/Bourbon/Souvigny), ayant, de plus, comptée bien peu de Lapalissois parmi ses rangs (citons : Roger de Quirielle, Raymond Court, l'Abbé Gariel Déret, Pierre Brayer ou Claude Tain) notre ville ne fit finalement l'objet que de quelques articles et communications en un peu plus de cent soixante ans d'existence. Parmi les sujets locaux abordés, relevons : les découvertes archéologiques gallo-romaines de Lubié, la vie de Saint Lupicin, la chanson de Monsieur de La Palice, l'histoire du Tacot.

S. HUG


vendredi 10 janvier 2014

été 1936 : grève à la Maroquinerie Barthelot



Le 6 août 1936, le Conseil municipal de Lapalisse interdit les rassemblements sur la voie publique
(Archives municipales)

L'été 1936 fut marqué par la seule véritable grève de l'histoire de notre ville. L'application des décrets ministériels mettant en place les résultats des Accords de Matignon (congés payés, semaine de quarante heures, augmentation des salaires, représentations syndicales) posa des problèmes au sein des Etablissements Barthelot. Le fondateur de l'entreprise, Gilbert Barthelot (1880-1968), conseiller municipal élu en 1935 et futur maire de Lapalisse entre 1953 et 1959, refusait en effet d'appliquer l'intégralité de ces décrets. A l'époque, Gilbert Barthelot était un personnage incontournable : premier employeur de la ville (environ 110 employés), il était également le principal bienfaiteur des diverses sociétés et des amicales lapalissoises.
Début juillet, les ouvriers de son usine de maroquinerie se mirent en grève. Le mouvement était conduit par M. Bourgougnon qui y avait créé un syndicat, fort de soixante cinq adhérents, affilié à la CGT. Il régna durant les premières semaines de cette grève une atmosphère de kermesse dont se souvient encore Gaston Gay : "J'avais quinze ans en 1936. Lapalisse avait participé activement au mouvement. Je me souviens du défilé de plusieurs centaines de personnes dans les rues, de l'occupation de l'usine Barthelot. Il y avait une grande tente devant les grilles et les ouvriers occupaient l'usine. On faisait des quêtes, on ramassait des vivres pour permettre aux ouvriers de tenir." (in, De Lapalisse à Colmar et au-delà, 1999) Néanmoins, la situation se durcit entre le 30 juillet, jour où l'usine fut définitivement fermée et le 6 août, où, sous l'action de commerçants lapalissois qui déposèrent une pétition à la sous-préfecture, la municipalité de Charles Rousset ainsi que le Comité local radical-socialiste dirigé par le Docteur Baudon demandèrent l'évacuation de l'usine occupée. Le soir même, l'opération était réalisée dans le calme. S'ouvrirent alors de véritables négociations sous les auspices de M. Vernay, sous-préfet de Lapalisse. Il est noter également que durant le conflit, la municipalité de Lapalisse débloqua près de 22 000 francs (dont 20 000 sous forme de journées de travail à caractère communautaire, des travaux de voiries par exemple) pour venir en aide aux chômeurs. Le 30 août, un accord fut enfin signé entre les représentants des grévistes et Gilbert Barthelot. Le travail ne reprit que le 22 septembre. Piqué au vif par cette crise, Gilbert Barthelot, démissionna de la présidence de l'Union musicale mais il continua malgré tout à oeuvrer pour la vie associative.
L'attitude du Comité radical-socialiste lapalissois peut de nos jours apparaître difficilement lisible. Il faut bien comprendre que dans les années 1936-1937, les radicaux locaux commençaient à être concurrencés sur leur gauche par la toute jeune section locale du parti communiste (regroupant alors une trentaine d'encartés) créée au début des années 1930 par un artisan bourrelier de la rue de la prairie, Antoine Guy (1877-1957) qui en demeura secrétaire et animateur jusqu'à sa mort. Egalement secrétaire local des de la section Amis de l'Union Soviétique, Antoine Guy se rendit même en 1937 en URSS lors d'un voyage de coopération et d'études organisés conjointement par le PC français et le PC russe. Engagé dans la résistance, Antoine Guy fut membre du Comité de libération de Lapalisse en août 1944 et conseiller municipal de 1944 à 1947. Il fut par ailleurs candidat aux élections cantonales de mai 1945.

S. HUG