jeudi 30 septembre 2010

Histoire de l'Union musicale de Lapalisse (troisième partie)

Ce fut au cours des années 1950-60 que l’Union Musicale connut son apogée sous la direction de Joseph Liard et sous les présidences de M. André Boufferet (1949-1954, marchand de bétail), de Marcel Laborbe (1954-1964, marchand de tissus) et surtout du quincaillier Louis Depeyre à partir de 1964. A cette époque l’harmonie comptait 45 sociétaires, l’ensemble symphonique 22 et la clique (tambours et clairons) 26. L'école de musique était alors encadrée par MM. Varenne et Périsse et par Mmes Doulcier et Dufour. L'Union Musicale brilla notamment lors des festivals de Vichy (1946), Bourges (1947), du Mayet-de-Montagne (1951), Beaulon (1955), Jaligny (1959), Belleville-sur-Saône (1961), La Pacaudière (1963) et Huriel (1964).

-


L'Union Musicale en 1964

-


La clique costumée lors du centenaire de la société en 1966. Lors de ce Centenaire, célébré au Stade municipal, un double récital de Michèle Torr et de Marcel Amont fut offert aux Lapalissois.
-

En 1967, Joseph Liard décida de passer la main, remplacé successivement par Serge Mascré, M. Plateau puis, enfin, par Mlle Marcelle Vernezy. En 1970, arriva un nouveau directeur, le roannais Jean Bardon qui dirigea l’Union Musicale pendant plus de vingt ans. Les festivals de Saint-Pourçain (1973), Huriel (1974), Saint-Yorre (1979), Lapalisse (1981), Saint-Gérand-le-Puy (1983), Saint-Germain-des-Fossés (1985), Gannat (1986), Dompierre (1987) et Bourbon-Lancy (1990) jalonnèrent son passage à la tête de la société. En 1980, l’Union Musicale quitta la vieille chapelle de l’hospice pour s’installer dans une nouvelle salle de répétition aménagée rue Winston Churchill, suite à un don des époux Joseph. A cette époque, l'école de Musique est encadrée par Bernard Courbet et André Lustière.
-


Un concert de Sainte-Cécile dans l'église de Lapalisse au début des années 1970.

-


L'Union Musicale en 1986.
-

Une photo qui résume les années 1980 : le président Louis Depeyre, le Chef Jean Bardon et Bernard Courbet, responsable de l'école de Musique.
-

Un concert au kiosque du Jardin public dans les années 1980.

-

Après avoir présidé l’Union Musicale pendant près de trente ans, Louis Depeyre passa la main en 1996 à M. Alain Bischoff, trop vite disparu, puis à M. Antoine Grenier (1997-2004), sociétaire depuis les années 60. Les années 2000 furent quant à elle marquée par l’arrivée d’une nouvelle génération aux affaires avec l’arrivée de Bruno Martin comme Directeur musical, Mmes Soitel et Martin à la tête de l'école de Musique et la coprésidence de M Jean-Marc Fournier et de Mme Pascale Charbonnel (2004-2007). En 2002, l’Union Musicale quitta ses locaux de la rue Winston-Churchill pour prendre possession d’une salle flambant neuve, avenue de la Gare, dans les murs de la Maison des Associations. Si l’Union Musicale doit de nos jours lutter avec énergie pour peréniser une formation qui ne compte désormais plus qu’une quarantaine de membres, l’Union Musicale, présidée depuis 2007 par Mme Pascal Charbonnel, continue à animer durant toute l’année la vie lapalissoise et celle des villages environnants.


L'Union Musicale de nos jours.
-

Remerciements au bureau de L'Union Musicale pour son aide documentaire ainsi qu'à MM. Turland, Choubert et Parillaud.

S. HUG


HUGSTEPHANE@aol.com

jeudi 23 septembre 2010

Histoire de l'Union Musicale de Lapalisse (deuxième partie)

-
Désorganisée par la Grande Guerre, l’Union Musicale repartit en 1919 sous un statut municipal.
Ce fut justement ce statut qui fut à l’origine d’une grave crise en 1926-1927. L’Union Musicale, alors sous la présidence de M. Roussel, marchand de Vins et de spiritueux, fut mise en sommeil pendant plusieurs mois. A cette époque, la municipalité d’Auguste Coche désirait en effet conserver un droit de regard sur les statuts de la société et donc sur ses activités. Devant la fronde des administrateurs de la société musicale, le Maire décida de fermer la salle de répétition, installée dans l’ancienne chapelle de l’hospice, et de geler les subventions municipales. L’industriel Gilbert Barthelot intervint alors, finança sur ses deniers la relance de la société et permit aux musiciens de répéter dans les ateliers de son usine. La nouvelle Union Musicale se distingua alors aux concours de Thiers (1932), Lapalisse (1934) et Montluçon (1935). Gilbert Barthelot devint Président de l’Union Musicale en 1932 et le demeura jusqu’en 1936, année durant laquelle la grève qui paralysa son usine durant les mois de juillet et d’août entraîna sa démission. Réorganisée à la hâte, autour d’un nouveau Président, l’entrepreneur en matériaux de construction Jean Depeyre, le chef roannais Girardon fut également écarté au profit du très charismatique Joseph Liard, clarinettiste lapalissois de grand talent.

L'Union Musicale en 1932. Au centre du premier rang, Gilbert Barthelot, Président de la société, à sa droite, Auguste Coche, maire de Lapalisse et le Chef Girardon. Dans son receuil de nouvelles La Grande Ecole, paru en 1981, Georges Romaillat se souvient de ce chef de musique :

"La Musique était une petite société à part. On y trouvait tous les âges, entre quatorze et quatre-vingts ans, ainsi que toutes les conditions sociales. Le Chef, M. Girardon, venait de Roanne chaque semaine par le train, pour diriger la répétition. C’était un ancien de la Garde Républicaine, un petit homme à cheveux blancs, strictement vêtu de boir, portant chapeau melon, extrêmement courtois, mais assez peu communicatif. Dans sa main droite, sa baguette planait sur la partition et sur les musiciens. Dès qu’il accédait à l’estrade, il était métamorphosé, sa main gauche entrant dans le jeu par toute une série de mouvements précis, violents, parfois impératifs, ou caressants. La bouche, les yeux participaient à cette symphonie du geste. Il avait composé dans sa jeunesse et, noblesse oblige, on jouait quelques-unes de ses œuvres. Je me souviens, mais bien mal d’une certaine « Torah », sorte de poème symphonique austère inspiration biblique, où la partition de clarinettes avait une place royale. Par contre, ce Monsieur sévère, avait écrit, entre autres choses, une charmante petite marche toute sautillante, avec un joyeux mouvement rempli d’humour. Il avait intitulé ce petit chef-d’œuvre « la Marche des Bonnes Vieilles ». Quand il était satisfait de la répétition, il nous l’octroyait en final, pour nous récompenser ! "

Dans la vie de l'Union Musicale, le dimanche de la Sainte-Cécile prenait autrefois des tournures épiques :
«Le dimanche suivant le 22 novembre, le programme était particulièrement soigné, et conçu pour la circonstance. A la grand’messe de onze heures, la Musique prenait place dans un transept, et l’assistance avait droit à un office quelque peu bruyant, avec notamment une sonnerie de clairon juste avant l’Elévation. Des âmes pieuses trouvaient à redire, les fracas des cuivres étant peu propice au recueillement ! Mais après le profane, il y avait la partie noble : on exécutait « Les Erinnyes » de Massenet, « La Symphonie inachevée » de Schubert et « La Pavane pour une Infante défunte » de Ravel. Après ces hauts moments, la vie courante reprenait ses droits dès la sortie de l’église. Cécile, patronne des musiciens, fut vierge et martyre. Comme on précise d’autre part qu’elle aurait été mariée au païen Valérien, la transition était facile. Pour l’honorer selon ses mérites, la grande fête païenne démarrait dans tous les cafés de la ville, où l’apéritif était à discrétion pour tout porteur d’un uniforme à écussons en forme de lyre. Le banquet, comme ceux de ce temps, était monumental, et les nouvelles recrues commentaient avec un certain effarement mêlé d’admiration, ces anciens qui se tenaient héroïquement à table, en doublant tous les plats, jusqu’à une heure avancée de la nuit. Après les desserts et les chansons grivoises, l’assistance perdait peu à peu ses effectifs. Un dernier carré résistait vaillamment, trébuchant entre les tables, piétinant les cartes à jouer, certains s’endormaient sous les bancs. Finalement, le combat cessait aux aurores, faute de combattants ! » (Georges Romaillat, ouv. cité).


Dans les années 1920-1930, l'Union Musicale avait monté une petite compagnie théâtrale qui jouait à l'occasion la comédie lors de concerts.

Un groupe de virtuoses dans les années 1920



L'Union Musicale en décembre 1944. Notez sur ce cliché la présence d'une partie de l'orchestre symphonique de Lapalisse qui exista entre 1936 et 1962. Au centre du premier rang, le Chef Joseph Liard, à l'extrême-droite, avec le chapeau noir, Madame Pophillat, responsable de l'école de Musique et Alphonse Bletterie (flûte traversière), grande figure lapalissoise, membre du comité de Libération de Lapalisse et conseiller municipal de 1945 à 1971.
(documents photographiques Michel Parillaud).

-
A suivre...
S. HUG

lundi 6 septembre 2010

Un théâtre social : les bains-douches

-


-

La construction d'un établissement communal de Bains-douches fut décidée par la municipalité de Charles Bécaud, mais ce fut Gilbert Barthelot qui l'inaugura en 1954. Au rez-de-chaussée, se situait un petit hall doté de deux rangées de chaises où les usagers étaient invités à patienter le temps qu'une cabine se libère. Au fond, se dressait le comptoir où étaient délivrés les tickets. A droite, la chaudière et le système de cuves fonctionnaient dans un vacarme qui faisait très souvent vibrer la porte de service. On accèdait à l'étage par un lourd escalier style années 50. A droite, le couloir des femmes, à gauche le couloir des hommes.


Certains se souviennent encore que dans les années 50-60, les petits notables lapalissois ne disposant pas encore de véritable salle de bains à leur domicile, prenaient de grandes précautions pour éviter d'être vus entrant dans les Bains-douches et cela afin d'éviter la honte sociale... Les Bains-douches n'étaient pas seulement un établissement public, au hasard des conversations ce lieu prenait souvent l'aspect d'un véritable salon populaire, animé par Mme Fernande Lustière (l'unique préposée aux lieux entre 1954 et 1987), où l'on venait chercher les dernières nouvelles et même revisiter la lutte des classes. Je fus moi-même témoin dans mon enfance de passe d'armes inoubliables.

-

S. HUG

vendredi 3 septembre 2010

La Pologne éternelle des Solak

-

On pourrait croire au regard de l’historiographie française de ces trente dernières années que l’histoire des migrants et des immigrés serait en passe d’être bouclée. Des maçons de la Creuse qui, autrefois, montaient chaque année à Paris au creuset afro-méditerranéen de la Goutte d’Or en passant par les Savoyards de Lyon, les Bougnats et les Bretons de la Capitale, les Polonais du Nord et de Lorraine ou bien encore les harkis et les Pieds-Noirs du Sud de la France, la liste des études consacrées aux différentes formes de migrations et aux différentes communautés d’immigrés et d’expatriés s’est prodigieusement allongée depuis les années 1980. Ces travaux furent soit menés par des enfants de la deuxième génération qui, après avoir achevé le processus d’intégration, commencèrent à cultiver la mémoire du départ, soit par des universitaires qui découvrirent au lendemain de l’embrassement du quartier des Minguettes en 1982, un visage de l’immigration qu’ils avaient jusqu’alors ignoré. Alors que la perpétuelle réinvention des circuits et des formes de migrations poussent à remodeler les problématiques historiques, il est un angle d’étude que les historiens français ont laissé de côté, faute de base statistique : il s’agit des isolats, concept sociologique qui désigne en fait, derrière une apparente sécheresse, ces individus et ces familles qui ont posé leurs valises en un lieu où leurs frères de fortune ou d’infortune ne sont pas légion. Cet isolement, complet ou relatif, conduisit souvent les étrangers à confiner la mémoire de leur pays d’origine entre les murs de leur domicile.
La ville de Lapalisse, étrangère aux grands courants d’immigration, constitua au cours du XXème siècle l’un de ces isolats pour une poignée d’Italiens, de Polonais, de Maghrébins ou plus récemment pour quelques Turcs. En évoquant le parcours de Jacob et d’Anna Solak, deux Polonais arrivés à Lapalisse dans les années 1930, nous ne chercherons pas seulement à savoir comment ils se sont intégrés dans la société lapalissoise, mais surtout comment ils ont su préserver leur Pologne, rue Piessat, le long de Gièze.


Anna Wojdak naquit en 1900 dans le village de Bielcza, près de Cracovie, au sein d’une famille de charpentiers. Elle était l’aînée des filles d’un foyer qui ne comptait pas moins de dix enfants. A la mort de sa mère, en 1914, âgée donc d’à peine quatorze ans, Anna prit les rênes de la maison et se chargea de l’éducation de l’ensemble de la fratrie. Autour de sa vingtième année, Anna rencontra Jacob Solak. Le père d’Anna vit plutôt d’un mauvais œil cette idylle, car il craignait que sa fille ne quitte le toit familial, perdant ainsi celle qui veillait sur la maisonnée depuis plusieurs années. Afin d’envisager une vie commune, Anna et Jacob choisirent alors de s’expatrier en France. Ce fut vers le milieu des années 1920 que ce jeune couple, uni d’ailleurs dans l’église de Bost, vint s’installer une première fois dans la région de Lapalisse. Ils apprirent seuls le français. Si Anna acquit au fil du temps une maîtrise relativement bonne de notre langue, Jacob ne parvint en revanche jamais à le lire et batailla jusqu’à la fin de sa vie avec l’emploi de certains déterminants.
En 1926, une petite Jeannette, enfant unique du couple, vint au monde à Saint-Prix. Au bout de quelques années, Anna et Jacob ayant réuni un petit pécule qu’il destinait à leur famille de Bielcza, rentrèrent en Pologne. Ce ne fut qu'en 1935 que le couple Solak et leur fille Jeannette revinrent à Lapalisse où Jacob fut employé comme charretier à la scierie Bécaud et Anna comme aide ménagère au domicile des Bécaud. Charles Bécaud, futur maire de Lapalisse entre 1945 et 1953, leur trouva d’ailleurs une petite maison tout à côté de sa scierie que les Solak purent, au fil du temps, aménager à leur goût et selon les besoins de leur vie qui était encore fortement teintée de ruralité. Au rez-de-chaussée, une petite cuisine et une salle à manger, à l’étage, deux chambres. Mais surtout, tout autour de la maison, une étonnante juxtaposition de constructions réalisées en planches récupérées à la scierie : deux étables, l’une pour le cheval qui assurait les livraisons de charbon et de bois, l’autre abritant une vache qui fournissait au couple, lait, crème et beurre, mais aussi des remises et une tonnelle qui conduisait à travers le jardin jusqu’à la Gièze. Ce fut donc indéniablement par le biais du travail que les Solak s’intégrèrent dans la société lapalissoise. Ayant servi un temps dans les cosaques, Jacob Solak, vraie force de la nature, était dur à la peine et n’hésitait pas, les plus anciens doivent encore s’en souvenir, à jeter un sort, plusieurs fois par jour, à la fatigue à grands coups d’eau-de-vie.
Au-delà des sentiments profonds qui restent quasiment insondables pour l’historien faute d’écrits autobiographiques, l’attachement des Solak à la culture polonaise peut se décliner autour de trois marqueurs sociaux : le rapport à la langue maternelle, la religion et la cuisine ?


Photos ci-dessus : Jacob et Anna Solak lors d'une fête familiale dans les années 50. Ci-contre : Anna Solak devant sa maison tenant Jean-Pierre Chervin, petit-fils de Charles Bécaud.


Sous leur toit, les époux Solak utilisaient volontiers le français. La langue polonaise ne ressurgissait que lorsque le ton montait entre eux et surtout le dimanche, lorsque leur maison se remplissait d’immigrés polonais travaillant dans des fermes des environs venus taper la belote et accessoirement donner à Anna leur linge à raccommoder. Pendant de longues années, la maison Solak fut en effet l’un des pied-à-terre les plus prisés par les immigrés polonais de la région : on y venait chercher un peu d’air du pays et glaner quelques nouvelles. Chaque jour, le facteur apportait le quotidien de langue polonaise Narodowiez qui, interdit en Pologne, était imprimé dans le Nord de la France. Anna entretint également une correspondance très suivie avec sa famille de Bielcza : à l’époque on pouvait espérer, dans le meilleur des cas, obtenir des nouvelles de Pologne quatre à cinq semaines après avoir envoyé une lettre de Lapalisse. Un peu plus tard, durant les années 60 et 70, Anna fit régulièrement parvenir des colis à sa famille qu’elle ne revit pour la première fois qu’en 1972 lors d’un voyage de trois semaines en Pologne. Mais ce fut sans nul doute durant l’Occupation que la solidarité familiale fonctionna le plus. En 1940, Ludwik et Josef Wadjak, deux frères d’Anna, s’enrôlèrent dans l’Armée polonaise de Coëtquidan qui fut vite mise en déroute par la Wehrmacht lors de la Campagne de France. Faits prisonniers, ils réussirent à s’évader et rejoignirent Lapalisse à marche forcée. Josef y retrouva sa femme et sa petite fille, il fut lui aussi embauché à la scierie Bécaud et tous demeurèrent là jusqu’à la Libération. Enfin, la sociabilité polonaise des Solak était également entretenue par des liens très forts qui les unissaient à deux familles des environs : les Glanowski, qui habitaient alors sur la route du Donjon et les Ribarsyk de Montaigu-le-Blin.


Autre trait de la culture polonaise des Solak : l’attachement viscéral à la religion catholique. Les fêtes du calendrier liturgiques étaient scrupuleusement célébrées et chaque dimanche, Anna mettait sa plus belle robe et un chapeau pour se rendre à la messe alors que Jacob revêtait un costume cravate. La maison des Solak contenait de nombreuses images pieuses, des crucifix et des petits bénitiers en porcelaine dans lesquels, d’ordinaire, trempaient des branches de buis. Notons également que durant les années 60 et 70, un prêtre, cousin d'Anna, vint à plusieurs reprises de Pologne, séjournant chaque fois quelques jours à Lapalisse. A partir de 1978, plusieurs portraits du tout nouveau Pape Jean-Paul II furent fièrement accrochés par Anna Solak.


Ci-dessus : les époux Solak en 1967.


Ceux qui ont connu le foyer des Solak se souviennent encore des prodigieux repas dominicaux qui attendaient les visiteurs : après la viande et les charcuteries du midi, les agapes reprenaient en fin d’après-midi, passée la traditionnelle belote, avec une soupe, une salade et une viande froide. Quelques spécialités slaves avaient également voyagé avec les Solak et avaient ressurgies de façon inattendue sur les bords de la Gièze. Alors que Jacob cultivait des carrés entiers de choux destinés à être salés et macérés pour finir en choucroute, Anna laissait grossir les cornichons du potager avant de les saler et de les aromatiser au fenouil. Anna avait également l’habitude de préparer des pierrogis, des beignets garnis de fromage frais et de pomme cuites à l’eau et revenues dans du beurre, ainsi que des platskis, des galettes à base de pommes de terre, d’œufs et de farine.

Ce fut sans nul doute autour de la table, espace premier de partage, que la générosité des Solak s’exprima le mieux. Grâce à eux, une once d’âme slave habite encore le cœur de ceux qui les ont fréquentés.


(*)- Plusieurs générations de collégiens lapalissois ont bien connu Jeannette Solak, puisqu'il s'agissait tout simplement de Mme Beurrier, concierge pendant plus de vingt ans au Collège Lucien-Colon, décédée en 1985 à seulement 56 ans.

-
Remerciements à Mme Michelle Beurrier, petite-fille d'Anna et de Jacob Solak, à Mme Hélène Bourdeix, nièce du couple Solak, ainsi qu'à Mme Michelle Bécaud et M. Jean-Pierre Chervin, petits-enfants de Charles Bécaud.
-
S. HUGCouleur du texte