vendredi 29 février 2008

Avril 1814 : le conseil municipal de Lapalisse salut le retour des Bourbon


S. HUG

Le 5 août 1941 : le conseil municipal de Lapalisse s'inquiète du possible transfert de la sous-préfecture à Vichy.


(Archives de la Mairie de Lapalisse - cliquez sur l'image pour l'agrandir) - L'idée de transférer la sous-préfecture de Lapalisse à Vichy se fit de plus en plus pressante au cours des années 1930. A la fin du mois d'août 1941, l'Etat français trancha dans le vif mettant ainsi un terme à cent quarante et une années de présence de l'administration préfectorale à Lapalisse.
S. HUG

Jeanne Labourbe : une Lapalissoise dans la Révolution russe


Jeanne Labourbe naquit à Lapalisse en 1877 dans une famille de journaliers marqués par les idées républicaines. Commençant à gagner sa vie comme repasseuse, il entra au service d'une riche famille polonaise comme gouvernante et préceptrice devant enseigner le Français aux enfants. Elle vécut donc à partir de 1896 à Tomachev dans la partie russe de l'ancienne Pologne. De retour en France en 1903, elle essaya de passer sans succès le Brevet élémentaire à Moulins, espérant de la sorte devenir institutrice. Regagnant l'ancienne Pologne, elle adhéra en 1905 au Parti social-démocrate. Expulsée de Pologne à la fin de l'année 1905, Jeanne Labourbe vécut pendant près de dix ans enre la Russie et la France. Durant la Grande guerre, elle épousa le militant serbe socialiste Voukhachine Marcovitch. Le couple s'installa à Moscou dans le courant de l'année 1917... Premier membre français du Parti bolchévique, Jeanne Labourbe intégra un groupe d'interprètes dont le but était de tenter de rallier à la cause des soviets le plus possible de soldats occidentaux engagés aux côtés des Russes blancs (pro-tsaristes) dans la guerre civile qui avait éclaté au lendemain de la Révolution d'octobre. Lors d'une mission à Odessa, en Crimée, Jeanne Labourbe fut faite prisonnière par les Blancs qui la passèrent par les armes le 2 mars 1919.

Une rue de Lapalisse porte son nom depuis 1988.


S. HUG

jeudi 28 février 2008

Edme de La Poix de Fréminville : le prince des feudiste


Né à Verdonnet, dans le nord de la Bourgogne en 1683, Edme de La Poix de Fréminville était issu d'une famille de marchands et de petits officiers seigneuriaux et royaux bourguignons. Devenu notaire en 1713, il s'établit à Marcigny. Très rapidement, notre homme se tailla une belle réputation dans les opérations de rénovation des terriers (cadastres seigneuriaux) et dans la défense des causes féodales (devenant du coup spécialiste de ces questions = feudiste). En 1725, il devint lieutenant-bailli du marquisat de La Palisse, puis, en 1733, bailli (juge seigneurial), fonction qu'il occupa jusqu'en 1765. Quittant alors La Palisse, Edme de La Poix de Fréminville alla résider à Lyon où il mourut en 1773. Auteur de beaux traités de droit féodal et seigneurial publiés durant les années 1740-1760, La Poix de Fréminville demeura jusqu'à la Révolution l'un des juristes les plus lus de son époque.


S. HUG

(HUGSTEPHANE@aol.com)

Antoine Brun : la politique et les sciences


Né à Saint-Quintin (dans la vallée de la Sioule) en 1881, Antoine Brun passa par l'école normale de Moulins et fut nommé dans la foulée au Breuil en 1905 où il fit toute sa carrière (directeur de l'école de 1919 jusqu'à sa retraite en 1934). Mobilisé en 1914, Antoine Brun fut blessé devant Verdun en juin 1916 et à Saint-Mihiel en mars 1917. Décoré de la Croix de Guerre, il reçut la Légion d'honneur en 1920. Conseiller municipal du Breuil de 1936 à 1959, il fut maire de la commune de 1936 à 1947. En1937, il devint conseiller général du canton de Lapalisse et le demeura jusqu'en 1951. Se passionnant pour la minéralogie et la botanique, Antoine Brun acquit surtout une grande renommée dans l'étude des étoiles variables. Antoine Brun s'éteignit au Brun le 6 janvier 1978.


S. HUG

mercredi 27 février 2008

Honneur aux 51 sous-préfets de Lapalisse (1800-1940)


Un sous-préfet de Lapalisse en tenue d'apparat lors d'une cérémonie officielle au début du XXe siècle
(Collection Pierre Desmarais)


Jean-Marie Cossonnier 1800-1814


Felix de Conny 1814-1820


Nicolas Rougier de La Bergerie 1820


Charles-Alexis Le Père 1820-1824


Joseph de Longueil 1824-1830


Claude Desvernois 1830-1833


Adrien Lefebvre 1833-1834


Auguste Guibal 1834-1848


Claude Chatelard 1848


Edmond Garat 1848


Antoine de Rochefort 1849-1853


Camille Bonnet 1853-1856


Eugène Picard d'Ambeysis 1856-1858


Béraud Vaissière 1858-1864


Louis Delambre 1864-1865


Ernest Valicourt d'Ambrines 1865-1867


Adolphe Boucher d'Aubanel 1867-1869


Pierre Jolivot 1869-1870


Parot-Loissière 1870


Jean de Quirielle 1870-1871


Emmanuel Golstein 1871-1872


Felix Villemant 1872-1873


Henri Jahan 1873-1876


Paul Reibell 1876-1877


Auguste Peunot 1877


Ernest Stouls 1877


Louis Lépine 1877-1879


Mesmin Séguy-Villevaleix 1879-1880


Jean Génissieu 1880-1881


Pierre Hutteau d'Origny 1881


Jules Belleudy 1881-1886


Hyacinthe Font-Réaulx 1886-1890


Eugène Weill 1890


Louis Chenot 1890-1896


Pierre Granjux 1896-1898


Louis Launois 1898


Georges Rischmann 1898-1904


Georges Dutois 1904


François Astruc 1904-1905


Antoine Nectoux 1905-1910


Charles Vatrin 1910-1914


François Sibra 1914


Frédéric Kuenze 1914-1918


Gaston Tabart 1918-1921


Antoine Giacobbi 1921-1925


Ferdinand Lopin 1925


Felix Savelli 1925-1929


Emile Gardas 1929-1934


René Vazon 1934-1936


Claudius Vernay 1936-1940


Lieutenant-colonel Marage 1940-1941

mardi 26 février 2008

François Grèze : une certaine idée du mandat de maire


François GREZE

(Paris 1925 - Vichy 2011)

Chevalier de l’Ordre du mérite
Médaille d’honneur départementale
Maire de Lapalisse de 1971 à 1995
Conseiller municipal de 1995 à 1998
Docteur en médecine, rue Baudin




Même si la carrière politique du Docteur Gréze eut à souffrir d’un évident déficit d’image causé par le côté abrupt du personnage, l’homme possédait un exceptionnel sens de la droiture. Gérant avec prudence les affaires communales, quitte, pour certains détracteurs, à faire preuve d’une trop grande frilosité, ce médecin généraliste devenu maire à la surprise quasi générale en 1971, administra la ville pendant vingt-quatre ans.
Fils d’un marchand de bois de la région sanfloraine et d’une institutrice, François Grèze fit des études de médecine à la faculté de Clermont-Ferrand, puis son internat à l’hôpital de Vichy. En 1951, il s’établit à Lapalisse comme médecin généraliste, tout d’abord sur l’avenue de la Gare, puis, rue Baudin. S’insérant peu à peu dans la vie associative, le Docteur Grèze devint Président de l’AAL de 1964 et le demeura pendant six saisons. Les débuts en politique de François Grèze datent de 1967, année durant laquelle il se présenta comme suppléant du centriste Charles Cointot aux législatives de mars. En mars 1971, le Docteur Grèze se présenta pour la première fois aux élections municipales. La décision de Lucien Colon, maire sortant, de ne pas se représenter, ouvrait une période d’incertitude durant laquelle le paysage politique local risquait fort d’être bouleversé. Trois listes se retrouvèrent en lice : une Liste républicaine indépendante d’administration et d’expansion communale (regroupant essentiellement des anciens colistiers de Lucien Colon et menée par son ancien bras droit, Jean Daumur), une républicaine pour le renouveau et l’expansion de Lapalisse (liste regroupant des hommes et des femmes neufs), sur laquelle figurait François Grèze, et une Liste des gauches pour une gestion sociale et démocratique (menée par le communiste Gaston Gay). Elu dès le premier tour sur une liste qui obtint finalement 14 sièges sur 21, le leadership de François Grèze n’allait finalement pas de soi face à sa colistière, Mme Jacqueline Dubuis, pharmacienne, qui le devançait de plus de deux cents voix. La place de la femme dans la vie politique n’étant pas encore une chose acquise dans cette France du début des années 1970, la plupart des colistiers de la Liste pour le renouveau et l’expansion de Lapalisse choisirent de se ranger derrière une candidature du Docteur Grèze au poste de maire. Le 26 mars 1971, au premier tour de scrutin, François Grèze fut élu maire de Lapalisse avec 14 voix contre 7 à Jean Daumur. Dans la foulée, Georges Ducout, cadre administratif et Firmin Périsse, cadre bancaire retraité, furent respectivement élus premier et second adjoints.


Le premier mandat du Docteur Grèze (1971-1977) fut celui des apprentissages pour un homme qui n’avait eu jusqu’alors d'expérience des affaires municipales. Le dossier le plus important fut celui de l’extension et de la modernisation de l’hôpital rural qui évolua vers une structure du type maison de retraite et cela d’autant plus qu’à l’automne 1971 la maternité fut fermée pour des raisons sanitaires. En mars 1976, le Docteur Grèze décida de se porter candidat aux élections cantonales sous l’étiquette républicaine. Arrivé en tête au premier tour (2035 voix contre 1946 à Jean Daumur PS et 1085 à Gaston Gay PC), le report des voix de gauche au second tour profita largement à Jean Daumur qui fut élu conseiller général avec 2912 voix contre 2386 à François Grèze.
Aux municipales de mars 1977, la Liste sortante du Docteur Grèze se retrouva face à une liste d’union de la gauche pilotée par le conseiller général socialiste Jean Daumur et par le communiste Gaston Gay. Dès le premier tour, la liste républicaine pour la poursuite d’une expansion raisonnée du Docteur Grèze remporta les 23 sièges à pourvoir. Le 18mars 1977, le Docteur Grèze était réélu triomphalement maire de Lapalisse par l’ensemble des nouveaux conseillers municipaux. Georges Ducout fut réélu premier adjoint, MM. Francpourmoi, vétérinaire retraité et Chérasse, commerçant à la retaite, furent élus deuxième et troisième adjoints.
Le second mandat de François Grèze fut dominé par la signature d’un Contrat de Pays en 1978 regroupant à terme une trentaine de communes tout autour de Lapalisse au sein d’un SIAD (Syndicat Intercommunal d’Aménagement et de Développement). Les objectifs de ce Contrat de Pays était de lutter contre les effets de l’exode rural en soutenant les initiatives économiques et culturelles endogènes. Un centre de parachutisme fut notamment créé sur l’aérodrome de Lapalisse-Périgny en 1981, la même année, l’ancienne halle aux blés de la ville, la fameuse Grenette, fut réhabilitée en salle culturelle multifonction.
Aux municipales de mars 1983, la liste d’Union républicaine pour l’expansion de Lapalisse du Docteur Grèze se retrouva face à deux autres listes : une liste de l’Opposition unie, conduite par le tout nouveau conseiller général du canton de Lapalisse, Bernard Le Provost et une liste d’union pour la prospérité de Lapalisse et le soutien à la majorité présidentielle, rassemblant toutes les forces de gauche. Au premier tour du scrutin, la liste Grèze obtint la majorité absolue en remportant 21 des 27 sièges à pourvoir.
Passionné par les questions sociales, le Docteur Grèze, soutenu par son épouse qui animait d’ailleurs de nombreuses associations d’entraide, continua, lors de ce troisième mandat municipal, sa politique de modernisation et d’agrandissement de la Maison de retraite qui devint très vite un établissement modèle. Le 26 janvier 1986, le secrétaire d’Etat à la Santé, Edmond Hervé inaugura les nouveaux bâtiments en grande pompe. Ce troisième mandat fut aussi marqué par la rénovation du centre de secours, l’aménagement de la Place Jean-Moulin, la poursuite de l’assainissement des différents quartiers de la ville, l’extension des pistes et des locaux de l’aérodrome et la réalisation d’une Maison du temps libre.
En septembre 1988, le Docteur Grèze décida de se représenter aux élections cantonales. Sans étiquette au premier tour, il est devancé par le conseiller général sortant, Bernard Le Provost URB (1530 voix contre 1938). Le troisième homme, le communiste Gaston Gay, fort de ses 1045 voix se retrouva en position d’arbitre. Théoriquement, le report des voix de gauche aurait profité à François Grèze. Cependant, Gaston Gay décida de se maintenir au second tour, créant par la même occasion une triangulaire qui intéressa tous les observateurs politiques du pays. Entre les deux tours, le Docteur Grèze obtint le soutien du Parti socialiste en « remerciement » du soutien apporté par le maire de Lapalisse à la candidature présidentielle de François Mitterrand quelques mois plus tôt. La triangulaire du 4 octobre profita à Bernard Le Provost qui fut réélu conseiller général avec 2237 voix contre 2094 à François Grèze et 713 à Gaston Gay. Déçu par les résultats de ces élections, le Docteur Grèze décida le lendemain même de démissionner de son poste de maire de Lapalisse. Durant les jours qui suivirent 14 des 21 conseillers de sa majorité décidèrent de démissionner à leur tour. Le 4 décembre 1988, eurent lieu des élections municipales complémentaires mettant aux prises deux listes : une liste de rassemblement et d’ouverture pour l’administration de Lapalisse conduite par un Docteur Grèze regaillardi et une liste de rassemblement des forces de gauche conduite par le communiste Gaston Gay. La droite lapalissoise et son chef de file le conseiller général Le Provost préféra très stratégiquement ne pas participer à ce scrutin jugeant qu’il s’agissait d’une affaire interne à la gauche. Il n’est d’ailleurs pas faux de remarquer que la composition de la nouvelle liste Grèze faisait état d’une nette inflexion à gauche qui ne fut pas sans conséquence par la suite. Le résultat des urnes fut sans appel : la liste Grèze obtint 23 sièges n’en laissant que quatre à la liste de gauche.
Cependant, la crise politique de l’automne 1988 fragilisa la majorité municipale du Docteur Grèze dont l’aile droite entama un rapprochement avec l’opposition RPR de Bernard Le Provost. Aux élections municipales de mars 1989, trois conseillers sortant vinrent grossir les rangs de la liste de rassemblement d’union pour vivre et travailler à Lapalisse (URB). Confronté également à la traditionnelle liste d’union des forces de gauche, le Docteur Grèze fut mis en balotage. Au second tour, la liste du maire sortant triompha finalement en remportant 20 sièges, 6 revenant à l’opposition de droite qui doublait ainsi sa représentation au sein du conseil municipal.
Le quatrième mandat (1989-1995) du Docteur Grèze fut marqué par une certaine morosité. Alors que la situation économique du bassin d’emploi de Lapalisse ne cessait de se détériorer (fermeture de la SAVAB, des Ets Barthelot, Foucault, Crégut et Vynicuir), une partie de la population lapalissoise commença à exprimer sa volonté de voir s’installer à l’hôtel de ville une nouvelle génération d’élus municipaux. Le Docteur Grèze essaya d’enrayer la déstructuration du tissu industriel local en convaincant notamment le volailler Fléchard de venir s’implanter sur la ZA de Rosières. Malheureusement, la soixantaine d’emplois créée pesa finalement peu face aux trois cents emplois perdus en moins de dix ans…
François Grèze mit toujours un point d’honneur à garder une indépendance politique totale, quitte à tourner le dos aux réseaux départementaux et régionaux. Cette recherche constante de la liberté de manœuvres était encore possible au début des années 1980, mais passées les lois de décentralisation, il devint de plus en plus difficile de tenir cette ligne de conduite.
Dans l’espoir de défendre les intérêts de sa ville au niveau départemental, le Docteur Grèze décida de se présenter une nouvelle fois aux élections cantonales de mars 1994. Pour la première fois depuis bien longtemps, six candidats sont en lice. Un tel schéma facilita bien entendu l’éparpillement des voix . Au premier tour, l’URB Bernard Le Provost arriva largement en tête (35 %) devançant François Grèze (22 %) et Dominique Chassenieux (PS – 21 %). De façon théorique, le report des voix de gauche aurait du profiter à François Grèze. Cependant, au soir du second tour, Bernard Le Provost fut réélu avec 53,82 % des voix et réalisa même l’exploit de devancer à Lapalisse le Docteur Grèze de cent cinquante voix. La donne politique locale était en train de changer à quelques mois du renouvellement municipal.
La campagne électorale de 1995 s’annonçait difficile pour le Docteur Grèze qui dut tout d’abord prendre acte de la volonté de certains de ses conseillers de se retirer de la vie politique locale. D’ autres essayèrent de le convaincre de ne pas s’engager dans un cinquième mandat dont la conduite serait forcément très difficile. Défendant bec et ongles son bilan, le Docteur Grèze décida de constituer une liste Horizon 2000 qui se retrouva face à une liste de rassemblement et d’union pour vivre et travailler à Lapalisse conduite par Bernard Le Provost. Les résultats des urnes furent sans appel, dès le premier tour la liste Le Provost obtint la majorité absolue enlevant 21 des 27 sièges à pourvoir.
Le docteur Grèze se retrouva donc simple conseiller municipal après avoir été le premier magistrat de la ville pendant vingt-quatre ans. Après trois années d’opposition parfois tendue avec la nouvelle équipe municipale, François Grèze démissionna de ce mandat le 5 mars 1998. Vendant peu après ses biens lapalissois, le Docteur Grèze choisit de se retirer dans sa propriété bussetoise.


S. HUG


(HUGSTEPHANE@aol.com)

Les Bécaud : les hommes de la Résistance













LES BECAUD


Charles Bécaud (1887-1955)
(personnage le plus à droite sur la photo ci-contre)


Conseiller municipal de 1935 à 1941
Maire de Lapalisse de 1945 à 1953
Chevalier de la Légion d'Honneur
Croix de Guerre 1939-1945
Médaille de la Résistance
Marchand de bois et de combustibles, Quai de la Besbre



Raymond Bécaud (1913-2000)
(photo de droite)


Membre du Comité de Libération de Lapalisse en août 1944
Maire de Lapalisse de septembre 1944 à mai 1945
Croix de guerre 1940
Marchand de bois et de combustibles, rue du 4-Septembre


Le destin de la famille Bécaud fut tragiquement lié à la guerre 39-45. Le tribut qu'ils payèrent pour leur engagement dans la Résistance locale fut particulièrement lourd. Au sortir de l'Occupation,jouissant d'une aura considérable, les Bécaud s'installèrent à la mairie pour une décennie.
Charles Bécaud débuta sa carrière professionnelle dans la scierie Labaye à Magnet. Au tout début des années 1920 Charles Bécaud créa sa propre affaire au lieu-dit Le Châtelier, sur la commune de Saint-Prix. A peu près à la même époque, au bénéfice d'une association avec son cousin Jean-Pierre Charasse, Charles Bécaud étendit ses activités en créant un dépôt de combustibles et une entreprise de roulage, implantés quai de la Besbre, tout contre son domicile où grandirent ses six enfants.
Elu conseiller municipal en mai 1935 sur la liste radicale du maire sortant Auguste Coche, Charles Bécaud siégea au Conseil jusqu'en avril 1941, date de la révocation de tous les élus de l'opposition par arrêté préfectoral.Très tôt, la famille Bécaud s'engagea dans la Résistance. Le destin de cette famille bascula le 7 février 1944. Ce jour là, la Gestapo de Vichy opéra une rafle à Lapalisse dans le but de décapiter les réseaux locaux de Résistants. Charles Bécaud et son fils cadet, Jean (né en 1916),mécanicien, furent arrêtés, emprisonnés dans un premier temps à la Mal-Coiffée de Moulins,puis, à Compiègne avant d'être déportés à Buchenwald. Charles Bécaud y demeura jusqu'à la libération du camp en avril 1945. Durant sa captivité, il se lia d'amitié avec Marcel Paul, syndicaliste communiste qui, une fois devenu Ministre de l'Energie en 1946, rendit visite à son ancien compagnon de stalag devenu maire de Lapalisse. Son fils, fut quant à lui transféré de Buchenwald à Floha au début de l'année 1945. Malheureusement, Jean Bécaud ne revint jamais des forêts de Saxe. Trop affaibli pour suivre la marche de la colonne des déportés évacués précipitemment de Floha, il fut en effet fusillé en avril 1945 avec 56 autres de ses compagnons dans un bois de Marienberg et enseveli dans une fosse commune.
Entre temps, Raymond, fils aîné de Charles, appartenant aux Forces Françaises de l'intérieur (FFI - résistance gaulliste) fut choisi fin août 1944 pour présider le Comité de Libération de Lapalisse composé de huit autres membres : Claude Rousset, Antoine Guy, Claudius Papon, Lucien Colon, le Docteur Perrin, Joseph Bel, Gaston Perisse et Alphonse Bletterie. Le 11 septembre 1944, Raymond Bécaud reçut, par arrêté préfectoral, une délégation municipale dans le but d'administrer la ville et de préparer les futures éléctions locales dès le retour des prisonniers de guerre et des déportés. La toute nouvelle administration préfectorale installa également trois adjoints représentant les grands courants de la France libérée : Claude Rousset (Socialiste), Claudius Papon (Radical-socialiste) et Antoine Guy (Communiste). Raymond Bécaud demeura maire de Lapalisse jusqu'au 11 mai 1945, date à laquelle son père, rentré de captivité fin avril, fut élu maire de Lapalisse.
C'est un homme amaigri, affaibli et meurtri par les épreuves de la guerre qui s'installa donc à la tête d'une ville qui connut encore pendant de longs mois les restrictions portant sur les carburants, le charbon et certains produits alimentaires. Avec son éternel béret vissé sur la tête, Charles Bécaud incarnait pour tous l'homme honnête, rempli de convictions qui était revenu de l'enfer. Les premiers mois de son mandat furent placés sous le signe du retour à la concorde et du recueillement. La municipalité de Charles Bécaud rebaptisa par exemple plusieurs rues et places de la ville afin de rendre hommage aux grands vainqueurs de la guerre et aux résistants et déportés locaux : l'avenue de la Gare devint ainsi avenue du Général de Gaulle, la rue Nationale, rue du Président-Roosevelt, la rue du Marché, rue Winston Churchill, la Place de l'Industrie, Place Staline, la rue de la Montagne, rue Gaston-Commerçon. Par la suite, plusieurs rues du quartier de Montplaisir reçurent le nom de Lapalissois morts en déportation : rue Gilbert-James, place Jean-Berthuet, rue Marcel-Déborbes, rue Barthélémy-Guillon, rue Jean-Marie-Malbrunot. Enfin, la Place du Marché fut rebaptisée Place du Maréchal-leclerc et la rue des Ecoles, rue du Lieutenant Négrier du nom du sous-officier commandant la colonne FFi qui libéra la ville de Lapalisse en août 1944 et qui trouva la mort en 1948 en Indochine.
Au renouvellement municipal de 1947, la situation politique avait considérablement changé. La belle concorde née de la libération avait déjà disparu : trois listes se présentèrent aux élections (une Liste républicaine de défense des intérêts communaux conduite par Charles Bécaud, une Liste républicaine d'administration communale conduite par Gilbert Barthelot et, enfin, une Liste d'Union républicaine et résistante conduite par Antoine Guy). Mise en ballottage, la Liste de Charles Bécaud obtint finalement 13 sièges, contre 6 revenant à la Liste Barthelot.
Durant son second mandat de maire, Charles Bécaud, secondé par deux adjoints expérimentés, Claude Rousset et Claudius Papon, s'appliqua à restaurer le revêtement et l'éclairage des rues et des places de la ville dont l'entretien avait été négligé durant les années de guerre, il fit également reconstruire le marché couvert incendié en 1943 par les membres de la Résistance, motorisa les services municipaux et lança l'idée d'un établissement de bains-douches publics, Place du Faubourg.
En octobre 1951, un coup de théâtre secoua le paysage politique local : Antoine Brun, conseiller général SFIO du canton de Lapalisse de 1937 à 1940 et de nouveau à partir de 1945 se trouvait distancé dès le premier tour des cantonales par le Lapalissois Lucien Colon. Antoine Brun jeta l'éponge et, au pied levé, Charles Bécaud décida de le remplacer se retrouvant ainsi face à l'un de ses anciens conseillers municipaux. Battu, Charles bécaud essuya même un cinglant affront auprès des électeurs lapalissois (260 voix contre 341 à Paul Baptiste - Parti communiste - et 942 à Lucien Colon - Divers gauche).Affecté par ce piètre résultat, Charles Bécaud réunit un Conseil municipal exceptionnel devant lequel il annonça sa décision de démissionner si l'assemblée en émettait le souhait. Un rapide scrutin le conforta dans ses fonctions par 18 voix contre une. Devenu un sexagénaire usé par sa captivité et le poids du deuil de son fils, Jean, mort en déportation, Charles Bécaud ne se représenta pas aux élections municipales de 1953. Il s'éteignit trois ans plus tard à son domicile du Quai de la Besbre.
A la mort de son père, Raymond Bécaud associé à la conduite de l'affaire familiale depuis près de vingt ans, en prit les rênes et compléta les activités liées au commerce du bois de chauffage et des combustibles en développant le commerce des boissons. En revanche, le sciage de bois d'oeuvre fut peu à peu abandonné par manque de rentabilité. En 1964, Raymond Bécaud associa à son affaire ses deux fils, Jean et Claude, qui assuraient les livraisons de charbon, bois de chauffage, fuel, vins et spiritueux. L a société Bécaud demeura en l'état jusqu'en 1988, année de la retraite professionnelle de son créateur. Jusqu'à sa disparition, Raymond Bécaud prit une part active dans la vie des associations d'Anciens Combattants lapalissoises. Le Maire de la libération décèda en novembre 2000 à la suite d'un accident de la route.

S. HUG

Gilbert Barthelot, ou le goût d'entreprendre




BARTHELOT Gilbert


(Châtelus 1880 - Lapalisse 1968)

Maire de Lapalisse de 1953 à 1959

Conseiller municipal de 1935 à 1944 et de 1947 à 1953

Officier des Palmes académiques (1934) - Chevalier de la Légion d'Honneur (1952) - Médaille d'honneur de la Fédération musicale de France (1963).

Industriel, installé rue Nationale


Pendant plus de quarante ans, des années 1920 aux années 1960, cet autodidacte personnifia pour beaucoup de Lapalissois à la fois le labeur, l'audace et la ténacité. Se lançant dans l'aventure industrielle avec très peu de capitaux, il réussit en à peine quinze années à bâtir un e société dont la renommée e t le savoir-faire ne tardèrent pas à franchir nos frontières. Il fut l'homme qui fit rentrer l'industrie au coeur même de Lapalisse.
Petit homme sec, au tempérament bien trempé, un brin paternaliste, volontiers autoritaire et dur en affaires, Gilbert Barthelot, une fois devenu maire de Lapalisse, géra sa commune avec la même énergie qu'il déployait pour développer son entreprise. Pendant les six années de son mandat, l'homme s'était d'ailleurs fixé comme rituel de traverser sa ville tous les matins à pied pour rejoindre la Mairie afin d'aller à la rencontre des Lapalissois et de superviser l'évolution des travaux municipaux.
Issu d'une famille de petits propriétaires terriens de Châtelus qui donna plusieurs conseillers municipaux à cette commune, Gilbert Barthelot fut tout d'abord apprenti bourrelier à Lapalisse avant de parachever sa formation à Paris.C'est d'ailleurs à Paris qu'il épousa en 1906, Antoinette Belaval (1884-1976), jeune femme fluette originaire d'Ebreuil (03), qui demeura toute sa vie dans l'ombre de son mari. En 1904 , Gilbert Barthelot ouvrit, rue Nationale, une boutique de bourrellerie. A partir de 1916, l'Intendance de l'Armée lui passa des commandes de plus en plus importantes qui le conduisirent à créer un petit atelier de maroquinerie, toujours rue Nationale, employant à la veille de l'Armistice une quarantaine de personnes. En 1920, Gilbert Barthelot reconvertit les productions de son ateliers vers la belle maroquinerie et notamment les articles de voyage. La même année, il lança la construction de la première tranche d'un bâtiment industriel situé rue Nationale qui, agrandi deux fois jusqu'en 1927, devint le siège social de la S. A. Barthelot, créée en 1928.A cette date, les Etablissements Barthelot comptaient déjà quatre-vingts employés. Formant seul ses premiers collaborateurs (MM. Rondepierre et Régerat), Gilbert Barthelot est à juste titre considéré par les maroquiniers français comme l'un des précursseurs de l'industrialisation de leur métier.
L'engagement de Gilbert Barthelot dans la vie associative lapalissoise remonte à 1926. Alors que la société musicale des Enfants de Lapalisse traversait une grave crise opposant son bureau directeur à la municipalité radicale menée par Auguste Coche, Gilbert Barthelot finança sur ses propres deniers la renaissance de l'harmonie-fanfare rebaptisée Union Musicale. Il demeura d'ailleurs Président d'honneur de cette société jusqu'à sa mort en 1968 et apporta un soutien actif à bon nombre d'autres sociétés locales (Croix-Rouge, Commune Libre de Montplaisir...).

En 1935, entre les deux tours des élections municipales, Gilbert Barthelot décida de prendre pied dans la vie politique locale en se portant candidat sur la liste du maire sortant Auguste Coche. Proche des idées de gauche, un temps même membre de la SFIO, Gilbert Barthelot fut élu conseiller municipal mais dut néanmoins siéger dans un Conseil dominé par les colistiers de Charles Rousset, nouveau maire de Lapalisse.
L'année 1936, fut marquée par une grève qui paralysa les Etablissements Barthelot entre le mois de juin et le mois d'août.Le conflit portait sur l'application des avantages sociaux accordés aux ouvriers lors de la signature des Accords Matignon. Dès le 4 juillet, une cinquantaine d'ouvriers cessa le travail conduit par Bergougnon, membre de la CGT. Très vite, un piquet de grève fut organisé bloquant l'entrée de l'usine. Le sous-préfet de l'époque, M. Vernay, n'eut de cesse d'essayer de trouver un terrain d'entente entre les parties en présence. Le 3 août, alors que la situation pourrissait depuis un mois, une pétition, réclamant l'évacuation des grévistes, circula à l'initiative de quelques commerçants lapalissois. Le soir même, le sous-préfet de Lapalisse, appliquant un arrêté du Préfet de l'Allier ordonna la levée immédiate du piquet de grève. Le 30 août, un accord fut enfin trouvé sous le patronage de M. Vernay : les salaires furent réévalués à hauteur de 10 %, une partie du personnel renvoyé au début de la grève fut réintégré.Le travail ne reprit que fin septembre. Gilbert Barthelot sortit blessé d e cette épreuve et songea même un temps à se retirer définitivement de la vie associative lapalissoise. Tirant les leçons de ce conflit social, il n'hésita pas par la suite à se séparer des ouvriers manifestant des vélléités syndicales. En revanche, incontestablement, Gilbert Barthelot aimait ses employés comme sans doute seul le fondateur d'une société est capable de le faire. Organisant, chaque année, un banquet, un arbre de Noël et, à partir des années 1950, une excursion annuelle pour tous ses ouvriers, Gilbert Barthelot veillait sur son personnel d'un regard paternaliste.
Demeuré conseiller municipal pendant l'Occupation, Gilbert Barthelot fut écarté des affaires communales par le Comité de Libération en 1944. De retour en 1947, il conduisit une Liste Républicaine d'Action Communale qui obtint 6 sièges au second tour des élections municipales. En 1953, alors que le maire sortant, Charles Bécaud, ne se représentait pas Gilbert Barthelot mena à la victoire une Liste Républicaine. Sous son unique mandat de maire (1953-1959), Gilbert Barthelot encouragea le redressement de l'agriculture cantonale (reconstruction du marché couvert incendié en 1943 construction de cases pour les marchands ambulants, création de nouveaux concours primés), chercha à développer l'attractivité touristique de sa ville (création d'un camping municipal en 1956,soutien apporté à la famille de Chabannes lors de la création du spectacle Son et Lumière en 1955 et poursuivit la modernisation des infrastructures communales (voirie, réseau d'adduction d'eau, éclairage public...). Gilbert Barthelot se retira de la vie politique locale en 1959 et assura la direction de son entreprise jusqu'en 1965. Sans enfant (le couple Barthelot avait perdu leur seul enfant, Louis, mort à l'âge de 16 ans en 1926), il transmit les rênes de sa société au mari de sa nièce, M. Jean Rimoux. Opéré à la suite d'une mauvaise chute au printemps 1968, sa santé ne cessa alors de s'altérer. Gilbert Barthelot s'en alla le 31 août 1968.
Une impasse de Lapalisse porte son nom le long de son ancienne
usine transformée en 1997 en un Musée d'Art brut.

S. HUG

(HUGSTEPHANE@aol.com)

dimanche 24 février 2008

Un document exceptionnel : un acteur des évènements du 4 décembre 1851 raconte les faits















Cliquez sur les images pour les agrandir.

S. HUG

(HUGSTEPHANE@aol.com)








La tombe du gendarme Lemaire (cimetière de Lapalisse)


Tué lors de la fusillade du 4 décembre 1851 qui éclata entre les républicains donjonais et les forces de l'ordre juste devant la mairie et la sous-préfecture de Lapalisse (sur l'actuel boulevard de l'Hôtel de Ville), le maréchal-des-logis Lemaire fut inhumé au cimetière de Lapalisse. On ouvrit une souscription pour édifier un monument commémoratif en son honneur. Laissant une fille unique, encore très jeune, l'évêque de Moulins, choisit d'en devenir le protecteur et la dota d'une rente jusqu'à sa majorité. Des aides publiques furent également allouées à la veuve du gendarme. En 1882, lors de la victoire d'Honoré Préveraud (ancien chef des républicains donjonais, condamné et exilé au début du Second empire) aux législatives, ses partisans dégradèrent cette tombe qui portait à l'origine une inscription plus longue sur son socle. En 1905, le comité de la Libre-pensée lapalissoise demandait encore la suppression de cette inscription jugée provocatrice. On ignore à quelle date la partie la plus "réactionnaire" de l'épitaphe fut définitivement martelée.
S. HUG






samedi 23 février 2008

L'histoire immédiate : la fin du Courrier de la Besbre













Voici la 124eme et ultime livraison trimestrielle du Courrier de la Besbre, journal de la section de Lapalisse et du Mayet-de-Montagne du parti communiste. Créé en 1977, dans l'élan de l'Union de la Gauche et du Programme commun, par l'ancien instituteur lapalissois Gaston Gay (candidat à toutes les cantonales de 1958 à 1988, conseiller municipal de Lapalisse de 1988 à 1995), le Courrier de la Besbre devint vite un "monument" de la vie politique lapalissoise. Gaston Gay dirigea la rédaction de cette publication jusqu'en 2003, année durant laquelle il passa la main à Christian Fournier, instituteur mayetois bien connu des montagnards et des rugbymen bourbonnais (il fut l'un des joueurs fondateurs du RCL en 1976 et joua dans ce club jusque dans les années 1990).

Au-delà de nos opinions, saluons la disparition de ce petit organe de presse qui fit vivre la démocratie locale.

S. HUG

(HUGSTEPHANE@aol.com)

La Palisse au milieu du XVIIIe siècle (aquarelle de Chabannes)












Aquarelle conservée au château de La Palice. A cette époque, La Palisse comptait environ 1200 habitants (la population doubla entre 1720 et 1770). Petite ville renommée pour ses foires et ses marchés, La Palisse était la "capitale" d'un marquisat qui s'étendait sur une dizaine de paroisses environnantes. Au premier plan, nous distinguons l'enclos des Augustines de l'Hôpital. De chaque côté de la route de Paris à Lyon, deux faubourgs se sont déjà constitués : à gauche, celui de Paris, à droite, celui des Places. La vieille ville conserve, comme on peut le voir, de puissants caractères castraux.

S. HUG

(HUGSTEPHANE@aol.com)