mardi 28 juin 2016

Un étonnant projet architectural (1804)

-
En devenant siège d'un tribunal de première instance en 1797 et chef-lieu d'arrondissement en 1800, la ville de La Palisse fut confrontée à un véritable casse-tête municipal : où loger tous ces nouveaux services administratifs ? Alors que les magistrats, procureurs, avoués et greffiers s'installaient dans les salons du château de La Palice (mis à la disposition de la nation après l'inscription de son propriétaire, Jean-Frédéric de Chabannes, sur la liste des émigrés), un curieux projet de construction était élaboré par les architectes du département. On prévoyait ainsi de faire voisiner dans les mêmes murs la sous-préfecture, le tribunal, la prison et... l'hôpital de la ville ! Rentré en France en 1802, Jean-Frédéric de Chabannes ne reprit possession de son château qu'en 1808. Alors que le tribunal fut transféré en 1810 à Cusset, les services de la sous-préfecture furent installés dans un bâtiment édifié à la hâte tout contre l'ancienne ferme seigneuriale. Faute de crédits, plus personne n'entendit parler de ce curieux projet.
-


-
S. HUG

HUGSTEPHANE@aol.com

vendredi 10 juin 2016

Un maire sous l'occupation : Charles Rousset




ROUSSET Charles (1896 Lapalisse - 1979 Tronget)

Maire de Lapalisse de 1935 à 1944

Médaille de guerre 14-18

Commerçant, rue Nationale




En remportant les élections municipales en mai 1935, Charles Rousset mit fin à trente années de radicalisme. Son mandat, d'abord marqué par une très forte opposition "cochienne", coïncida surtout avec les années de guerre et d'occupation.
Fils d'un couple de commerçants en nouveautés, la jeunesse de Charles Rousset fut surtout marquée par l'épreuve de la guerre. Reprenant la boutique familiale au début des années 1930, Charles Rousset se contentait alors d'assurer le secrétariat de l'une des deux associations d'Anciens Combattants de la ville. A l'époque, le jeune commerçant ne participait pas à la politique locale. Néanmoins, à y regarder de plus près, Charles Rousset personnifiait à merveille la synthèse entre les deux milieux les plus opposés à Auguste Coche, maire radical-socialiste de la ville depuis 1919 : la boutique et les Anciens Combattants. Ce fut à la veille des élections municipales de mai 1935 que sa carrière politique débuta. Sa personnalité se dégagea relativement vite de la Liste d'Action communale opposée à la liste du maire sortant. Élu conseiller municipal au premier tour de scrutin, il n'était pourtant pas le mieux placé de la liste pour devenir maire. Au soir du second tour, le 12 mai, la Liste d'Action communale obtint finalement 11 sièges contre 10 à celle menée par Auguste Coche. Durant toute la semaine séparant les résultats des élections municipales et la première réunion du Conseil devenant désigner le nouveau maire, les pourparlers allèrent bon train. Finalement, la Liste d'Action communale s'accorda sur son nom. Le 17 mai 1935, dans une ambiance surchauffée, Charles Rousset fut élu maire de la ville au second tour par 11 voix contre 10 à Auguste Coche.
Passé le coup de massue, le camp "cochien" décida de tout faire pour essayer de reconquérir l'Hôtel de Ville. En 1936, Charles Rousset dut gérer les retombées de la grande grève qui secoua les Etablissements Barthelot, en organisant un système de secours pour les familles des ouvriers non-grévistes et organisa même des chantiers "d'intérêt commun" pour employer les hommes laissés sur le carreau.
Les partisans de l'ancien maire se déchaînèrent surtout durant l'année 1937. Par quatre fois, en janvier, en mai, en juillet et en août, les conseillers "cochiens" démissionnèrent en bloc provoquant ainsi des élections municipales partielles. Le but de ces manoeuvres politiques étaient de parvenir à déstabiliser la fragile majorité du nouveau maire. A chaque fois, les démissionnaires furent réélus faute d'adversaires et, à chaque fois, la courte majorité de Charles Rousset tint bon. Afin de soutenir l'action de leur maire, des amis et des proches de Charles Rousset fondèrent à l'automne 1937 un journal d'opinion trimestriel, Les Vérités de Lapalisse, où le camp et le bilan d'Auguste Coche étaient violemment attaqués.
Pendant ce temps, les colistiers de Charles Rousset essayaient, tant bien que mal, de travailler en profondeur. Afin de trouver des recettes supplémentaires, la majorité de C. Rousset décida d'affermer les revenus des droits de place des foires et marchés qui, jusqu' alors, étaient mis en régie. Cette réforme fit bondir le montant annuel de ces droits de 50 000 à près de 80 000 francs. Parallèlement, la politique d'assistance et d'aides sociales d'Auguste Coche fut sérieusement révisée à la baisse. Au rang des réalisations de l'équipe municipale de Charles Rousset, citons la création, en 1937-1938, d'un magnifique jardin public de trois hectares conçu par l'architecte-paysagiste limougeaud, Laurent-Faure et, en 1938, la réfection complète de la façade d'honneur de l'Hôtel de Ville en style art-déco.
La guerre mit vite un terme au changement incarné par Charles Rousset. Dès mai 1940, la municipalité lapalissoise dut faire face à l'arrivée des flots de réfugiés venant des provinces du Nord du pays. Par ailleurs, jusqu'en novembre 1942, date de l'occupation de la zone libre par les forces allemandes, des bribes d'unités militaires séjournèrent à Lapalisse dans des baraquements de fortune dont une partie du glorieux 152e régiment d'Infanterie. Au plan politique, si Charles Rousset fut "débarrassé", par un arrêté préfectoral d'avril 1941 de la totalité de l'opposition "cochienne" jugée trop à gauche, le maire de Lapalisse se retrouva totalement désarmé en août 1941 face à la décision de l'Etat Français de transférer la sous-péfecture à Vichy.
Décoré de la Francisque en tant que maire de l'une des principales ville du département, Charles Rousset siégea également au Conseil départemental. Pétainiste de coeur, mais aucunement lavaliste (la nuance est de taille dans l'optique de la collaboration avec l'occupant), Charles Rousset eut une attitude digne durant les années sombres de la guerre. D'ailleurs, en août 1944, le maire déchu de Lapalisse ne fut aucunement inquiété par les membres du Comité de Libération de la ville et les résistants locaux . Ecarté de la ville politique locale, Charles Rousset tint sa boutique de nouveautés jusqu'à la fin des années 1950 tout en continuant à effectuer une vente ambulante dans les camp
agnes environnantes.

S. HUG

HUGSTEPHANE@aol.com