mardi 31 décembre 2013

L'elixir des Templiers, une production des Laboratoires pharmacologiques du Centre


Dans les années 1880, le pharmacien lapalissois Garnier créa un élixir iodo-tannique appelé le Floréal des Templiers. Ne reculant devant aucun argument publicitaire, notre pharmacien prétendait en effet que le secret de cette préparation remontait au temps des Croisades. Le Floréal des Templiers était réputé souverain dans les maladies de l'estomac, de l'intestin, du foie, de la peau, des reins, il permettait également de soigner les maladies nerveuses, les troubles généraux de la circulation, ainsi que les maladies de la femme. Cet elixir était élaboré dans un minuscule laboratoire situé rue Notre-Dame, pompeusement baptisé Laboratoire pharmacologique du Centre. Le brevet fut racheté à la fin des années 1890 par le pharmacien Cartet qui l'exploita jusqu'à la veille de la seconde guerre mondiale.
Rappelons également que dans les années 1950-1960, le Docteur Gaud possédait, rue Baudin, un petit atelier employant au maximum une dizaine de personnes où était produit et conditionné l'Hexolitol, une solution facilitant le drainage hépatique.


S. HUG

HUGSTEPHANE@aol.com

lundi 30 décembre 2013

Le Moulin Marin des Gamet

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En quelques années, Palicia est devenu le carrefour des expatriés du Pays lapalissois. Ainsi, au fil de riches échanges entretenus avec Madame Joëlle Maurice, une québécoise d'Acton Vale expatriée de l'autre côté de l'Atlantique depuis son enfance, c'est tout le passé du Moulin Marin, exploité par ses grands-parents, Blaise Gamet et Marie Cherasse, pendant presque plus de trente ans, qui, peu à peu, a pu être reconstitué. 

Blaise Gamet naquit en 1870 à Tréteau dans une famille de métayers. Débutant comme commis de ferme sur Tréteau, Blaise Gamet réalisa son Service militaire à Madagascar au sein d'un régiment de Dragons. De retour en Métropole, il loua de nouveau ses bras sur Mercy et Saint-Voir. En 1899, il épousa à Jaligny Marie Cherasse (1880-1959) qui lui donna quatre enfants. En 1901, Blaise Gamet s'associa avec Jean Cherasse pour exploiter le Moulin Pacaud à Beaulon. En 1911, il prit la tête du Moulin de Sannes à Toulon-sur-Allier. Pendant la Grande Guerre, Blaise Gamet fut enrôlé au sein du 16e Régiment de Cavalerie de Fontainebleau où il fut préposé au dressage des chevaux. Démobilisé, il prit les rênes du Moulin Marin immobile depuis quatre ans suite au départ pour le front du meunier précédent, Monsieur Vincent. Blaise Gamet exploita le Moulin Marin jusqu'à sa mort en 1937 et y forma son fils cadet, Pierre (1915-1990), à la minoterie. 
Blaise Gamet lors de la Grande Guerre

Blaise Gamet, son épouse et leurs quatre enfants (Pierre, Claudius, Germaine et Claire)
(archives J. Maurice)

Le Moulin Marin au début des années 1920

Facture à en-tête du Moulin Marin 

Vue intérieure de l'une des chambres du Moulin Marin (au centre, Blaise Gamet, au fond, son fils aîné, Pierre)
(archives J. Maurice)


Canotage sur la Besbre à la hauteur du Moulin Marin dans les années 1930 (archives J. Maurice)

Mobilisé pendant la Seconde Guerre Mondiale, Pierre Gamet fut fait prisonnier, sa mère continua tant bien que mal l'activité du moulin. Libéré, Pierre épousa en 1943 au Breuil Clémentine Barnabé, originaire de cette commune. En 1949, le jeune couple s'installa à Cousserques en Aveyron. Puis, Pierre Gamet prit la tête, dans le même département, du Moulin de Manson situé à Laissac. Sur les bords de la Besbre, Marie Gamet continua à faire vivre le Moulin Marin jusqu'au milieu des années 1950, époque à laquelle elle décida de se retirer chez l'une de ses filles à Vichy. En 1956, Pierre Gamet décida de partir vivre au Québec avec sa femme et leurs huit enfants (un neuvième enfant vit le jour de l'autre côté de l'Atlantique). Pierre Gamet fit tout d'abord carrière à Radio-Canada, puis, créa, à la fin des années 1960, un élevage de poules pondeuses à Saint Théodore d'Acton qu'il dirigea jusqu'en 1972.


Pierre Gamet et Clémentine Barnabé à l'épqoue de leur départ pour le Québec.

Un immense remerciement à Madame Joëlle Maurice ainsi qu'à sa mère, Madame Clémentine Gamet qui, par-delà l'Atlantique, entretiennent la mémoire de leur terre natale en continuant à parsemer leurs discussions de quelques expressions bourbonnaises ou en cuisinant sanciau, pâtés aux pommes de terre, pompes aux grattons ou soupes aux choux. 

samedi 30 novembre 2013

Le curé Souvaignat et l'esprit du Concile de Trente


Face au développement du protestantisme, l’Eglise catholique romaine se réunit en Concile dans la ville italienne de Trente (1545-1563) dans le but de consolider la foi chrétienne et de reconquérir le cœur des fidèles. Réaffirmant les bases du dogme catholique, les sept sacrements, la notion de Salut, le culte des Saints et le rôle de la Pastorale, ce Concile énonça également l’idée de lutter contre certaines formes de religiosité proches de la superstition ou de la magie blanche. Dans la paroisse de Lubier, le curé Antoine Souvaignat (desservant de 1638 à 1677), fut confronté en 1657 à un étrange vœu partagé par plusieurs maisonnées :


Aujourd'hui onzième février 1657, ayant été pleinement informé de certain vœu qui avait été indiscrètement connu par les maîtres et chapitres des confréries, de certaines maisons de cette paroisse dont les noms seront ci-après spécifiés lequel vœu portait, était et observait qu’il n’était nullement permis aux dites maisons de faire cuire la viande, à savoir de la chair, chaque jour de mercredi de chaque semaine ; et que néanmoins il était permis et licite d’en user et manger pourvu qu’elle n’ait pas été cuite dans la maison. Ayant jugé qu’un tel vœu était plus fondé sur la légèreté d’esprit et la superstition que sur un bon fondement de piété et de religion, et qu’il donnait plus de sujets de risée et d’occasions d’offenser Dieu qu’(il n’apportait) de mérites, nous avons changé ledit vœu en œuvres pieuses dont la liste suit, (et ce) en vertu de la licence et du pouvoir qui nous est accordé par le Jubilé universel accordé par Notre Saint Père Alexandre, par la providence divine Pape VII, en date du 11 juillet 1656, l’an second de son pontificat, par lequel il permet de changer toutes sortes de vœux, à la réserve du vœu de chasteté et de religion, qui nous a été envoyé par l’ordonnance de Mgr Louis d’Estaing, par la grâce de Dieu et du Saint-Siège apostolique évêque de Clermont en date du 8 décembre 1656.

Donc, les maisons ci-après spécifiées donneront tous les ans à l’église paroissiale de Notre-Dame de Lubié, pour le vœu susdit dont elles ont été relevées et dispensées, à savoir :

- Les Martins : 2 livres d’huile pour être brûlées dans la lampe devant le St-Sacrement.

- Les Coquets, 2 livres pour la mesme fin.

- Les Jaboin dicts le Train, 2 livres.

- La Maison de Charles Cousturier, 2 livres.

- La Maison d’Anth(oin)e Berger, 2 livres.

- La Maison de Denys Battet, 2 livres.

- La Maison d’Hugues Cousturier, dict Brossard, 1 livre.

- La Maison de Jacques Desmeux? dict Brossard, 1 livre

- La Maison de George Rigondet, 1 livre.

- La Maison de Claude Masonat, 1 livre.

- La Maison de la veuve de feu Pierre Forjat, 1 livre.

                                                                                       Signé Souvaignat



(Archives Départementales de l’Allier)

lundi 25 novembre 2013

Pierre Thiers, ancien capitaine du XV de France (Droiturier)

Pierre Thiers en 1936 lors de la première sélection nationale 
( il fut 9 fois international et fut par 3 fois capitaine du XV de France  )
L'équipe de l'ASM, finaliste du championnat de France en 1937 (Pierre Thiers est accroupi à droite)
Pierre Thiers en 1996 
 
Pierre Thiers naquit en 1914 à Thiers, dans une famille de couteliers. Il débuta le rugby au Lycée Blaise Pascal, puis rejoignit le Clermont Université Club avant de signer à L'AS Montferrandaise en 1935. Demi de mêlée, Pierre Thiers fut sélectionné pour la première fois au sein du XV de France le 17 mai 1936 à l'occasion d'un match face à l'Allemagne, il fut également par deux fois finaliste du championnat de France avec l'ASM en 1936 et 1937. Mobilisé en 1940, fait prisonnier, Pierre Thiers s'évada du stalag en 1942. Devenu capitaine du XV de France au début 1945, il joua son dernier match international le 28 avril 1945 face à une sélection de l'Empire Britannique. A l'automne 1945, le demi de mêlée asémiste rejoignit le SA Thiers où il termina sa carrière quelques saisons plus tard. 
Au point de vue professionnel, Pierre Thiers travailla au sein de l'entreprise familiale de coutellerie Thiers-Issard dont il assura la direction dans les années 80. Possédant une maison à Droiturier, Pierre Thiers y vécut pendant de longues années jusqu'à sa disparition en 1997.

S. HUG

dimanche 24 novembre 2013

Privat-Joseph Brillaud : penser l'Eglise dans le Siècle

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Si la figure de l'abbé Déret domina la vie lapalissoise (et pas seulement paroissiale) durant la seconde moitié du XXème siècle, le chanoine Brillaud eut une stature quasi identique un siècle plus tôt.

Né à Bourbon-l'Archambault en 1831, Privat-Joseph Brillaud sortit du grand séminaire de Bourges avec un doctorat de Théologie en poche. Aumônier de l'Institution du Bon-Pasteur à Moulins et chanoine de la Cathédrale de Moulins, ses compétences administratives et juridiques lui permirent de devenir très tôt secrétaire général de l'évêché. Curé de Saint-Germain-des-Fossés de 1864 à 1873 (il laissa lors de ce passage une Histoire du pélerinage de Notre-Dame de Saint-Germain-des-Fossés parue en 1867), P.J Brillaud devint curé de Lapalisse en septembre 1873 et le demeura jusqu'à sa disparition brutale le 17 août 1890. Privat-Joseph Brillaud fut l'un des plus brillants ecclésiastiques bourbonnais du XIXe siècle. Doté d'une grande puissance de travail, il mena une réflexion de fond sur la nature du droit canon et les pratiques canoniques durement écornées en son temps par le droit civil naît de la Révolution. Il signa trois études particulières : un Traité pratique des empêchements et des dispenses de mariage en 1872, un Manuel de la juridiction ecclésiastique au for extérieur et spécialement au for contentieux en 1885 et Les principes du droit ecclésiastique, exposé simple et méthodique en 1887.


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S. HUG



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jeudi 21 novembre 2013

Jean Duflos : un poète fauché à la fleur de l'âge


 
Maison natale (dite Maison Turlin) de Jean Duflos, située sur l'avenue du Donjon à Lapalisse


Fils d'un Receveur particulier des Finances, Jean Duflos naquit à Lapalisse le 28 octobre 1879. Après de solides études au Lycée Stanislas, Jean Duflos rejoignit l'Ecole Spéciale Militaire d'où il sortit sous-lieutenant en 1902. Passé lieutenant en 1904, il épousa la même année à Moulins Marie Méplain, issue d'une vieille famille de la magistrature bourbonnaise. Prenant part à plusieurs campagnes militaires en Algérie ainsi qu'en Tunisie entre 1906 et 1912, Jean Duflos fut promu capitaine en août 1914 et prit le commandement de la 5e compagnie du 19e bataillon de chasseurs à pied. 

 
Jean Duflos en compagnie du Général Lyautey en Algérie (collection O. Duflos)

 
Le capitaine Duflos sur le front en 1914 (collection O. Duflos)


Jean Duflos trouva la mort à la tête de ses hommes le 27 septembre 1915 lors de l'attaque de la ferme Navarin, près de Souain en Champagne. Son corps, pulvérisé par un obus, ne fut jamais retrouvé.
Jean Duflos publia très tôt des poèmes dans la revue moulinoise de La Quinzaine bourbonnaise qui malheureusement ne firent jamais l'objet d'un recueil.


Extraits de poèmes de Jean Duflos in, Anthologie des écrivains morts à la guerre (1914-1918), E. Malfère, Amiens, 1924-1926, Tome IV.

Un immense remerciement à M. Olivier Duflos, arrière-petit fils de Jean Duflos.
S.HUG

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jeudi 14 novembre 2013

Louis Mandrin en Pays lapalissois (décembre 1754)

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A la fin des années 70, la première chaîne de télévision diffusa un feuilleton retraçant les aventures de Louis Mandrin qui, en son temps, s'autoproclama lieutenant-général des contrebandiers du royaume. Alors que tout le pays suivait les frasques de Jacques Mesrine et la cavale de James Drouart dans les Bois Noirs, une telle programmation avait quelque chose de surréaliste, voire de subversif. Je me souviens que ma grand-mère pestait lorsqu'elle me voyait regarder ce feuilleton et se demandait comment on pouvait montrer sans vergogne les tueries du "vieux Mandrin" (en Bourbonnais, le terme de "vieux" peut également désigner une personne de mauvaise renommée). A l'époque, je ne comprenais pas le décalage qui existait entre le scénario flatteur du feuilleton télévisé et le jugement de ma grand-mère nourri par la mémoire collective des gens de la Montagne bourbonnaise.

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Issu d’une famille autrefois aisée de petits négociants-marchands de Saint-Étienne-de-Saint-Geoirs, Louis Mandrin (né en 1725) fut condamné à mort par contumace le 27 juillet 1753 à la suite d’une rixe mortelle. Le même jour, son frère Pierre, fut pendu pour faux-monnayage. Louis Mandrin décida alors de se lancer dans une guerre contre la Ferme. Le Ferme était alors une organisation financière et fiscale tentaculaire qui avait pour vocation de prendre «à ferme » l’ensemble des taxes indirectes perçues dans le royaume. Les grands financiers de la ferme (les Fermiers généraux, de quarante à quatre-vingt dix selon les périodes) avançaient au Roi (toujours à court de numéraire) le produit estimé de ces taxes et recevaient en contrepartie le droit de lever ces mêmes impôts en réalisant au passage de substanciels bénéfices. Le Fermiers Généraux avaient de plus le droit d’entretenir un personnel (23 000 dans tout le royaume) attaché à leur structure : les Guapians.


"Taille cinq pieds, quatre pouces (1,65 m), cheveux chastains tirant beaucoup sur le blond, courts et non frisés, yeux gris ou roux, enfoncés, sourcils non fournis, visage gros, ovale, un peu marqué de petite vérole, nez proportionné et assez bien tiré, la bouche assez grande, un peu enfoncée, le menton un peu pointu et un peu avancé en dehors." (rapport de police)

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Mandrin entra dans une bande de contrebandiers qui opérait entre les cantons suisses, la France et la Savoie. Il en devint vite le chef et compta près de 300 hommes sous ses ordres. Mandrin cachait ses dépôts d'armes et de marchandises en Savoie, se pensant hors d'atteinte des Français. Achetant des marchandises en Suisse (tissus, tabac, toiles, épices, peaux…), il les revendait dans les villes françaises à la barbe et au nez des Gabelous.


Durant l'année 1754, Mandrin organisa six campagnes. ce fut lors de sa sixième et dernière campagne que Louis Mandrin traversa le Pays lapalissois. Partie à la mi-décembre 1754 de la région de Besançon, la troupe du lieutenant-général des contrebandiers du royaume, galopa à travers la Bourgogne avant d'arriver en Bourbonnais le 22 décembre vers 4 heures du matin. A Dompierre-sur-Besbre, quatre gendarmes furent dépouillés par la troupe de Mandrin, à sept heures du soir, les contrebandiers traversèrent Vaumas et passèrent la nuit au prieuré de Floret (Trézelles). Le lendemain matin, dimanche 22 décembre, la troupe passa à Lapalisse et arriva au Breuil où l'équipée prit un tour tragique. A l'approche de la cohorte, estimée à trente-cinq cavaliers, une femme du bourg courut vers l'auberge d'Arpaja en criant qu'il fallait avertir les "Gâpians". Mandrin et ses hommes se ruèrent aussi sur l'auberge où ils abattirent deux employés de la Ferme de Vichy et en tuèrent deux dans un champ voisin. Le capitaine de la brigade, Gilbert Bourage, fut quant à lui grièvement blessé et succomba à ses blessures quelques jours plus tard. Le registre d'Etat-civil du Breuil conserva la trace de ce bain de sang :

"L'an mil sept cent cinquante-quatre et le vingt-trois décembre. Monsieur le Bailli de Saint-Martin, juge du Breuil, accompagné de ses officiers et d'un chirurgien, a fait l'enlèvement de quatre employés de la brigade de Vichy nommés Jean-baptiste Simon, Antoine Ronas, Charles Camus, Charles Blanchardet, qu'il nous a dit avoir été tué le vingt deux à coups de fusil par la bande de Mandrin. Après qu'il a eu posé le cachet sur leur front, ils ont été inhumés dans le cimetière de cette église en présence de François Durantet, Laurent Feriat, Sergiers Germain et ClaudeTachon, tous de cette paroisse qui n'ont pu signer de ce enquis selon l'ordonnance."

Mais revenons à cette journée du vingt-deux décembre. Après avoir fait boire leurs chevaux dans une fontaine (dénommée par la suite "fontaine de Mandrin"), la troupe fila sur Châtel-Montagne où elle fit panser ses blessés et acheta des chevaux. En fin de journée, à Saint-Clément, les contrebandiers assassinèrent le couple de meuniers qui exploitait le moulin du château du Chêne, car ils se refusaient à leur indiquer la route de Saint-Priest-Laprugne. La bande passa la nuit à Cervières. Le lendemain, Mandrin passa en Forez. De là, le lieutenant-général des contrebandiers traversa le Livradois, le Velay, le Vivarais, le Dauphiné, la Provence et arriva en Piémont le 24 janvier 1755.




Si Mandrin traversa le Pays lapalissois en moins d'une demi-journée, sa mémoire demeura longtemps dans nos campagnes. Ainsi, dans les Bois de la Vallée (Droiturier), on racontait qu'il avait caché son trésor au fond de l'étang de Godinière, tout près de là, un énorme rocher, rappelant vaguement un siège, était appelé "Trône de Mandrin". Au Breuil, la "Fontaine de Mandrin" (photo ci-dessus) est devenue un élément du patrimoine communal.
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La Ferme générale, exaspérée par ce « bandit » toujours plus populaire, demande le concours de l'armée du Roi pour l'appréhender. Mais Mandrin parvint encore à se réfugier en Savoie. Les fermiers généraux décidèrent alors de violer la frontière savoyarde. 500 gabelous déguisés en paysans mettent la main sur Mandrin à la ferme fortifiée de Rochefort-en-Novalaise. Lorsque le Roi Charles-Emmanuel III de Sardaigne apprend cette intrusion sur son territoire, il exige la restitution du prisonnier. Louis XV s'exécute. Mais les fermiers généraux, pressés d'en finir avec Mandrin, accélèrent son procès. Jugé le 24 mai 1755, Mandrin fut roué vif à Valence le 26 mai, devant 6 000 curieux, sans que le supplice lui arrache un cri.
S. HUG

dimanche 3 novembre 2013

1640 : révolte antifiscale à Moulins.



Le plus étonnant dans la révolte actuelle des Bonnets rouges bretons ce n'est pas tant l'explosion sociale, qui tôt ou tard devait arriver, que la résurgence d'un symbole enfoui dans la mémoire bretonne depuis près de quatre siècles : preuve éclatante que l'identité de cette région est une réalité vivante. Ce symbole nous renvoie donc à une révolte populaire du XVIIe siècle dirigée contre la fiscalité royale et notamment contre le Papier timbré, c'est-à-dire une marque fleurdelisée et taxée qui officialisait les actes judiciaires ou notariaux. Sous l'Ancien Régime, près de 40 % des insurrections, révoltes, émotions ou autres soulèvements populaires furent liées au refus de la fiscalité royale (Jean Nicolas, La rébellion française, PUF, 2000). Si toutes les provinces du royaume furent touchées par ces mouvements souvent spontanés, la palme de l'agitation antifiscale  revint au Bassin parisien, à la Bretagne et au Languedoc. Sous l'Ancien Régime, alors que le Bourbonnais était réputé plutôt calme, les révoltes antifiscales y furent pourtant présentes : huit furent répertoriées par André Leguai entre 1610 et 1709. La révolte moulinoise de 1640 fut la plus sérieuse.

Le 23 juin 1640, le « menu peuple » s'assembla avec « armes à feu » et se transporta au logis du petit dauphin, situé au faubourg d'Allier, où résidait Jacques Puesche, « commis à la levée des taxes sur les aisés ». Les émeutiers assassinèrent Puesche et « quelques autres de sa compagnie », puis volèrent les « deniers que ledit defunt Puesche avait alors recueillis ». Selon les pièces de procédure, les maire et échevins qui se portèrent sur les lieux, furent accueillis à coups d'arquebuses et de mousquets. Un échevin fut d'ailleurs grièvement blessé. Au total, l'historien soviétique Boris Porchnev, spécialiste des révoltes populaires du Grand Siècle, estima qu'une dizaine de personnes trouvèrent la mort lors de cette journée particulière.

Pendant les premières semaines de la sédition, qui dura plus de deux mois,  l'attitude de la  municipalité moulinoise et de la garde bourgeoise fut loin d'être en adéquation avec les dépositions consignées lors de la sortie de crise. Le combat contre la fiscalité royale étant favorable à leurs intérêts, les édiles se montrèrent au début de l'agitation plutôt conciliants vis-à-vis des émeutiers. Mais voyant qu'aucune solution de sortie de crise n'était envisageable face à l'Etat royal, la position de la bourgeoisie moulinoise évolua peu à peu, notamment après le 15 juillet où lors d'une nouvelle émeute plusieurs « bonnes maisons » furent pillées par la foule en colère. La situation ne fut reprise en main que dans la nuit du 24 au 25 août durant laquelle trois des chefs de la révolte, Rivet, Moladier et Bernardon furent arrêtés par la garde bourgeoise, jugés sommairement et exécutés. De violents échauffourées se déroulèrent alors aux portes de la ville où deux émeutiers trouvèrent la mort. Dans les jours qui suivirent trois régiments envoyés par le Prince de Condé prirent garnison chez l'habitant afin de réduire à néant les velléités de la ville. La justice royale fit alors son œuvre : plusieurs condamnations aux galères, au bannissement et à de fortes amendes furent prononcées. Cependant, comme souvent sous l'Ancien Régime, le roi, par le biais de Lettres de rémission, gracia une grande partie des  condamnés.

S. HUG

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vendredi 11 octobre 2013

Eugène Montagnier : le dernier des Mohicans

(1847 Lapalisse - 1910 Lapalisse), négociant en vins sur l'avenue de la gare.

Jacques Montagnier (généralement appelé Eugène , prénom très en vogue au XIXe siècle), fit partie, avec Louis Morel, Claude Lefaucheur et Félix Lavenat, de cette génération de républicains qui conquit la mairie en janvier 1878. Adjoint au maire en 1885-1886, il retrouva ce poste en 1888. En décembre 1890, lors de la démission de Louis Morel, Eugène Montagnier reçut les pouvoirs de maire en attendant les élections d'avril 1891 desquelles il sortit vainqueur. Réélu en 1892 et 1896, Eugène Montagnier démissionna de ses fonctions de maire en décembre 1898 pour raison de santé et pour s'occuper de son commerce. Il décida néanmoins de conserver son mandat de conseiller municipal. En mai 1905, la révocation du maire Louis Ligier pour détournement de fonds publics provoqua une violente crise municipale dans un contexte déjà tendu par l'affrontement entre républicains et radicaux. Eugène Montagnier fut alors choisi par le pouvoir préfectoral comme maire en attendant les élections de mars 1906 auxquelles notre homme décida de ne pas participer.

S. HUG

jeudi 10 octobre 2013

Le faubourg il y a cent ans : un village dans la ville




Situé à une encablure de la rue nationale, artère maîtresse de la petite sous-préfecture, le faubourg (actuelle Place de la République) possédait au début du XXe siècle une réelle physionomie villageoise et cela d'autant plus que sa population était plutôt populaire. Le promeneur qui s'y égarait, pouvait alors facilement se croire au centre de n'importe quelle bourgade bourbonnaise avec ses petits bistrots, ses ateliers d'artisans, son poids public et sa croix de mission. C'était ici que les jours de fêtes les entrepreneurs de bals montaient leurs parquets pour faire danser les filles et les garçons de la ville.
 
S. HUG

jeudi 3 octobre 2013

La Palisse et la Besbre vues par Hubert Clerget en 1863.

Lithographies réalisées par le peintre-graveur Hubert Clerget (1818-1899) . 
Ci-dessus, l'unique vue de la Besbre en amont du pont de La Palisse avant l'aménagement du Quai en 1880.

S. HUG

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vendredi 13 septembre 2013

La bénédiction des cloches d'Arfeuilles (1919)


  
Il fallut attendre 1994 pour que la culture campanaire des campagnes d'autrefois trouve enfin son historien en la personne d'Alain Corbin, auteur d'une remarquable étude intitulée Les Cloches de la Terre, parue aux Editions Albin Michel. Signaux communautaires de réunions, de communions et parfois de révoltes, on conférait aux cloches de l'ancienne France des vertus quasi magiques : à la fois protectrice des récoltes, des cheptels et du finage de la paroisse, leur son pouvait tenir à distance l'orage, la grêle et la tempête. Le 10 août 1919, la très pratiquante paroisse d'Arfeuilles, procéda à la bénédiction de trois nouvelles cloches, acquises grâce à l'action énergique du chanoine Jouannet, qui vinrent s'ajouter aux deux déjà existantes. Les rues d'Arfeuilles pavoisées pour l'occasion accueillirent une foule considérable. Chacune de ces cloches porte sur sa robe de bronze une prière particulière qui correspond parfaitement aux attentes de la société rurale de ce temps. Sur la première fut gravée : "Je sonne le souvenir. Ma voix pieuse et tendre se fait suppliante auprès de Dieu pour tous ceux que vous avez aimés. Priez pour moi." Sur la seconde : "Je sonne la Paix. Ma voix douce et grave réjouira la terre et descendra comme une bénédiction sur les semailles et les moissons." Enfin, sur la dernière, plane encore de nos jours l'ombre de Verdun et de la Der des Ders : " Je sonne la victoire de la France, la reconnaissance des paroissiens d'Arfeuilles au Sacré-Coeur de Jésus."

S. HUG 



jeudi 12 septembre 2013

L'affaire du colis sanglant (1893)

Au mois de mars 1893, une lugubre découverte fut faite à la gare de Lyon-Perrache, par l’employé chargé de la réception des colis-postaux. A l’arrivée du train de 5 h 50, venant de Roanne, l’employé remarqua un paquet à demi-défait. Il le saisit pour rattacher les liens qui l’entouraient et vit alors passer à travers le papier-carton déchiré un bras d’enfant. Il porta ce colis au bureau du commissaire de police. On en retira le corps d’un enfant de sexe masculin. L’enfant avait dû naître viable ; la mort paraissait être le résultat d’un crime. Le colis était adressé à l’hospice de la Charité ; au-dessous de l’adresse l’expéditrice avait écrit ces mots : « Catherine Prosper prie les sœurs de la Charité de lui conserver ce paquet jusqu’à son retour ». D’après les timbres apposés sur les étiquettes on se rendit compte que le colis avait été expédié de la gare de Roanne. Le petit corps fut transporté à la morgue en attendant que le docteur Lacassagne en ait fait l’autopsie. Le dimanche matin, les journaux de Lyon firent connaître cette affaire à la population roannaise. Le colis était parti de Roanne samedi, par le train de 2 h 51 du soir. C’était une femme qui l’avait apporté à la gare et c’était l’employé de la grande vitesse, Monsieur Denis, qui l’avait réceptionné. Cet employé interrogé, déclara que l’expéditrice était une femme paraissant âgée d’une quarantaine d’années et qui était vêtue de noir. Elle lui dit qu’elle venait de Villemontais, mais fit inscrire Dompierre (Allier) comme étant son domicile. Quant à la nature du paquet, elle déclara qu’il contenait des provisions de bouche. Il n’était du reste pas très volumineux ; pesait quatre kilos et mesurait 50 centimètres de longueur. Rien dans la tenue de la femme ni dans son attitude n’éveilla l’attention de monsieur Denis. Sur les renseignements qui lui on été fournis, le parquet de Roanne a ouvert une enquête de concert avec la police. Pour l’aider dans ses recherches, on lui a envoyé les linges et le papier qui enveloppaient le cadavre. Les linges se composaient d’une pièce de molleton rouge et d’une taie d’oreiller, marquée d’une croix rouge. On communiqua au parquet le rapport du docteur Lacassagne et la lettre de l’expéditrice à la Mère Supérieure des Sœurs de la Charité. Le rapport du médecin-légiste conclut que l’enfant était né viable et qu’il était mort asphyxié. Il ne portait pas de trace de blessure. Il n’avait reçu aucun soin, il n’avait pas été lavé et le cordon ombilical n’avait pas été lié. Dans sa lettre, adressée à la Charité, l’expéditrice disait qu’elle était née à Lyon, que pour faire ses couches elle avait du quitter son mari qui la brutalisait, que faute de ressources elle s’était mise en route à pied et qu’elle avait accouché, jeudi de l’autre semaine, dehors et sans le secours de personne. Elle ajoutait que son enfant était mort faute de soins, qu’il fallait que son nom restât inconnu à cause de son mari et qu’elle se dirigeait sur Paris. Les premières recherches restèrent vaines. L’enquête commencée à Roanne continua dans le département de l’Allier, d’où disait venir l’expéditrice. Ce fut à La Palisse que cette dernière fut découverte. A la nouvelle de la lugubre découverte, les langues allèrent bon train dans cette ville et la rumeur publique accusa de suite une veuve Jounet, cuisinière de son métier, que l’on savait enceinte et qui pendant quelques temps, avait disparu. Un jour on l’avait revue débarrassée et on n’avait pu avoir aucune nouvelle de son enfant. Les bruits du public allèrent aux oreilles du Juge de Paix. Celui-ci fit appeler la veuve Jounet, l’interrogea et finalement, put lui arracher des aveux complets. Elle avait accouché et, pour cacher sa faute, pour se soustraire aux commérages des personnes qui la connaissaient et qui l’avaient plus d’une fois plaisantée sur sa grossesse, elle avait résolu de faire disparaître son enfant. Elle l’avait étouffé une heure après sa naissance et, enveloppant son cadavre dans une pièce de molleton rouge, une taie d’oreiller et du papier gris, elle l’avait apporté à Roanne et l’avait expédié de la gare de cette ville à la Charité de Lyon. Quand on lui a demandé pourquoi elle avait choisi ce moyen pour faire disparaître le corps du nouveau-né, elle répondit que, prise de remords après son crime commis, elle avait voulu se racheter en partie de sa faute en confiant son cadavre à la supérieure de la Charité, qui, elle, pourrait lui donner une sépulture convenable. La veuve Jounet fut arrêtée et immédiatement écrouée.(Source : Le Progrès de Lyon)

S. HUG

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mercredi 11 septembre 2013

La séparation de l'Eglise et de l'Etat à Isserpent

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L'application pleine et entière de la loi de Séparation de l'Église et de l'Etat promulguée en 1905 fut soumise au jeu subtil des équilibres régionaux et locaux. L'inventaire des biens de l'Église et des communautés religieuses, lancé en 1906, faillit mettre en péril l'unité de la nation . Ainsi, dans l'Ouest et le Nord du pays, Blancs et Rouges en vinrent aux mains sur le parvis des chapelles ou aux portes des presbytères. A La Palisse, la municipalité radicale-socialiste du Docteur Baudon profita de l'Affaire des inventaires pour "laïciser" la vie lapalissoise : des croix de carrefour furent déplacées ou disparurent purement et simplement du paysage, on cadenassa également un temps les portes de la chapelle du vieil l'Hôpital de la ville. Mais ce fut à Isserpent que la crise culmina dans le Pays lapalissois.

La municipalité de Francisque David (maire de 1904 à 1912) étant fermement décidée à récupérer le presbytère pour le reconvertir en succursale postale demanda au curé de la paroisse, Auguste Meilleroux (curé de 1900 à 1913) de quitter les lieux. Ce dernier refusa et le jour tant redouté de l'inventaire, le 18 mars 1907, il s'enferma dans l'église. Un forgeron fut alors appelé afin de briser la serrure de la porte du fond de la nef. Le curé Meilleroux décida immédiatement de quitter la bourg et alla s'installer au hameaux des Corres où une grange appartenant à la famille Talabart fut aménagée en église de fortune. On raconte que les cafetiers d'Isserpent firent grise mine car leur clientèle dominicale avait désertée leur zinc... Une intervention de l'évêché permit d'applanir les dernières difficultés et tout rentra dans l'ordre à la fin de l'été. Le curé Meilleuroux regagna alors son presbytère mais cette fois-ci en tant que simple locataire.
L'église "romaine" (restée fidèle au Concordat de 1801) des Corres


S. HUG


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mardi 13 août 2013

Anne-Geneviève de Lévis, éphèmère propriétaire de la terre de La Palice

Portrait d'Anne-Geneviève de Lévis par Nicolas de Largillière, 4e quart du XVIIe siècle, conservé au Musée des Beaux-Arts de Rouen

En 1713, Suzanne-Madeleine de La Guiche, fille unique de Bernard de La Guiche, seigneur de La Palice, décida de prendre le voile et de léguer ses biens à sa cousine Anne-Geniève de Lévis, épouse d'Hercule de Mériadec-Rohan, Prince de Soubise. Fille de Madame de Ventadour, gouvernante du jeune Louis XV, Anne-Geneviève de Lévis était un personnage de cour qui possédait le titre d'Altesse depuis son premier mariage en 1691 avec Charles de La Tour d'Auvergne. 
La Palice ne resta dans l'escarcelle des Soubise qu'une quinzaine de mois, puisque le 14 mars 1715 notre terre bourbonnaise fut acquise par Gilles Brunet d'Evry, Intendant de la Généralité de Moulins. Cette transaction illustre à merveille les rapports de force financiers qui travaillaient en permanence les patrimoines aristocratiques sous l'Ancien Régime. En effet, la fin du règne de Louis XIV fut marquée par une très mauvaise conjoncture économique qui greva la plupart des revenus nobiliaires. Au même moment, des familles au service de l'Etat, telle que les Brunet, continuèrent tout de même à s'élever dans la société de cour, phagocytant au passage une partie du patrimoine des grandes maisons, bien aise d'adoucir ainsi les velléités de leur créanciers. 

S. HUG



lundi 12 août 2013

L'épicerie Lacroix


Cliché du haut : Marthe Lacroix et son fils Marcel en 1926. Cliché du bas : Alexis Corre et, tout à côté de lui, sa femme Marie Lacroix en 1933.


Dans la France des années 50, encore marquée par l’épreuve du Rationnement, la nourriture était une richesse que notre société moderne a depuis lors banalisée. L’implacable « Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front » (Genèse 3. 19) résonnait encore d’une façon toute particulière dans un monde chrétien resté profondément rural. Et que dire du Pain quotidien du Pater Noster qui rattachait la France d’Auriol et de Coty aux espérances ancestrales d’une vie meilleure. Au centre des préoccupations des Français d’alors, trônaient les commerces de bouche. Face à l’universalité (quasi égalitaire) de la boulangerie, se dressaient deux espaces commerciaux plus sélectifs : la boucherie et l’épicerie. Leurs portes franchies, le chaland, en fonction du contenu de son panier, pouvait immédiatement percevoir son positionnement social et sentir se poser sur lui le regard de la communauté. Grâce aux souvenirs de Monsieur Pierre Corre, Lapalissois d’origine et fidèle lecteur de Palicia, refait surface l’histoire et l’organisation de l’épicerie Lacroix, autrefois située rue du Marché.

Ce fut le 11 novembre 1909, jour de la Saint-Martin, jour dédié dans l’ancienne France à la signature des baux, que Pierre Lacroix (1885-1915) prit possession avec son épouse Marthe Guinot (1886-1971) d’une petite épicerie située à l’angle de la rue du Marché et de la rue Traversière. Fraîchement mariés et après que Pierre Lacroix ait réalisé un stage au siège parisien de Félix Potin, les deux jeunes épiciers se proposèrent donc d’installer la célèbre enseigne de Produits Fins sur les bords de Besbre.

A la mort de Pierre Lacroix sur le front en 1915, Marthe continua à s’occuper seule de l’épicerie familiale, élevant ses deux enfants : Marie (1912-2001) et Marcel (1914-1929). En 1933, Marie Lacroix épousa Alexis Corre, le jeune couple prit alors la succession de Marthe Lacroix.

L’agencement du commerce était celui d’une épicerie type de l’époque : les murs du magasin étaient occupés par des étagères qui montaient jusqu'au plafond,  au milieu de l’espace se dressait une banque en bois avec caisse enregistreuse au centre.


Marie Corre au centre de son épicerie

Un entrepôt se situait dans une dépendance qui ouvrait sur la rue Traversière.    Le commerce ne possédait pas en revanche de chambre froide, l’épicerie Lacroix ne vendait ni viande,  ni légumes, mais uniquement des conserves, de l’alimentation traditionnelle, des bonbons, des dragées, des vins, des spiritueux, quelques fromages à la coupe et du café torréfié une fois par semaine dont les arômes gagnaient tout le quartier. Les marchandises arrivaient par train, par car ou par camionnette. Véritable commerce de proximité comme nous dirions de nos jours, l’épicerie Lacroix était ouverte tous les jours de l’année de 8 heures à 19 heures, ne faisant relâche que le Dimanche après-midi. Mais toujours prêts à « dépanner » sa clientèle, il n’était pas rare que les époux Corre servent, une fois le rideau de leur commerce tombé, quelques personnes du voisinage à la porte de la réserve, rue Traversière. Alexis Corre assurait par ailleurs quelques livraisons en ville à l’aide d’un vélo supportant  une grosse caisse en bois.

Le jeudi matin, jour de marché, occupait une place particulière dans la semaine de l’épcierie. Ce jour-là, la rue du Marché était noire de monde et pour l’occasion, on dressait un étal devant le magasin dédié à la vente de confiseries et souvent tenu par le jeune Pierre, fils du couple Corre. Tout contre, Monsieur Grand, fabriquant de sabots à Saint-Christophe, avait l’habitude de déballer ses pièces sur le trottoir de l’épicerie.

A la Toussaint, Alexis Corre vendait également des chrysanthèmes qu’il cultivait toute l’année dans le jardin de Marthe Lacroix, situé route du Cimetière. Enfin, à la Noël, l’épicerie Lacroix devenait le principal magasin de jouets de lapalisse : les piles de mécanos, baigneurs ou poupées envahissaient alors la boutique d’alimentation.

De plus en plus concurrencés par les magasins à succursales dont les volumes achetés et écoulés permettaient de proposer aux clients des prix plus bas, les époux Corre décidèrent de céder leur épicerie à Monsieur Jonard en 1955 et quittèrent Lapalisse pour Vichy. 

Un grand remerciement à Monsieur Pierre Corre, fils d'Alexis et de Marie Corre et petit-fils de Pierre et Marthe Lacroix.

S. HUG

vendredi 9 août 2013

Une photo à la Une : il y a trente ans

Le pont de Lapalisse il y a tout juste trente ans : embouteillage et spectacle historique