mercredi 2 mars 2016

L'odyssée révolutionnaire de Simon Dereure


Simon Dereure est né à Lapalisse en 1838. Fils d'un modeste teinturier et d'une couturière, il grandit dans un milieu social marqué par les idées républicaines. Une partie de sa famille eut d'ailleurs à souffrir de la répression bonapartiste au lendemain du Coup d'Etat du 2 décembre 1851 et des affrontements de Lapalisse du 4 décembre. Vers l'âge de 15 ans, Simon Dereure quitta Lapalisse pour entreprendre son apprentissage de cordonnier à Lyon où il fut mêlé en 1854 dans une affaire touchant une Marianne (une de ces sociétés républicaines secrètes qui fleurirent sous le Second Empire). Nous le retrouvons à Paris en 1863. Il participa en 1866 à la création de la première chambre syndicale ouvrière de France, celle des cordonniers de Paris. En 1869, il participa au quatrième congrès de l'Internationale ouvrière qui se tint à Bâle. Arrêté en février 1870 et jugé pour complot contre la sûreté de l'Etat, il fut incarcéré jusqu'en juillet. Dès le mois de septembre et les premiers jours de la toute nouvelle République, il prit une part active dans le combat politique mené par les Socialistes parisiens. Elu au conseil municipal du XVIIIe arrondissement, il en fut désigné maire-adjoint en novembre. Le 26 mars 1871, Simon Dereure fut élu au Comité central de la Commune de Paris, l'organe décisionnel de la révolution rouge et noire. Figurant sans doute, les armes à la main, parmi les derniers défenseurs de la Commune retranchés dans et autour du Père-Lachaise au terme de la semaine sanglante, Simon Dereure réussit à s'enfuir de Paris, quitta la France et partit en exil, d'abord en Suisse, puis en Angleterre et enfin à New-York. Pendant ce temps, en 1873, le Conseil de Guerre le condamna à mort par contumace. Il vécut aux Etats-Unis jusqu'en 1881, année durant laquelle une loi d'amnistie fut votée au bénéfice des anciens Communards. Durant ces années américaines Simon Dereure vécut même pendant de long mois dans la communauté idéale et égalitaire de Coming dans l'Iowa. De retour en France, il adhéra au Parti ouvrier de Jules Guesde. Il représenta d'ailleurs plusieurs fois les couleurs de ce parti lors d'élections municipales et législatives à Paris. Gérant quelques feuilles d'opinion, il vivota jusqu'à la fin de sa vie des fruits de son métier. Il s'éteignit dans la misère en 1900.


S. HUG

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