mercredi 1 juillet 2009

Saint-Prix existe !

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C'est avec la commune, si proche et si méconnue, de Saint-Prix que nous ouvrons notre tour estival du Pays lapalissois.
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Saint-Prix serait-elle seulement, comme on peut le lire parfois, la « banlieue verte » de Lapalisse ? Répondre à cette question reviendrait à évoquer par le menu l’histoire des relations, parfois tendues, entre ce village et sa voisine qui s’est toujours empressée de lui clouer le bec en lui rappelant son statut de VILLE. Et pourtant, ce village existe bel et bien. Il n’y a bien que nous autres Lapalissois pour prétendre que son territoire peut être embrassé le temps d’une ballade dominicale décidée après le café, histoire de monter à Beaulieu et de redescendre par les Jeanrais ou la Gare afin de regagner au plus vite les bords de Besbre.
Cette commune mérite mieux qu'une traversée, prenons le temps de regarder Saint-Prix et de bambocher dans sa campagne.
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Dans les années 30, Saint-Prix possédait encore quatre bistrots, trois épiceries-merceries, deux charrons, deux tailleurs et trois moulins. Alors que la fête patronale battait son plein le 15 août (avec le traditionnel pélerinage de Beaulieu), le quartier de la gare possédait également sa propre fête le lundi de Pâques.


Au siècle dernier, le temps long de la ruralité était accéléré par le passage de la route de Paris à Lyon (future Nationale 7) par l'exploitation des carrières de granit et par l'usine de boutons du Viaduc.



C'est à l'écart du bourg qu'il faut aller débusquer le passé lointain de Saint-Prix. Sur le plateau de Beaulieu se dresse une petite chapelle (la CHAPELLE devrais-je dire) du XIIe siècle abritant une statue miraculeuse de Notre-Dame de Bon-Secours. Selon la légende, au XIIe siècle, les chevaux de deux cavaliers passant par ce plateau s'arrêtèrent net tout tremblants au pied d'un chêne. En levant les yeux, les deux cavaliers aperçurent entre les branches, dans un halo de lumière, une statue de la Vierge tenant l'Enfant Jésus. La population accourut alors à Beaulieu et décida, sous la conduite du desservant de la paroisse, de transporter cette statue au bourg. Cependant, le lendemain matin, la Vierge à l'Enfant était à nouveau miraculeusement perchée en haut du chêne de Beaulieu. Peu de temps après, le sire de Montjournal décida d'édifier sur le site même de la découverte la chapelle que nous connaissons encore. (voir également l'article de PALICIA consacré à la Piété en Pays lapalissois, archives du mois de mai 2009).

Jusqu'à la veille de la Seconde guerre mondiale, on présentait dans la hâte à Notre-Dame du Bon-Secours les nouveaux-nés souffreteux dans l'espoir de leur accorder le souffle de vie nécessaire pour recevoir le baptême et éviter ainsi le séjour des limbes.


Sur les bords de la Besbre, enfoncé dans la verdure, se niche le Châtelard, un hameau dominé par un vieux moulin en activité jusqu'à la veille de la Première guerre mondiale. A l'époque médiévale, le Châtelard était, comme son nom l'indique, un petit fief seigneurial ayant pour mission de contrôler un point de passage important sur la Besbre.

Le moulin du Châtelard au début du XXe siècle



Aux Toquins, une vieille tour accolée à un corps de ferme témoigne encore de l'existence d'une terre seigneuriale.


Les Toquins, croquis des Fiefs du Bourbonnais


Saint-Prix est enfin une terre de caractère où un certain esprit de résistance sommeille. Deux anecdotes. Lors de la Révolution, une mère Bert, de son vrai nom Giraud, cacha dans son lit la statue de Notre-Dame de Bon-Secours de Beaulieu afin de la soustraire au bûcher des Bonnets rouges. A la fin du XIXe siècle, une lutte sourde opposa pendant plusieurs années la municipalité de Saint-Prix à la famille Noailly, propriétaire de la terre de L'Hermitage. Cette famille, l'une des plus fortunées du Bourbonnais, souhaitait s'établir sur les bords de Besbre et avait commencé à rassembler plusieurs parcelles, dessiner un parc arboré derrière de hauts murs et édifier un ensemble de bâtisses à caractère bourgeois connues sous l'appellation de Pavillon. Afin de "gâcher" le paysage qui s'offrait au regard des Noailly du haut de leur belvédère, la municipalité de l'époque n'hésita pas à installer le nouveau cimetière communal sur la colline qui se dressait en vis-à-vis de l'autre côté de la besbre... Peu de temps après, une cuisante défaite lors d'élections municipales blessa la morgue des Noailly qui, de guerre lasse, finirent par vendre leur propriété.




S. HUG

HUGSTEPHANE@aol.com

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