vendredi 18 septembre 2009

Le Centenaire des Grandes Manoeuvres du Bourbonnais (Chapitre IV) : un moment de communion avec l'armée

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La France de la Belle Époque glorifiait son armée et avait inventé une sorte de culte républicain autour de celle-ci. Pendant ces journées de septembre 1909, Lapalisse fut au centre de cette religion tricolore.



Pour la plupart fils de la terre, de nombreux soldats nouèrent des contacts spontanés avec les paysans des environs de Lapalisse.


"Je rentre à Lapalisse alors que le dirigeable vient d'atterrir dans la plaine de Rosières. Il règne sur ce point un mouvement extraordinaire. Depuis huit jours on y a élevé des buvettes, des restaurants, des cantines qui toutes font des affaires, l'établissement de la vaillante cantinière Magnol ne désemplit pas, il y a beaucoup de monde dans une auberge ambulante qui a pris pour titre "Au dirigeable". A Lapalisse, il y a un encombrement fantastique, toutes les chambres des hôtels sont prises, on met des lits dans les couloirs ou sur les billards. Toute la ville est pavoisée de drapeaux et d'oriflammes, il semble que tous les chanteurs du pavé se soient donnés rendez-vous ici, les mendiants pullulent et dans cette cohue les camelots, vendeurs de cartes postales du dirigeable, de jouets comiques et de petits drapeaux tricolores, apportent la note gaie par leurs boniments et leurs cris (...) Hier soir à 6 heures on ne trouvait plus de pain à Lapalisse. On en a envoyé chercher dans toutes les communes voisines. Le soir, les soldats se répandent dans Lapalisse qui, de plus en plus, ressemblent à une ville en état de siège." (Le Centre - 16 septembre)




Une des nombreuses buvettes montées à la hâte sur le site de Rosières


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Un groupe de soldat dans une rue de Lapalisse.

Dans une lettre du 26 septembre, Léonie Fradin, épouse de Paul Raby, architecte de la Ville de Lapalisse, raconte à son fils, Marcel, l'euphorie qui régnait alors sur les bords de Besbre :

"Mon cher marcel,

Après t’avoir quitté à la gare, nous avons rejoint notre habitation tout doucement ; quelques instants après arrivaient Léon et la tante Augustine qui venaient voir le ballon et qui ont passé la journée à la maison. Chaque fois que le ballon se rendait aux manœuvres qui ont eu lieu entre le Donjon et Lapalisse il passait au dessus de la maison de sorte que nous l’avons très bien vu. Les manœuvres ont duré trois jours dans nos parages du jeudi au samedi. Jamais Lapalisse n’avait tant vu d’autos, de bicyclettes, de piétons et de voitures que le vendredi. Les uns venaient pour suivre les manœuvres, d’autres pour voir le ballon.
Les Algériens [cousins de la famille vivant en Algérie] sont arrivés justement le vendredi. Il y avait une telle circulation dans les rues que l’omnibus n’a pu nous mener à destination et à été obligé de nous laisser avant l’Ecu ; il y a eu plusieurs accidents.
Le samedi le ballon a fait sa dernière sortie, sortie de parade qui n’a duré que 25 minutes ; il a évolué au-dessus de Lapalisse et a plané au dessus du château pour permettre de le photographier avec le château, photographie en couleur qui est on ne peut mieux réussie.
Avec l’oncle et la tante nous nous sommes rendus au hangar et nos parents ont très bien vu la sortie du ballon de son hangar, son évolution et sa rentrée au hangar ; il était temps, c’était sa dernière sortie. "

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Cohue sur la route de Moulins à la hauteur de Rosières


Dans le journal du Centre du 18 septembre, on note : "La rue nationale ressemble ce matin, comme animation, au boulevard des Italiens un jour de courses à Longchamp. A côté des autos qui accourent de toutes les routes, circulent les véhicules les plus divers, de toutes formes et de toutes dimensions. Quant aux piétons, ils sont des milliers venus de tous les points du département et des départements limitrophes. On peut estimer à 100 000 au moins le nombre des personnes qui se trouvent aujourd'hui à Lapalisse ou aux environs."




Les cantonnements étaient autant de lieux propices pour communier avec la population locale.



Remerciements à M. Zaccone, descendant du couple Fradin-Raby, pour son aide documentaire.


S. HUG


HUGSTEPHANE@aol.com

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