lundi 27 décembre 2010

COLLECTION VISAGES DU BOURBONNAIS - Hector Rolland : Spartacus le Pitaux.

Rolland, emmailloté dans les langes de sa naissance, fut trouvé le matin de Noël 1911 sur les marches de l’église Saint-Pierre de Neuilly-sur-Seine. Recueilli par l’Assistance Publique, il fut placé dans une ferme de la Nièvre, où il partagea son enfance entre la surveillance des troupeaux et l’école communale d’où il sortit sans diplôme. Toute sa vie, Hector Rolland demeura dans l’âme un « pitaux », c’est-à-dire un enfant des Hôpitaux de Paris. Le jeune Hector commença par travailler en usine, puis au montage de lignes électriques et en tant que livreur. Au retour du service militaire, Hector Rolland fit tout pour donner un sens à sa vie en rachetant notamment des affaires en difficulté qu’il restructurait avant de les revendre (fabricant de couronnes mortuaires, parfumeur, marchand de charbon, gérant d’une affaire de papier en gros). En 1959, il racheta le garage Berliet de Moulins-Avermes et devint vite le concessionnaire Mercédès Poids-lourds de tout le département.Hector Rolland adhéra à l’UNR (Union pour la Nouvelle République) au début des années 60 et en devint le secrétaire départemental en 1962. Il se présenta pour la première fois à une élection législative en 1967 dans la circonscription de Montluçon face au député-maire de la ville, le socialiste Jean Nègre. Battu, il réussit néanmoins à se faire connaître et à faire progresser dans le Montluçonais l’électorat gaulliste. 1968, marqua le tournant de sa vie. Face à la « chienlit », Hector Rolland tempêtant contre la paralysie du pays, décida d’imprimer vingt mille tracts et de les distribuer dans Moulins (dont plusieurs milliers furent lancés depuis un avion). Quelques jours plus tard, 2 500 personnes se rassemblèrent sur les Cours, juste devant la Préfecture, pour manifester leur soutien au gouvernement, au Général et leur ras-le-bol face aux grèves et face à l’agitation. Fort de ce succès populaire, Hector Rolland fut tout naturellement candidat gaulliste aux élections législatives de juin. Il bat au second tour, le député communiste sortant, Jean Billaud, cultivateur à Mercy, encore peu connu car appelé à la députation quelques mois plus tôt en remplacement de Jean Guyot. Il n’empêche car la campagne de Rolland fut en tous points énergiques, à l’image du personnage. Réélu en 1973 et en 1978, Hector Rolland fut en revanche balayé en juin 1981 par la vague rose qui suivit l’élection de François Mitterand. Le candidat socialiste Jean-Paul Desgranges le devançant même dans la plupart des bureaux de vote de Moulins. Hector Rolland revint à l’Assemblée nationale entre 1986 et 1988 à la faveur de la représentation proportionnelle. Membre du groupe de l’UNR, puis à partir de 1977, du RPR, Hector Rolland se définissait comme un « godillot indiscipliné », détestant le parisianisme et les technocrates. Il lança un jour de 1976, du haut de la tribune de l’Assemblée nationale, la fameuse formule humoristique du « combat des Horaces contre les Coriaces » qui déchaîna l’hilarité des Parlementaires persuadés qu’elle n’était que le reflet de son inculture. Un brin populiste, surnommé « Spartacus » par les journalistes politiques, défendant souvent des positions conservatrices (notamment sur l’IVG), ayant le verbe haut, usant de formules à l’emporte-pièce, Hector Rolland possédait, comme tous les autodidactes, un goût profond pour la culture et fut un lecteur assidu, notamment d’œuvres poétiques. Pressenti en 1974 pour un possible portefeuille ministériel, il fut finalement écarté par Jacques Chirac lors de la constitution de son premier gouvernement. Assurant qu’il avait pourtant obtenu la promesse d’intégrer la future équipe ministérielle, Hector Rolland conserva toute sa vie de l’amertume vis-à-vis de Jacques Chirac et ne mâcha pas ses mots, au soir de sa vie, dans son ouvrage testament, Souvenirs dérangeants d’un godillot indiscipliné (1990). Pour le consoler de cette disgrâce, Jacques Chirac le nomma néanmoins à l’automne à la Présidence du Comité des Usagers ayant pour objectif de réformer les relations entre l’administration et les citoyens. Candidat aux élections municipales de Moulins en mars 1971, la liste d’Hector Rolland l’emporta au premier tour face à une liste socialiste et une liste communiste. Réélu en 1977 et en 1983, Hector Rolland essaya de moderniser l’image de sa ville en développant les équipements sportifs. Il fit construire un Palais des Sports et une piscine d’hiver, tant et si bien qu’en 1978, Moulins obtint le titre de « Ville la plus sportive de France ». En 1987, il porta à bout de bras l’organisation des championnats du monde de Pentathlon moderne à Moulins. Décidé à passer la main au bout de son troisième mandat, il demanda, en 1989, à son premier adjoint, l’industriel Paul Chauvat, de conduire la liste de la majorité sortante. Hector Rolland fut également conseiller général du canton de Moulins-sud de 1970 à 1982, conseiller régional d’Auvergne et député européen en 1983-1984.Hector Rolland nous quitta le 7 mars 1995.
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S. HUG

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