jeudi 14 janvier 2010

LAPALISSE FOCUS 50-60 - deuxième partie -


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Retrouvez la première partie de Lapalisse Focus 50-60
Retrouvez la troisième partie de Lapalisse Focus 50-60
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Pourtant, notre ville était loin d’être isolée. Une douzaine de trains s’arrêtait quotidiennement en gare de Lapalisse-Saint-Prix et des services de cars reliaient chaque jour Lapalisse à Moulins, Vichy, Jaligny, Le Donjon et Roanne. Chaque jour également, le car assurant la liaison de Paris à Nice faisait halte à l’Hôtel de France. Et puis, il y avait surtout la Nationale 7, bientôt appelée Route bleue, qui draînait chaque jour son flot de corvettes, d’arondes, de dauphines et de 4 CV. Parfois, miracle de la reconstruction, une belle américaine, traversait la ville tout chrome dehors et filait sur Paris ou Lyon. Il est aujourd’hui difficile d’imaginer à quel point cette route fut l’un des moteurs de l’économie lapalissoise des années 50-60. En plus des garages (Dupéreau pour la marque Renault, Cantat pour Peugeot, Henry pour Citroën et Vernisse pour SIMCA), des cafés et des restaurants, Lapalisse possédait alors le sixième parc hôtelier du département avec une capacité de 160 chambres (Grand Hôtel de France, gérant : M. Bruel, Hôtel de la Renaissance : M. Gruet, Hôtel du Midi : M. Renaud, Hôtel du lion d’or - devenu plus tard Le Lion des Flandres : M. Fougères, Hôtel Galland : M. Dépalle, Hôtel du Bourbonnais : M. Filliole, Hôtel de l’Ecu : M. Dulout).



En haut, le carefour de la Petite-Gare avec la station Lallias. En bas, les pompes à essence sur l'avenue Roosevelt.


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L’année lapalissoise était en ce temps marquée par des moments festifs fédérateurs : la fête patronale de septembre bien sûr, la foire aux "oranges" le 28 décembre dont le coeur battait place du marché, la foire de la Loue dans les Faubourgs en juin, les bals de quartier (le Champ de foire, la Gare et la Petite-Gare), les fêtes champêtres (Chez Choux, Les Brossards, les Minaires), le Carnaval avec la venue des Gilles de Belgique, la kermesse paroissiale, organisée à l’époque dans le parc du château des Vignauds et à l’affiche de laquelle se trouvaient parfois des combats de boxe amateur !
Chaque année, le Champ de foire accueillait les cirques AMAR et PINDER, des courses cyclistes étaient organisées par l’Union Vélocyclopédique lapalissoise présidée par André Boufferet, boucher et négociant en bestiaux de son état, qui possédait une grosse voiture américaine dans laquelle prenaient place, les jours de carnaval, la Reine de Lapalisse et ses dauphines.



Dans les années 50, les Lapalissois suivaient de près la carrière de Roger Buchonnet (1926-2001), natif de Magnet. Amateur de 1945 à 1948, Buchonnet mena une honorable carrière pro entre 1949 et 1959. Il remporta le Grand Prix des Commerçants de Lapalisse en 1949. L'année 1951 fut la plus belle de sa carrière : puisqu'il remporta une étape de Paris-Nice, fut troisième des Championnats de France et troisième du Midi-Libre. Roger Buchonnet participa plusieurs fois au Tour de France.
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Parfois, l’extraordinaire s’invitait dans notre ville : le passage du jeu radiophonique des Mille Francs, le spectacle de funambules des Diables Blancs sur la place du Marché ou bien encore d’éphémères joutes nautiques sur l’étang de Rosières. Et puis, il y avait les deux cinémas de la ville, le PALACE (place du Marché) et le PAX (à partir de 1958, rue Roosevelt), deux lieux réputés confortables (à tel point que des associations réservaient un an à l’avance leur salle pour y organiser des réunions, seule façon pour les dirigeants d’attirer du monde). Dans ces salles populaires, le vaste monde et le fantastique télescopaient le quotidien des Lapalissois.


Si la vie politique et associative était alors encadrée par la petite bourgeoisie commerçante de la ville, la présence de vieilles familles de notables (les de Chabannes, les de Fraix ou les de Montgrand) et le recours à un personnel de maison logé à demeure dans certaines familles aisées (le notaire Rome, le Docteur Dumas ou les de Fraix par exemple) liait encore la société lapalissoise à un XIXe siècle qui n’en finissait pas d’expirer. Un seul exemple : à cette époque, l’usage du trousseau, fait de linges brodés et destiné aux jeunes filles à marier, était quasi généralisé. Les fiançailles conclues, beaucoup de jeunes Lapalissoises apprenaient ainsi l’art de la broderie chez Marie Communal, sur l’avenue du Donjon, dont la dextérité était reconnue dans toute la ville. L’Eglise jouait bien entendu un rôle encore prépondérant à Lapalisse. L’année de Vatican II, en 1963, l’évêché estimait que 20 % des Lapalissoises étaient pratiquantes contre 10 % pour les hommes. L’Eglise à Lapalisse, c’était tout d’abord des figures : celle du commandeur, l’abbé Déret bien sûr, puis celles de Mesdemoiselles Vérot et Lauzier à l’orgue et à la chorale, sans oublier M. Dépalle à la sacristie. Mais aussi des lieux : comment ne pas parler de l’école Notre-Dame, vieille institution venue d’une autre époque, de la procession de la Fête-Dieu dans le haut de la ville en juin, de celle de Beaulieu organisée le jour de l’Assomption, de celle du château le jour de la fête de Lapalisse et, enfin, de la kermesse des Ames Vaillantes au château des Vignauds au cœur de l’été.
Avec le catéchisme, nous touchons au monde de l’enfance et à celui des apprentissages : l’école, l’Eglise, le foot, l’Union musicale et… la Besbre.






L'équipe cadette de l'AAl à la fin des années 50 avec M. Périsse (dirigeant).



L'Union musicale rassemblée au grand complet lors de la Sainte-Cécile 1964



L'intérieur d'une classe maternelle de Lapalisse en 1962 (classe de Mme Berthomier)



Intérieur de la classe de 3ème à la fin des années 50 (cours complémentaire de M. Geneste)


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A l’époque, l’école maternelle était implantée dans les locaux de l’Ecole des Filles (actuels services de la DDE) et dirigée par Madame Papon. Parmi les enseignantes les plus charismatiques de l’Ecole des Filles, figure en bonne place Mme Saule-Cambret qui marqua les Lapalissois à la fois par ses méthodes d’enseignement inspirées de l’école Freinet (elle pratiquait par exemple le jardinage avec les jeunes filles de son cours élémentaire sur un lopin de terre aménagé à l’entrée du stade municipal) et par son indépendance d’esprit (elle fut la première Lapalissoise à oser se montrer en short dans les rues !). A six ans, les garçons passaient de l’autre côté de l’avenue, au CP de Mme Geneste, puis au Cours élémentaire de M. Deveau et enfin au Cours Moyen de M. Geneste et de M. Bigeau. Une poignée seulement continuait dans le Cours complémentaire où régnèrent M et Mme Parillaud et M. et Mme Dérichard. Les deux premières années de ce Cours complémentaire étaient préparatoires au Brevet et permettaient aux garçons de passer les concours de la fonction publique et à quelques filles de s’orienter vers l’emploi de secrétaire. Une troisième année menait à ce qui était considérée à l’époque comme la voie royale : le concours d’entrée à l’Ecole Normale d’instituteurs et d’institutrices de Moulins. Le Cours complémentaire de Lapalisse accueillait bien entendu les élèves les plus brillants des communes voisines et l’institution jouissait d’une telle excellente réputation que, chaque année, plusieurs élèves venant de Vichy, Cusset et même de Roanne poursuivaient leurs études à Lapalisse. Faute d’internat, la plupart prenaient pension dans des familles des Faubourgs ou de l’avenue de la gare.
(à suivre...)

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