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Dans l'ancienne France, les moulins tenaient une place essentielle dans la vie des villages. Le moulin était en effet très souvent la seule "usine" du monde rural derrière les murs de laquelle, grâce à une alchimie qui ne cessait de frapper l'esprit de nos aïeuls, le grain se transformait en farine avant de fournir le pain quotidien. Les passages chez le meunier ponctuaient donc l'année-récolte et donnaient lieu à de nombreuses réjouissances : on y buvait et on y dansait afin de conjurer la fragilité de la vie.
L'histoire du Moulin de Montciant, situé sur la commune du Breuil, illustre à merveille toute l'évolution de la meunerie rurale bourbonnaise, de la force de l'eau à l'insertion dans le tourisme vert.
Le moulin de Montciant, établi sur le cours du Barbenan, s'élève à la croisée de vieux chemins menant au Breuil, à Châtelus, à Droiturier et à Arfeuilles. Si une partie des bâtiments datent du XVIIIe siècle, le moulin, tel que nous le connaissons aujourd'hui, remonte à 1825. En 1880, André Blache, grainetier à Arfeuilles (mais originaire de la Drôme) acheta le moulin qui fonctionnait jusqu'alors avec deux roues en bois et l'équipa d'une machine à vapeur pour pallier le manque d'eau lors des périodes d'étiage ou de gel. En 1921, Louis Beluze, qui avait épousé la fille du meunier, reprit l'affaire familiale. Il installa des roues à augets métalliques, puis, remplaça en 1931 la machine à vapeur (dont la cheminée se dresse encore à l'arrière du bâtiment) par un moteur électrique, toujours visible dans le moulin.
Les roues à augets
En 1950, les meules en pierre furent remplacées par
des appareils à cylindres entraînés par des courroies
A l'époque, Louis Beluze travaillait avec deux ou trois employés et son activité rayonnait jusque dans les départements de la Loire et du Rhône. Montciant était alors un lieu fréquenté : un bistrot trônait en face au moulin et quelques bals étaient organisés chaque année sous les marronniers.
Louis Beluze (1889-1962), meunier de Montciant, conseiller municipal du Breuil de 1928 à 1937, maire de la commune de 1937 à 1944.
En 1956, André Beluze prit les rênes du moulin, secondé par sa femme, Solange. L'affaire prospéra jusqu'au milieu des années 1970 où la concurrence des grandes unités minotières devint de plus en plus dure. André et Solange Beluze cessèrent leur activité le 31 décembre 1987, le contingentement du moulin fut alors vendu à Serge Caffière, propriétaire du moulin de Lapalisse. Quatre ans plus tard, lors d'une journée portes ouvertes, naquit l'idée de créer un musée de la meunerie qui vit finalement le jour en 1992.
Solange et André Beluze, les derniers meuniers de Montciant
(cliché de 1990)
S. HUGRemerciements à Madame Josette Videt, fille des derniers meuniers de Montciant, animatrice du Musée de la Meunerie.
Tous droits réservés au Musée de la Meunerie de Montciant.
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