Partir par ses propres moyens : fiche de police remplie à l'Hôtel de l'Ecu par une famille juive luxembourgeoise en exil |
Entre septembre 1939 et juillet 1940, Lapalisse accueillit pour quelques heures, quelques jours ou parfois même quelques mois, des dizaines et des dizaines de personnes fuyant la menace de la guerre puis la réalité des combats. A ces déplacés, s'ajoutèrent également des colonnes entières de militaires pris dans le tourbillon de la Débâcle, dont la plus célèbre fut la 3eme Compagnie du 152e RI, les fameux Diables Rouges.. L'accueil de ces populations souvent "déboussolées" fut un véritable casse-tête pour la Municipalité de l'époque qui fit face à cet afflux avec beaucoup d'humanité. Un local, situé sur l'île Saint-Jean, tout contre le pont, fut ouvert dès septembre 1939 par le Comité local de la Croix-Rouge afin d'offrir des boissons, des vivres et des vêtements de rechange à ceux qui transitaient par la Route Nationale.
Louis Segaud, ancien menuisier lapalissois, raconta, bien plus tard cette époque dans une chronique qu'il tint dans les colonnes du Courrier de la Besbre au début des années 1980 : "Après la Débâcle et l'exode de juin 1940, Lapalisse était surpeuplée : par des réfugiés des régions du Nord et de l'Est, par différentes organisations : Chantiers de Jeunesse, Compagnons, les Gardes mobiles, l'école des Cadres de la Jeunesse installée au château, le dépôt des subsistances. Bientôt ce sera un détachement du 15-2, caserné dans des baraquements à la Petite-Gare jusqu'en novembre 1942 et les gardes-voies à partir de mars 43. Chacun faisait face dans des conditions difficiles mais avec bonne volonté, la consternation de la défaite avait pour un temps rapproché les habitants. Les réfugiés furent très bien accueillis dans notre canton (...) Le détachement de gardes-voies l'uniforme bleu foncé et à la casquette à longue visière était cantonné place du Marché sous les ordres du Commandant Roubis qui sera incarcéré à la prison de la Mal-Coiffée le 30 juin 1944. Ces gardes-voies étaient renforcés la nuit par des requis pris dans la population entre 18 et 65 ans. Certains volontaires se manifestèrent. En plus de la voie ferrée, le pont sur la Besbre était gardé nuit et jour. Tous ces emplois improductifs furent supprimés en août 1944. "
Partir en utilisant les convois mis en place par les autorités |
Dans le bulletin scolaire Enfantines (octobre 1945), publication mensuelle d'Augustin Frénet, la jeune lapalissoise Georgette Favier livrait ses souvenirs les plus marquants des colonnes de réfugiés traversant sa ville natale : "J'ai vu passer des petits enfants qui étaient les pieds nus et ils avaient la rougeole. Un pauvre vieillard était fatigué et il s'endormit dans la voiture, il était nu-tête. Il y avait des bébés qui paraissaient avoir un an ou deux et qui ne marchaient pas. Ce matin, il y avait des camions à côté de chez nous, les militaires ne parlaient pas français, je ne comprenais rien de ce qu'ils disaient. Ma grand'mère ne pouvait pas prendre de l'eau à la fontaine , car ils étaient en train de se débarbouiller la figure et les mains. On ne ouvait presque pas passer.
S. HUG
S. HUG