Victor Cornil naquit à Cusset, rue du Port, le 17 juin 1837. Son père, Félix Cornil, était médecin dans cette ville ainsi qu'aux thermes de Vichy. De tendance anticléricale, Félix Cornil fut également initié au sein de la loge maçonnique "La Fraternité des Peuples". Victor Cornil fut donc élevé au sein d'une famille gagnée aux idées républicaines. Le jeune Cornil commença ses études au collège de Cusset (1844-1851), puis les poursuivit à Clermont-Ferrand avant de monter à Paris où fit de brillantes études de médecine (1855-1864) durant lesquelles il se lia avec les Républicains et notamment avec Gambetta. Une première fois candidat à des législatives en mai 1869, Victor Cornil obtint 9489 voix face aux 15 212 de son adversaire conservateur Desmaroux de Gaulmin. Son républicanisme lui valut d'être nommé Préfet
de l'Allier le 4 septembre 1870. Il démissionna de cette fonction à la fin
du même mois pour se porter candidat aux élections
législatives prévues au début de l'année suivante. Il échoua dans cette entreprise le 8 février 1871 n'obtenant que
31,194 voix contre 49,741 au conservateur M. de Montlaur. En 1874, le canton de Cusset l'envoya
siéger au Conseil .général de l'Allier qu'il fut
bientôt appelé à présider. Lors des élections législatives du 20 février 1876 Victor Cornil se
présenta, comme candidat républicain modéré, dans
l'arrondissement de la Palisse. Il fut élu par 9,194 voix contre MM. Desmaroux de Gaulmin, conservateur, 5,751
voix, et Gallay, républicain radical, 2,087 voix. Il s'inscrivit aux groupes
de l'Union républicaine et de la gauche modérée et fit
partie de la majorité des 363 qui lutta contre la politique conservatrice de Mac Mahon. Cornil fut
réélu le 14 octobre 1877 par 11,884 voix. et de nouveau le 21 août 1881, par 7,614 voix contre 4,516 à M. Préveraud,
républicain radical. Sa carrière politique fut complétée en 1878 par son élection comme maire de la petite commune de Creuzier-Le-Neuf où il possédait une propriété. En 1882, Victor Cornil démissionna de son mandat à la suite de sa nomination comme professeur
d'anatomie pathologique à la Faculté de médecine de Paris. Il se consacra pendant quelque temps exclusivement à ses nouvelles
fonctions, et, le15 juillet 1884, il fut nommé membre de
l'Académie de médecine. Sa production scientifique était déjà largement reconnue par ses pairs : outre sa thèse, Des différentes espèces de
néphrite, (1869), M. Cornil publia : De la phtisies
pulmonaire (1866); Du cancer et de ses caractères
anatomiques (1867); Manuel d'histologie pathologique
(1869-1872); Leçons professées pendant le
premier trimestre de 1883-1884 (1884)... Le 6 janvier 1885, Victor Cornil
rentra au Parlement comme sénateur de l'Allier, ayant été
élu par 445 voix sur 836 votants. Cornil se rallia alors à la gauche sénatoriale. Réélu le 7 janvier
1894, au deuxième tour de scrutin, par 424 voix sur 838 votants, il essuya en revanche un échec au renouvellement du 4 janvier 1903.
Il ne recueillit au deuxième tour de scrutin que 225 voix sur 843
votants. Il faut dire qu'il avait été réélu en 1894 en trouvant des
appuis dans les milieux de droite qu'il avait tant combattus par le passé. Cette volte-face lui valut les pires reproches des radicaux. L'évolution politique du
département, de plus en plus dominé par les Radicaux, lui fut fatale. En 1896, Victor Cornil abandonna son dernier mandat politique : celui de maire de Creuzier-le-Neuf. Notre homme poursuivit en revanche sa carrière scientifique et d'enseignant jusqu'en 1907.
Il mourut à Menton le 14 avril 1908 des suites d'une broncho-pneumonie à l'âge de 71 ans. Ses obsèques eurent lieu à Paris, en l'église Saint-Thomas-d'Aquin et son corps fut porté en terre au cimetière de Montmartre. Un monument fut élevé à sa mémoire, en 1910, à Cusset; un autre, en 1911, à la Faculté de médecine de
Paris.
S. HUG