vendredi 23 décembre 2011
Le chanteur de Noëls (Alfred Meilheurat - Physiologie du Moulinois)
jeudi 22 décembre 2011
LES CARNETS DE BORVO : l'archipel bocager.
Les paysages de bocage dessinent un large arc posé au cœur du Bourbonnais. Onze entités communautaires se partagent cet héritage bocager : Pays de Chevagnes, Communauté d’agglomération de Moulins, Bocage Bourbonnais, Pays de Lévis, Bocage Sud, Pays de Montmarault, Com com Sioule-Colettes-Bouble, Com com de Commentry-Néris, Pays de Marcillat, Communauté d’agglomération de Montluçon et Pays d’Huriel.
Au point de vue territorial, au-delà d’une identité paysagère et historique commune, le bocage peut être comparé à un archipel. Le poids, l’étendue et le rayonnement des agglomérations moulinoises et montluçonnaises (s’étendant à elles deux sur plus d’un quart des communes bocagères) organisent en effet l’espace bocager en une géographie bipolaire laissant à ses marges un vaste système périphérique.
Les espaces bocagers gravitant dans l’orbite de Moulins ou de Montluçon prennent l’aspect de campagnes gagnées de façon interstitielle par la rurbanisation et possédant une bonne dynamique démographique même si les zones les plus proches des centres-villes commencent à perdre des habitants au profit d’une seconde couronne plus lointaine (vers l’ouest pour Montluçon et dessinant un vaste croissant oriental pour Moulins et son agglomération). Au point de vue fiscal, ces espaces bocagers polarisés sont des terres de revenus plus élevés que la moyenne bourbonnaise. Alors que le Pays de Commentry-Néris fait partie du territoire social et économique du Grand Montluçon, le triangle du Pays de Bourbon (Bourbon-l’Archambault-Souvigny-Moulins) est résolument à rattacher à l’aire de rayonnement moulinoise.
Les espaces bocagers périphériques sont généralement marqués par la thématique de la déprise démographique (entre 25 et 50 habitants par kilomètre carré avec des pertes de population de l’ordre de 10 à 30 % durant les trente dernières années). Néanmoins, la plupart des bourgs-centres organisant ces espaces périphériques ont plutôt bien résisté à cette érosion démographique : Tronget est ainsi passé de 1000 habitants en 1982 à 932 en 2007, Le Montet de 544 à 510, Cosne-d’Allier de 2454 à 2195, Bellenaves de 1100 à 1041, Chevagnes de 720 à 700, Lurcy-Lévis de 2300 à 2134, Huriel de 2347 à 2460, Marcillat-en-Combraille de 976 à 907, Montmarault de 1443 à 1574, Villefranche-sur-Allier de 1272 à 1331, Doyet de 1191 à 1224, Ebreuil de 1222 à 1265. Dans ce concert Hérisson et Ygrande font figure d’exceptions, situées à mi-chemin entre les aires de rayonnement de Moulins et de Montluçon et touchant la zone démographiquement déprimée de Tronçais. Ygrande est ainsi passée entre 1982 et 2007 de 900 à 768 habitants, Hérisson de 872 à 680 habitants.
Si la plupart des communautés de communes de l’archipel bocager peinent à développer l’économie de leur territoire, notons toutefois la vitalité de l’axe Villefranche-sur-Allier/Montmarault situé au carrefour de l’A71 avec la RCEA. Alors que le tissu économique de Villefranche est dominé par la SOCOPA (alliée depuis 1980 au Groupe Coopératif de Villefranche créé en 1956) qui transforme chaque semaine en pièces de boucheries conditionnées environ 850 charolais, Montmarault profite à plein de sa rente de situation à moins d’un kilomètre d’une sortie de l’A71 (mise en service en 1989) et possède désormais cinq zones d’activités (Route de Moulins, 18 ha – 17 entreprises, Grands Champs, 12 ha – 6 entreprises, La Plume, 6 ha – 4 entreprises, Route de Sazeret, 10 ha – 2 entreprises, ZAC du Château, 45 ha).
vendredi 16 décembre 2011
1851-2011 : retour sur la résistance donjonaise au Coup d'Etat du 2 décembre. Dernier volet : ordre napoléonien et lieux de mémoire.
Les 21 et 22 décembre, les électeurs du département de l’Allier approuvèrent l’instauration d’un pouvoir fort par 69 932 OUI contre 1 326 NON, ce qui, au passage, permet de nuancer les certitudes de l’historiographie régionale quant à la chronologie des « campagnes rouges bourbonnaises ». Aidée par des détachements de cavalerie, la remise en ordre bonapartiste put s’opérer rapidement dans le département de l’Allier. 852 républicains furent arrêtés et, à partir du mois de mars, des commissions mixtes (chambres mi-civiles, mi-militaires) instruisirent et jugèrent selon une procédure d’exception les personnes reconnues d’actes de rébellion. 246 furent déportés en Algérie, 11 à Cayenne, 100 autres furent internés et, enfin, cinq peine de mort par contumax furent prononcées.
Du côté Lapalissois, même si aucun habitant de la ville ne participa directement à l’émeute, ving-quatre d’entre eux furent jugés et neuf furent transportés en Algérie : le notaire Etienne Rocher, le clerc de notaire Jean Amaury, Claude Blettery, sans profession, le cordonnier Guillaume Ducoin, le serrurier Guillaume Dereure, le comptable Claude Lefaucheur, l’aubergiste Jean-Baptiste Maguet, le charcutier Joseph Minard, le voiturier Jean Papon. La plupart rentrèrent d’exil, par le port de Sète, entre le mois de janvier et le mois de mars 1853. Gilbert Ducoin mourut à Blida, en Algérie, en 1873 où il était devenu sous-directeur de la Caisse d’Epargne locale. Etienne Rocher, après avoir été mis en résidence surveillée à Douéra, s’établit à Alger où il mourut en 1895. Une loi de réparation nationale promulguée le 30 juillet 1881 en faveur des victimes du 2 décembre 1851 dédommagea sous forme de pensions ou de reversions les personnes jugées ou leurs ayants-droits.
Deux lieux de mémoire. Une souscription fut ouverte au printemps 1852 pour édifier un petit monument funéraire sur la tombe du gendarme Lemaire. Notons au passage que l’évêque de Moulins, Mgr de Dreux –Brézé, prit en charge l’éducation de la fille unique du maréchal-des-Logis tombé sous les balles de Donjonais et la dota d’une rente une fois arrivée à sa majorité. Des aides publiques furent également allouées à la veuve du gendarme. En 1882, lors de la victoire d'Honoré Préveraud aux législatives, les partisans du républicain donjonais dégradèrent cette tombe qui portait alors une grandiloquente inscription sur son socle. En 1905, le comité de la Libre-pensée lapalissoise demandait encore la suppression de cette inscription jugée provocatrice. On ignore à quelle date la partie la plus "réactionnaire" de l'épitaphe fut définitivement martelée.
L'idée d'ériger un monument dédié aux victimes du coup d'Etat du 2 décembre 1851 fut lancée par Antoine Hugon, maire de Saint-Prix, dans un discours prononcé en mai 1905 lors des obsèques d'Edmond Bourrachot, l'un des plus fervents républicains donjonais du 4 décembre 1851. Il fallut attendre la fin de l'année 1907 et l'arrivée à l'Hôtel de ville de Lapalisse de Jean-Baptiste Baudon, radical-socialiste, pour que le projet trouve enfin un écho favorable auprès de la municipalité. Un comité fut organisé : M. Hugon en fut le président, MM. Baudon, maire de Lapalisse et Bonnet, maire du Breuil, vice-présidents, M. Rambaud, cordonnier en fut le trésorier et M. Chervin, instituteur, secrétaire. Une souscription fut ouverte auprès du public et des maires républicains du département. Le Conseil général et la Mairie de Lapalisse mirent la main à la poche, mais l'argent peina à être rassemblée. Alors que l'on prévoyait un monument en granit du Mayet, on se résolut à utiliser la pierre de Villebois, moins chère. L'emplacement du monument déclencha également une vive polémique. Pour l'ériger, J.B Baudon autorisa le déplacement d'une croix qui fut reléguée au coeur du cimetière de la ville. Par ailleurs, M. Balleydier, dont le mur de la propriété touchait à l'emplacement réservé au futur monument mena une véritable guérilla juridique afin que "la borne" ne soit pas collée à son mur...
Achevé en 1913, le monument, dont le socle renferme un parchemin sur lequel figuraient les 140 noms des héros du 4 décembre 1851, ne fut inauguré qu'en 1922. Ce monument devint vite un lieu de mémoire pour tous les républicains locaux. Aussi, ce fut à ses pieds que se déroula la grande manifestation antifasciste du 1er juillet 1934. Près de 3 000 personnes investirent ce jour là les abords de la mairie, de la sous-préfecture et du champ de foire afin de témoigner de leur volonté de défendre les valeurs républicaines face à la montée des ligues d'extrême-droite.
Le 2 décembre 1951, la municipalité de Charles Bécaud, ancien résistant et déporté, organisa les cérémonies du centenaire de la résistance républicaine au coup d'Etat du 2 décembre 1851 en présence du Préfet de l'Allier, du sous-préfet de Vichy, de M. Auberger, sénateur, M. Migay, député, M. Lamoureux, ancien ministre et M. Rougeron, président du Conseil général de l'Allier.
Depuis 2006, chaque début décembre, des élus, des membres ou de simples sympathisants des partis de gauche font revivre, le temps d'une cérémonie, la mémoire des républicains de 1851.
lundi 12 décembre 2011
LES CARNETS DE BORVO : la sphère moulinoise.
Depuis le début des années 1980, la promotion de la ville de Moulins est donc devenue une priorité municipale. Après avoir joué sur l’image d’une cité sportive sous les mandats d’Hector Rolland (1971-1989), Pierre-André Périssol, maire de Moulins depuis 1995, essaye de promouvoir le patrimoine de la ville et de développer son potentiel touristique : classement en tant que Ville d’Art et Histoire en 1997, ouverture du Centre National de l’Illustration dans l’Hôtel de Mora en 2005, inauguration enfin, dans l’ancienne caserne Villars totalement rénovée, du CNCS (Centre National des Costumes de Scène, qui conserve près de 10 000 pièces) en juillet 2006.
Pourtant, la défense de l’identité moulinoise, se confondant souvent avec celle de toute la province, commença très tôt avec la création de la Société d’Emulation du Bourbonnais en 1846 et de la Société des Etudes Locales en 1920. Citons également ici les travaux d’Alfred Meilheurat et sa Physiologie du Moulinois (1843), de Marcel Génermont fondateur des Cahiers Bourbonnais et auteur notamment de Jacquemart, doyen des Moulinois (1938), et de Marie Litaudon, Moulins en 1460 (1947) et Moulins en 1660 (1961).
Au point de vue économique, le poids des services, des commerces et des administrations est particulièrement fort à Moulins où le secondaire n’a jamais réussi à dépasser la barre des 20 %. La répartition des activités économiques sur le territoire de l’agglomération moulinoise est intéressante à noter. Alors que la ville de Moulins concentre l’essentiel des fonctions administratives, des services territoriaux et des petits commerces, les grandes surfaces commerciales et les grandes unités industrielles et tertiaires sont établies sur les communes d’Yzeure (12 500 h – société BOSCH - 320 employés) et d’Avermes (3 800 h – Parc Moulins-Foire-Expo, les sociétés Potain, 250 employés, JPM, 400 salariés, base logistique Intermarché 200 salariés, Centre Leclerc 200 salariés). Cette distribution spatiale trouve son corollaire dans la géographie politique de l’agglomération : alors que la ville de Moulins est résolument ancrée à droite, Yzeure et Avermes sont votent elles à gauche.
Dans les années à venir, la fonction de carrefour (RCEA – RN9 et RN7) pourrait, si elle est convenablement exploitée, constituer un atout de taille pour l’agglomération moulinoise. En revanche, l’activité de l’aérodrome de Moulins-Montbeugny n’a jamais véritablement décollée. La ville de Moulins, en tant que Préfecture, offre une gamme très complète d’administrations et de services et possède un panel de commerces relativement étoffé. Le Centre Hospitalier et la Clinique Saint-Odilon contribuent au pouvoir d’attraction de Moulins. A cela s’ajoute, le rayonnement de l’Evêché, un IUT créé en 1996, des Lycées dont le fameux Banville (classes prépas), des cinémas, mais en revanche l’agglomération présente une réelle faiblesse au niveau des salles de spectacles. Le pouvoir médiatique de Moulins est également limité : aucun quotidien moulinois (seule existe une agence du quotidien clermontois La Montagne), on y trouve également le siège de l’hebdomadaire La Semaine de l’Allier et les studios de France3 Auvergne-Moulins.
L’aire d’influence de Moulins est plutôt stable depuis plusieurs décennies, s’étendant à toute la moitié nord du département de l’Allier et aux marges sud du département de la Nièvre (la ville de Nevers a seulement 50 kilomètres de Moulins en limite son influence septentrionale).
Au niveau historique, la première mention de Moulins remonte à 990. En 1232, le sire de Bourbon Archambaud VI octroie une charte de franchises aux habitants de la ville de Moulins qui fut la capitale du duché de Bourbon entre 1327 et 1523. Dans la seconde moitié du XVe siècle, la cour ducale de Moulins atteint son apogée sous Pierre II et Anne de France (nombreux artistes dont le fameux Maître de Moulins, peintre encore anonyme).
Héritière d’une tradition locale du travail du cuir, le chausseur Bally employa jusqu’à 500 employés au début des années 1980. Entamant ensuite un long déclin, le site ferma définitivement en 1999 après une vaine tentative des employés pour l’administrer.
Thomson s’installa à Moulins à la fin des années 1950 en créant un atelier d’assemblage de postes de télévision (150 emplois originels). Au milieu des années 1960, le site moulinois employa plus de 900 personnes. La décennie 70 fut marquée par une série de crises et d’espoirs, mais l’usine Thomson ferma définitivement au début des années 80.
La société Potain s’installa à Avermes en 1959 par le rachat de la fabrique de wagons miniers Decauville. Spécialisée dans la conception de grues, la société Potain fut d’ailleurs le leader mondial dans ce secteur au cours des années 1970 (250 employés environ). A partir des années 1990, Potain connut un recul de son activité. En 2001, Potain Moulins fut racheté par le leader mondial Manitowoc avec une petite centaine de salariés.
La société JPM fut fondée en 1970 par Paul Chauvat, futur maire de Moulins entre 1989 et 1995. Spécialiste de la serrurerie. JPM cessa ses activités en 2013 supprimant de la sorte près de 200 emplois. Enfin, au début des années 1960, l’équipementier automobile Ducellier-Bendix-Air-Equipement s’installa à Yzeure et employa jusqu’à 600 personnes. En 1996, le site fut repris par BOSCH qui réduisit les effectifs à 370 personnes. Fabriquant désormais des systèmes de freinage ABS, le site n’emploie plus que 320 personnes.
dimanche 4 décembre 2011
1851-2011 : retour sur la résistance donjonaise au Coup d'Etat du 2 décembre. Troisième volet : Du sang sur le pavé.
Dehors, le gros de la troupe donjonaise n’avait pas perdu de temps et s’était appliqué à édifier une barricade à la hauteur du presbytère. Vers 8 h 30, sept gendarmes de la caserne de La Palisse, suivis par une escouade de pompiers et de gardes nationaux se placèrent au pied de l’actuelle rue de la Fraternité. A mi-pente, le lieutenant Combal fit signe à ses hommes de lancer une charge. Un tir nourri barra cette charge. Le Maréchal-des-logis Lemaire fut tué sur le coup, les gendarmes Busson et Jaillard furent grièvement blessés, les quatre autres membres de la charge furent plus légèrement touchés et battirent en retraite. L’intensité du feu donjonais mit en déroute le corps des pompiers et des gardes nationaux. Le sous-préfet profita le l’émotion générale pour s’enfuir par la cure de l’église, enjamba le mur qui la séparait du jardin de la sous-préfecture, gagna les écuries, y harnacha à la hâte un cheval et fila au galop par l’actuelle route de Bert. Ci-dessous : plan des affrontements de La Palisse dressé par l'historien cussétois Jean Cornillon (1845-1936) et publié dans son étude sur Le coup d'Etat du 2 décembre 1851 dans le département de l'Allier. (Pour agrandir l'image : clic droit, puis ouvrir le lien)
A deux heures du matin, le 5 décembre, les Donjonais étaient de retour dans leur bourg où ils tinrent conseil sur la suite à donner à leur rébellion. Très vite, ils prirent la décision de se séparer, de se cacher ou de s’enfuir. Honoré Préveraud gagna la Belgique, Bourrachot Père, Felix et Adolphe Terrier, de Nolhac, Fagot, Pélassy et Jules Préveraud se réfugièrent en Suisse. Les deux frères Bourrachot furent arrêtés à quelques kilomètres de la frontière suisse, Philibert Bonnet et Léon Préveraud furent quant à eux appréhendés à Roanne, le chemin de l’exil d’Ernest Préveraud fut stoppé net à Saint-André et celui de Georges Gallay s’arrêta à Nantua.
samedi 3 décembre 2011
1851-2011 : retour sur la résistance donjonaise au Coup d'Etat du 2 décembre. Deuxième volet : Investir La Palisse.
Le 3 décembre, vers 16 h 00, la directrice des Postes ouvrit le courrier officiel venant de Paris et découvrit les décrets pris l’avant-veille par le Prince-Président. D’Olivier et De la Boutresse furent immédiatement avertis. On fit détacher les cordes des cloches de l’église afin d’empêcher de sonner le toscin. En moins d’une heure, le camp républicain fut également au courant du Coup d’Etat et se rassembla comme un seul homme devant la mairie du Donjon. En quelques minutes, D’Olivier, De la Boutresse et une demi-douzaine de conservateurs patentés furent arrêtés et placés en chambre de sûreté. Quant aux gendarmes donjonais, ils furent désarmés et consignés dans leur caserne sans montrer la moindre résistance. A neuf heures du soir, le sous-préfet de La Palisse, Antoine de Rochefort reçut un message envoyé par l’épouse du juge de Paix d’Olivier et porté par un domestique l’informant de la situation au Donjon. Pendant ce temps, des contingents républicains venant des communes de Lenax, Neuilly-en-Donjon, Luneau et Montaiguet-en-Forez arrivèrent au Donjon. Par un froid vif, le 4 décembre, à deux heures du matin, les insurgés donjonais, emmenant avec eux leurs prisonniers, se mirent en route pour La Palisse dans le but de prendre la sous-préfecture. A sept heures du matin, la ville des bords de Besbre était enfin en vue, un drapeau rouge flottait au dessus de la troupe. La mémoire collective donjonaise prétend même que ce drapeau avait été confectionné avec la doublure écarlate du manteau d’hiver du pharmacien Pélassy. Les Donjonais formèrent deux colonnes et descendirent l’actuel le avenue Pasteur. A la hauteur de l’entrée du foirail, les deux colonnes d’insurgés furent stoppées par une ligne formée d’une trentaine de pompiers et de gardes nationaux commandés le maire de La Palisse Pierre-Antoine Meilheurat et un vieux capitaine Bouquet, vétéran de l’Empire. Accouru, le sous-préfet Rochefort se plaça en avant de cette ligne de barrage et demanda aux insurgés de s’identifier, aussitôt, un cinglant « Républicains du Donjon ! » s’éleva des deux colonnes. Des deux côtés, les armes furent immédiatement préparées.
vendredi 2 décembre 2011
1851-2011 : retour sur la résistance donjonaise au Coup d'Etat du 2 décembre. Premier volet : désirs d'ordre, désirs de démocratie (1847-1851)
Depuis 1846, toute l’Europe occidentale était en effet plongée dans une crise économique qui trouvait son origine dans une série de mauvaises récoltes. Du coup, bien que les prix agricoles flambaient, les revenus de la paysannerie, premier marché de consommateurs, chutèrent lourdement, grevant en ricochet toute l’activité industrielle européenne. La sortie de crise n’apparut que durant l’année 1852.
Notre Bourbonnais, profondément rural, fut bien entendu durement touché par cette crise et cela d’autant plus que les approvisionnements en céréales d’une province à l’autre étaient encore handicapés par la faiblesse de la circulation de l’argent et un réflexe de cloisonnement territorial qui réapparaissait immédiatement en temps de crise. En 1847, à Varennes-sur-Têche, une troupe de 40 personnes investit le château de Précord et emporta les grains du sieur Tain, fermier du lieu. Le degré de politisation des couches populaires bourbonnaises est à cette époque une question difficile à résoudre, faute de sources suffisantes. Si, d’une façon générale, l’opinion publique bourbonnaise n’appréciait guère le virage autoritaire pris par la Monarchie de Juillet, on ne peut pas dire que notre département grouillait de révolutionnaires. Il existait néanmoins quelques foyers d’agitation proches des idées socialistes à l’image de celui des mineurs de Bert, situé à quelques kilomètres de Varennes-sur-Têche, et qui était étroitement surveillés par le sous-préfet de Lapalisse.
La Révolution de février 1848, la proclamation de la République suivie de l’instauration du suffrage universel masculin furent bien accueillis en Bourbonnais et le passage d’un régime à l’autre ne donna pas lieu à des incidents notables. Alors que la solution des Ateliers nationaux ne parvenait en rien à juguler les effets de la crise économique, les espoirs placés par le peuple dans l’avènement d’une République sociale s’évanouirent au fil des semaines face à une bourgeoisie qui choisit la voie du retour à l’ordre. Ce fut en mai 1849, alors que la Capitale bouillonnait une nouvelle fois que se produisit la célèbre affaire de la Brande des Mottes. Dans la nuit du 14 au 15 mai, alors que l’on attendait avec fièvre des nouvelles de Paris où, d’après les rumeurs, des émeutes avaient éclatées, un rassemblement de sept à huit cents paysans se forma à La Brande des Mottes (entre Nocq et Huriel) dans le but de marcher sur Montluçon et Moulins. Aucun incident ne fut à déplorer et, faute de nouvelles, la troupe se dispersa dans le bocage. Toutefois, la peur de faire face à une véritable jacquerie secoua la Préfecture de Moulins qui, dans les mois qui suivirent, fit surveiller avec un zèle redoublé les clubs politiques du département et les meneurs jugés trop républicains.
samedi 19 novembre 2011
1940-1942 : l'école de Cadres des Vignauds
S. HUG
HUGSTEPHANE@aol.com
vendredi 18 novembre 2011
In Mémoriam : Gaston Gay vient de nous quitter.
Au travers de deux ouvrages autobiographiques, Gaston Gay nous livra ses souvenirs de guerre (De Lapalisse à Colmar et au-delà, 1999) et ses souvenirs d'enfance et de jeunesse (Le Bistrot de ma mère, 2004).
jeudi 3 novembre 2011
Voyager et se déplacer en car.
L'autocar de la ligne Vichy-Lapalisse au départ de la gare routière de Vichy (années 1950)
L'autocar de la ligne départementale Lapalisse, Arfeuilles, Le Breuil, Saint-Christophe, Vichy dans les années 1930 devant l'Hôtel de France à Lapalisse.
mercredi 26 octobre 2011
13 octobre 1941: le Maréchal à Périgny
S. HUG
HUGSTEPHANE@aol.com
dimanche 23 octobre 2011
LES CARNETS DE BORVO : la Forterre.
Démographiquement, le canton de Varennes-sur-Allier possède un profil original. A la fois à cheval sur la vallée de l’Allier, couloir de densités soutenues, et le Bourbonnais des basses densités rurales, la ville de Varennes-sur-Allier, cœur de la Forterre, a perdu plus de 900 habitants entre 1982 et 2007. Au final, en vingt-cinq ans, ce canton a perdu seulement 500 habitants (15 000 habitants en 1982 contre 14 500 en 2007 soit – 4,5 % contre -15 à – 20 % de moyenne pour la plupart des cantons ruraux de l’Allier). L’hémorragie varennoise et celle de son rural profond a été partie atténuée par le dynamisme des communes touchant au Val d’Allier (Créchy, Billy, Saint-Loup). La densité moyenne (74 h/km demeure élevée sur l’échelle bourbonnaise.
Si la ville de Varennes-sur-Allier constitue le centre naturel de la Forterre, la proximité de la ville de Saint-Pourçain (8 kilomètres) et celle de l’agglomération vichyssoise (20 kilomètres) bat en brèche le rayonnement varennois. La ville offre toute une gamme de services de proximité aux populations des environs (commerces, zone commerciale de 18 enseignes, marché de terroir le mardi matin, administrations, professions médicales, notaires, collège, lycée professionnel…). Varennes-sur-Allier garde un pied dans le monde rural en organisant chaque année, deux semaines avant Pâques, l’un des derniers grands concours agricoles du Bourbonnais spécialisé dans la race charolaise (240 bêtes exposées en 2009 lors de la 152e édition de cette réunion).
L’histoire industrielle de Varennes a été longtemps dominée par l’entreprise de menuiserie Moreux créée en 1918 qui fabriqua jusqu’en 2006 du bel ameublement. A la fin des années 70, l’entreprise Moreux compta jusqu’à 700 salariés, puis déclina lentement à partir de 1985. Le déclin des Etablissements Moreux plongea le Varennois dans une réelle crise dont les effets furent en partie amortis par le développement de l’usine du Hollandais Wavin, leader européen du tube et des raccords PVC, installée en 1979 et qui finit par établir son siège social à Varennes-sur-Allier sur la Zone Industrielle de la Feuillouse en 1994. Wavin y emploie actuellement près de 400 employés. Les trois autres entreprises phares de la Zone Industrielle de la Feuillouse sont les Transports Lassalle avec 45 employés, Martel Distribution avec 30 employés et FLC (Flaconnage Logistique Conditionnement), spécialisée dans le conditionnement des cosmétiques et qui emploie une quarantaine de salariés.
Alors que sa fermeture est programmée fin 2015, l’autre point fort de Varennes-sur-Allier est la base aérienne (base n° 606)) et son unité de stockage et d’entretien du matériel de l’Armée de l’Air (détachement Air 277). Créée en 1937 grâce à l’entremise de Marcel Régnier (1867-1958), maire de Billy, sénateur de l’Allier et ministre des Finances de l’époque, cette base aérienne emploie près de 450 personnes (260 militaires, 140 civils et une cinquantaine d’emplois induits) et injuste chaque années environ 15 millions d’euros dans l’économie locale.
La Communauté de communes Varennes-Forterre a été créée en 2002 et regroupe quatorze communes (Varennes-sur-Allier, Rongères, Montoldre, Montaigu-le-Blin, Boucé, Créchy, Langy, Sanssat, Saint-Gérand-le-Puy, Tréteau, Cindré, Trézelles, Saint-Gérand-de-Vaux et Saint-Félix). Les contours de cette com com donne une image fidèle du rayonnement varennois, battu en brèche au sud par la puissance de l’agglomération vichyssoise et limité à l’ouest par le bassin saint-pourcinois. Ainsi, quatre communes occupant le flanc sud du canton de Varennes-sur-Allier (Billy, Magnet, Saint-Germain-des-Fossés et Seuillet) ont choisi d’adhérer à VVA (Vichy Val d’Allier Métropole). De même, la commune de Saint-Loup, située à l’ouest de Varennes-sur-Allier, a préféré rejoindre la com com du Saint-Pourcinois. A l’inverse, la com com de Varennes-Forterre a obtenu l’adhésion de trois communes n’appartenant pas à son canton : celle de Tréteau, appartenant géographiquement à la Forterre, (canton de Jaligny-sur-Besbre) qui a tourné le dos à la com com du Val de Besbre, celle de Trézelles (canton de Jaligny-sur-Besbre) qui pour des raisons politiques s’est détournée à la fois de la com com du Val Libre et de celle du Val de Besbre et, enfin, la commune de Saint-Gérand-de-Vaux (canton de Neuilly-le-Réal) qui, en effet, appartient plus à la zone d’influence de Varennes-sur-Allier qu’à la couronne immédiate de l’agglomération moulinoise.
Parmi les principales réalisations de cette com com, citons : le Pôle Emploi Entreprise qui rassemble en un même milieu tous les acteurs de l’emploi et de la formation, une Résidence Jeunes Oxygène (15 logements à destination des jeunes apprentis, stagiaires ou intérimaires à la recherche d’un logement), une crèche/halte-garderie Brin d’Eveil, un relais d’assistantes maternelles et la redynamisation des commerces de Saint-Gérand-le-Puy (990 habitants).
dimanche 9 octobre 2011
LES CARNETS DE BORVO : le Pays de Tronçais.
Propriété des Ducs de Bourbon entre le milieu du XIVe siècle et 1527 (année du rattachement du duché à la Couronne), la forêt de Tronçais fut en partie délaissée jusqu’en 1665. Cette année-là, Colbert décida de la faire borner et de la diviser en neuf gardes (= secteurs forestiers), avant de lancer, en 1670, une gestion raison de la futaie dans le but de produire du bois de marine. La sylviculture, la filière bois et le tourisme vert forment les trois activités essentielles du Pays de Tronçais. La forêt de Tronçais est également un remarquable espace cynégétique où trois rallyes subsistent encore. Par ailleurs, une trentaine de circuits de randonnée sont balisés et l’ONF organise chaque été des visites guidées du massif de Tronçais dont 1 145 ha sont classés en site Natura 2000. L’essentiel des activités touristiques proposées en Pays de Tronçais sont regroupées et mises en synergie dans un Pass’Tronçais. L’unicité et la force du paysage forestier a présidé au développement d’un véritable sentiment d’appartenance qui prit naissance sous la plume de Jacques Chevalier (La Forêt de Tronçais, notice descriptive et historique, 1913) et relayé depuis 1954 par la Société des Amis de la Forêt de Tronçais (http://www.amis-troncais.org/).
Le Pays de Tronçais possède deux têtes de faible rayonnement : Cérilly (http://www.mairie-cerilly.fr/) 1 384 habitants en 2007 (1 820 en 1982) et Ainay-le-Château (http://www.ainay-le-chateau.fr/) 1 107 habitants. Disposant d’une zone de chalandise plutôt modeste, ces deux bourgs-centres sont concurrencé par la proximité de Saint-Amand-Montrond, située dans le département du Cher. L’une des grandes problématiques du canton de Cérilly est indubitablement celle de la déprise démographique : en 1982, ce canton comptait encore 7 700 habitants, en 2007 sa population ne s’élevait plus qu’à 6 100 habitants (- 20 %), pour une densité de 19 h/km².
Une communauté de Communes existe depuis décembre 1999. Cette structure territoriale (http://www.pays-de-troncais.com/) a pris le relais d’un syndicat intercommunal créé en 1967 auquel étaient rattachées les communes de Vallon-en-Sully et Nassigny qui ont préféré rejoindre la com com du Val de Cher. Son territoire s’étend sur 49 500 hectares, regroupe 16 communes (Ainay-le-Château, Braize, Cérilly, Couleuvre, Hérisson, Isle-et-Bardais, Le Brethon, l’Etelon, le Vilhain, meaulne, Saint-Bonnet-de-Tronçais, Saint-Caprais, Theneuille, Urçay, Valigny et Vitray) et rassemble environ 8 000 habitants. Les réalisations économiques de la com com sont encore minimes. Huit Zones d’activités existent en Pays de Tronçais : 3 sur la commune de Couleuvre (le pôle artisanal de La Fabrique 3,5 ha avec une usine de porcelaine de 16 employés, la ZA de La Lande 1,8 ha, la ZA Rozières 2,5 ha), 2 sur la commune de Cérilly (ZA de Font Pichot 4 ha, et une Zone commerciale de 2,9 ha), la zone artisanale de la Modière sur la commune de Theneuille 2 ha, la zone intercommunale des Terres Franches sur la commune d’Urçay 0,8 ha et, enfin, la ZA de La Tuilerie, 18 ha, sur la commune de Meaulne, avec l’entreprise Berrywood, implantée en 1995, forte de 90 emplois (la plus importante entreprise de la filière bois du Pays de Tronçais).
Le projet le plus ambitieux de la com com de Tronçais est la réhabilitation du site des anciennes forges de Saint-Bonnet-de-Tronçais, créé en 1788 par Nicolas Rambourg. L’activité sidérurgique se maintint jusqu’en 1932, elle fut alors remplacée par une succession d’activités liées à la filière bois jusqu’à la fermeture définitive du site industriel en 2003. Le but de cette réhabilitation estimée à près de 10 millions d’euros est de créer un espace culturel et touristique mais aussi une réserve foncière dédiée aux activités économiques.
samedi 24 septembre 2011
LES CARNETS DE BORVO : le Pays gannatois.
Une chose est cependant sûre : le pays gannatois est incontestablement le plus clermontois des pays bourbonnais. Les mouvements routiers pendulaires en liaison avec la capitale auvergnate (située à 40 km) y sont de plus en plus intenses (A 71 et ancienne RN 9). En revanche, la liaison ferroviaire demeure secondaire puisqu’il faut inévitablement passer par la gare de Vichy pour rejoindre Clermont-Ferrand. Une liaison autoroutière A719 devant relier l’agglomération vichyssoise à Gannat devrait être mise en service en 2014. Gannat et son pays appartiennent à ce couloir central auvergnat qui, de Brioude à Moulins, concentre population, infrastructures, innovation et hauts revenus. Si en vingt-cinq ans, la ville de Gannat a perdu 6 % de sa population (6 255 habitants en 1982 – 5 881 en 2007), le canton de Gannat n’a perdu quant à lui que 3 % de sa population (9 978 habitants en 1982 – 9 663 en 2007), ce qui est peu à l’échelle de notre département car la plupart des cantons ruraux bourbonnais ont perdu entre 10 et 20 % de leur population durant la même période. Cette bonne tenue démographique (densité de 68 h/km² dans le canton de Gannat) doit beaucoup à l’installation, ou au maintien, de jeunes couples travaillant sur l’agglomération Clermontoise et sur le bassin de Vichy. Alors que cette zone rurale mitée par le monde urbain a basculé à droite en 2001, la ville de Gannat est demeurée à gauche sous la houlette de Louis Huguet de 1983 à 2014. Au printemps 2014, Gannat bascula à droite avec l'élection au poste de maire de la jeune juriste Véronique Pouzadoux.
La ville de Gannat est le centre incontesté de ce pays (Broût-Vernet et Escurolles, faisant toutes les deux partie de la com com du Bassin de Gannat, sont les deux communes les plus peuplées après Gannat avec respectivement 1 150 habitants et 700 habitants). Si Gannat ne possède pas un tissu industriel très fourni (citons simplement la société ELMADUC - Electrométallurgie du Centre - créée en 1949, spécialiste de la menuiserie extérieure en aluminium qui emploie 42 personnes et sur la ZAC des Prés-Liats le transporteur Trans Froid Auvergne qui emploie une soixantaine d’employés) le point fort actuel de la ville est d’offrir de nombreux équipements de proximité aux habitants des communes environnantes (environ 120 commerces de centre-ville, notaires, administrations, professions médicales, collèges, lycée, cinéma, zone commerciale, marchés les mercredis et samedis matin…).
Les contours de la Communauté de communes du Bassin de Gannat créée en 2000 reflètent la vitalité de cette petite ville qui comptait déjà par le passé (environ 5 000 habitants au XVIIIe siècle). Présidée depuis sa création par Louis Huguet, maire de Gannat depuis 1983, conseiller général entre 1976 et 2001, cette com com regroupe seize communes (les douze communes formant le canton de Gannat, à savoir : Gannat, Broût-Vernet, Biozat, Charmes, Monteignet-sur-l’Andelot, Saint-Priest-d’Andelot, Poëzat, Bégues, Saulzet, Jenzat, Mazerier, Saint-Bonnet-de-Rochefort, Le Mayet-d’Ecole, auxquelles s’ajoutent trois communes du canton d’Escurolles : Escurolles, Saint-Germain-de-Salles et Saint-Pont et enfin, une commune du canton de Chantelle, Saint-Germain-de-Salles). Cette com com a créé quatre zones industrielles et artisanales communautaires (ZIAC des Prés-Liats, de Malcourlet et des Clos-Durs à Gannat, ZIAC Naturopôle à Saint-Bonnet-de-Rochefort). L’acte fondateur du Naturopôle de Saint-Bonnet-de-Rochefort fut l’installation en 1987 sur le site des Tiolans du laboratoire de Phytothérapie et d’herboristerie (L.P.H). Dix ans plus tard, la zone d’activités des Tiolans devint la première zone économique liée à un thème rural et prit le nom de Naturopôle. En 2006, le Parc Naturopôle Nutrition Santé obtint le label « Pôle d’excellence rurale ». Ce pôle emploie actuellement environ 200 personnes. La com com a également menée une profonde réflexion dans le domaine du tourisme et de la valorisation du patrimoine. Les deux points forts du tourisme gannatois sont le Festival des Cultures du Monde, fondé en 1974 par Jean Roche (environ 50 000 spectateurs chaque mois de juillet) et le centre paléontologique Rhinopolis (environ 7 000 visiteurs/an), créé en 1994 à la suite de la découverte, sur le site du Mont-Libre, d’un squelette de Rhinocéros vieux de 23 millions d’années.Au printemps 2012, Rhinopolis fut remplacé par le Parc Paléopolis qui accueille en moyenne 35 000 visiteurs par an.
samedi 10 septembre 2011
LES CARNETS DE BORVO : le Saint-Pourcinois
Le vignoble (http://www.vin-saint-pourcain.fr/). Si l’origine antique du vignoble de Saint-Pourçain est mise en avant à des fins culturelles et identitaires, les indices archéologiques sur lesquels est bâtie cette hypothèse sont trop ténus pour véritablement l’affirmer. Les premières mentions littéraires concernant les vins de Saint-Pourçain remontent au XIIIe siècle. A cette époque, ces vins étaient servis à la table royale, puis, au siècle suivant, à la table papale d’Avignon. La superficie du vignoble ne cessa d’augmenter jusqu’au XVIIIe siècle pour finalement atteindre environ 8 000 hectares. Au cours du XIXe siècle, le vignoble Saint-Pourcinois fut concurrencé par l’émergence de grands vignobles français et subit surtout de plein fouet la crise du phylloxéra entre 1892 et 1900. Les opérations de réencépagement s’accélérèrent après la Seconde Guerre Mondiale. En 1951, l’appelation VDQS (Vins De Qualité Supérieure) fut obtenue et l’année suivante, une cave coopérative fut créée à Saint-Pourçain groupant près de 600 producteurs. Aujourd’hui, le vignoble de Saint-Pourçain s’étend sur 650 hectares (3 types de sols : argilo-calcaire, granitique et sables et graviers) sur une bande 40 km de long sur 5 à 7 km de large. Alors que les rouges représentent environ les 2/3 de la superficie de ce vignoble (Gamay et Pinot noir), les blancs ne représentent qu’un tiers de l’encépagement (Chardonnay et Trésallier, un cépage local).
La production annuelle oscille entre 20 000 et 25 000 hectolitres dont plus des deux tiers sont mis en bouteille et commercialisés par L’Union des Vignerons (http://www.vignerons-saintpourcain.com/) qui prit la suite de la Cave coopérative en 1982. L’Union des Vignerons regroupe actuellement 93 adhérents (il ne subsiste plus que 17 caves indépendantes) et réalise environ 5,5 millions d’euros de chiffre d’affaires dont 15 % à l’exportation (Benelux, USA, Canada, Japon, Europe du Nord) – environ 11 000 hectolitres de rouge, 4 000 de rosé et 6 000 de blanc.
Dès les années 80, l’Union des Vignerons se lança dans une habile politique de communication et de préservation du patrimoine viticole. En 1985, une route des Vins fut créée afin de permettre à chaque producteur de se faire connaître des touristes. En 1987, l’Union des Vignerons lança la fameuse Ficelle. Il s’agit d’un Gamay primeur, dont la bouteille de 75 cl est décorée d’une sérigraphie représentant, chaque année, un nouveau dessin satirique parfois réalisé par un grand nom de la caricature française. La Ficelle tire son nom, selon la tradition locale, d’un tavernier de la ville, nommé Gauthier, qui mesurait la consommation de ses clients en trempant dans les pichets une ficelle maillée de nœuds. Chaque année, près de 25 000 bouteilles sont vendues. Au début des années 2000, un Musée de la Vigne et terroir fut installé dans la Maison du Bailli à Saint-Pourçain et un Conservatoire des anciens cépages (13 d’avant la crise du phylloxéra) fut créé sur deux hectares au pied du château de Chareil-Cintrat. En 2006, la com com du Saint-Pourcinois créa le Festival viticole et gourmand qui, à l’échelle de tout le territoire et sur deux semaines, draîne désormais près de 15 000 personnes. La consécration ultime intervint en mai 2009 avec l’obtention de l’AOC (Appellation d’Origine Contrôlée).
La ville de Saint-Pourçain (http://www.ville-saint-pourcain-sur-sioule.com/) , forte de près de 5 000 habitants, est l’incontestable capitale de ce territoire. Proposant une gamme complète de services de proximité (professions médicales, commerces, supermarchés, administrations, notaires, avocats, collège, lycée…) de réunions agricoles encore suivies (marché hebdomadaire du samedi et Foire aux vins et aux bestiaux de février), cette ville dispose également d’un patrimoine intéressant (notamment une remarquable église abbatiale édifiée entre le Xe et le XVe siècle) qui est de plus en plus mis en valeur par un Office de Tourisme qui, au regard de la richesse de ce territoire, n’a pas obligé de rappeler sans cesse que Saint-Pourçain fut une enclave auvergnate jusqu’au XVe siècle. Saint-Pourçain possède également d’une vie culturelle relativement dynamique : Université indépendante, association Archiclassique (mise en valeur des patrimoines roman, gothique et baroque d’Auvergne) créée en 1988 par Annie Regond, maison d’édition Bleu Autour, créée en 1997 par Patrice Rötig et également la petite salle de concert La Sangria.
Saint-Pourçain contrôle un bassin d’emplois de près de 2 000 unités dont les deux principaux pôles sont implantés sur le territoire communal, à savoir : l’industrie du cuir (Louis Vuitton - 650 emplois) et le traitement des métaux (Galva Eclair – 150 emplois et Déco Galva – 75 emplois). L’implantation du maroquinier de luxe Louis Vuitton en 1990 sur le site de la ZAC des Jalfrettes, fut motivée par l’existence d’une main d’œuvre locale qualifiée (à 70 % féminine) qui était restée sur le carreau après la fermeture de l’usine Bally en 1988. Aujourd’hui, Vuitton possède trois unités de production aux Jalfrettes (environ 600 emplois) d’où sortent près de 150 produits différents (une quatrième unité est en projet). Le Président Nicolas Sarkozy visita ces ateliers le 26 janvier 2008.
La Communauté de communes du Saint-Pourcinois (http://www.comcompayssaintpourcinois.fr/) fut créée le 1er décembre 2002, elle remplaça le SIAD de Chantelle et de Saint-Pourçain. Dans ce pays penchant plutôt à droite, le maire de Saint-Pourçain, Bernard Coulon (UDF, puis Modem et aujourd’hui non inscrit, maire de la ville depuis 1995), fut la cheville ouvrière d’un partenariat efficace avec tous les décideurs locaux quelque soit leur couleur politique. Cette com com rassemble pas moins de 27 communes (le canton de Saint-Pourçain n’en possède que 14) et elle est à ce fait la plus vaste d’Auvergne. Après avoir cherché, durant les premières années de son existence, à bien définir ses domaines de compétence, cette com com accèda enfin à la maturité opérationnelle au milieu des années 2000. Parmi ses principales réalisations, citons : quatre zones artisanales (les Jalfrettes – commune de Saint-Pourçain, l’Usine AL - pro à Chantelle, ZA des Cassons à Bayet et ZA des Echerolles à Saint-Loup sur laquelle est située une plate-forme logistique de 5 hectares) et la création d’un centre culturel et de loisirs au château de la Motte à Louchy-Montfand. Evoquons également le projet 3CB sur la commune de Bayet (http://www.3cb.fr/). Il s’agit d’un projet de 300 millions d’euros visant à construire et à exploiter une installation de production d’électricité de 410 MW fonctionnant grâce à la technologie du CCG (Cycle Combiné Gaz) respectueuse de l’environnement. L'exploitation commerciale a débuté en juin 2011 et a généré 35 emplois directs.
jeudi 1 septembre 2011
AVIS DE RECHERCHE HISTORIQUE
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Roland Marx
1, Le Pré Lallemand Habeaurupt 88230 PLAINFAING
Tél. : 03.29.50.83.25 courriel : nicrol88@orange.fr