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Le succès de l'ouvrage de Louis Pergaud, La Guerre des boutons, paru en 1913, repose sur l'universalité des rivalités qui opposent, depuis la nuit des temps, le village de Longeverne à celui de Velrans. Cet esprit de clocher, cultivé au fil des générations, conduisait, dans presque toutes les campagnes de l'ancienne France, à toiser les gens d'en face, ceux qui vivaient de l'autre côté de la rivière, de la forêt, ou de la colline, à railler leurs défauts devenus légendaires et à les affubler de surnoms volontiers grotesques. Voici l'histoire, encore proche, des Berbouilles, Courlouis, Gueules noires et autres Liadins, ineffables héros du Pays lapalissois.
Les Berbouilles désignaient autrefois les gens de Saint-Prix. Au regard des Lapalissois, ces Berbouilles étaient en fait, des Barbouille-merde, c'est-à-dire des crotteux et autres bouseux, cruelle étiquette qui marquait l'écart qui existait entre la ville et la campagne.
Les Courlouis étaient ceux de Billezois. Leur plaine sablonneuse était si plate et si désolée qu'ils avaient soit disant finis par adopter la démarche du courlis, un échassier autrefois commun dans nos campagnes bourbonnaises.
Les Gueules noires étaient ceux du Breuil. On raconte qu'autrefois les ronciers pullulaient tout autour du Breuil et que les habitants du village avaient fait de la tarte aux mûres une spécialité qui noircissait le pourtour de leur bouche.
Les Liadins étaient ceux d'Arfeuilles dont on raillait volontiers la crédulité, pour ne pas dire la bêtise, du moins celle que l'on perçoit toujours chez son voisin... On raconte que trouvant leur église mal située par rapport au centre de leur village, les Arfeuillats décidèrent un jour de la déplacer à l'aide d'énormes cordes de laine. Après quelques efforts, certains s'écrièrent "ça bouge liadins ! continue !". En fait, il ne s'agissait que des fibres de la laine qui travaillaient sous l'action des tireurs (les liadins). Ce surnom leur resta attachés pendant des décennies.
S. HUG