lundi 23 avril 2018

Chronique du haut de la Palissade : fini de jouer !


Il y a quelques semaines, je vous alertai sur les risques que comporte à mon sens la saison touristique 2018 du Pays de Lapalisse. Risques à la fois financiers et sociaux. Mes craintes sont en train de se vérifier. En effet, l'organisation du spectacle Son et Lumières a les plus grandes peines pour réunir fonds et bénévoles. L'avenir de ce spectacle qui, en deux années d'existence, n'a dégagé aucun bénéfice et ne survit que grâce à l'argent public, semble menacé. A force de tirer sur la corde, les suce-bourses ont fini pour lasser tout le monde. L'embouteillage de l'automne connaîtra-t-il le même sort ? Sans aucun doute. Inutile de se cacher derrière le succès apparent de deux journées de festivités autour de vieilles cylindrées, la rentabilité de l'événement n'a jamais été assurée. La promotion touristique autour de la défunte Nationale 7 est plus que douteux : parlez-en aux gens de Piolenc dont le musée consacré à cette route est en train de couler ! Il ne reste plus qu'une seule solution : abandonner l'un des deux événements. L'heure du choix à sonner !
Et que dire de l'horrible Fab Lab qui n'a jamais volé de ses propres ailes et qu'il faudra bien un jour éteindre définitivement. Enfin, si la volonté de créer des appartements adaptés aux personnes présentant un handicap moteur dans l'ancien Moulin de la Ville peut apparaître comme louable, je nourris des doutes quant à l'accessibilité du pont pour ces futurs usagers et concitoyens ainsi que leur autonomie de déplacements par rapport au haut de la ville. Mais sans doute que la Mairie et l'ignoble Mentagne nous fourniront des éléments de langage dans les jours à venir... 

S. HUG

jeudi 12 avril 2018

Piété et dévotion au Pays de Lapalisse

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Évoquer devant des étudiants en sciences humaines l'éventail des mentalités les plus répandues dans l'ancienne France revient de plus en plus à se livrer à une sorte d'exhumation archéologique de sentiments enfouis au plus profond de l'âme française. Il est en effet de plus en plus difficile de trouver les mots justes pour parler par exemple de la mort qui autrefois était omniprésente, de la peur de la faim qui projetait son ombre au-dessus d'économies avant tout céréalières et qui conduisait les hommes, dès qu'ils le pouvaient, à faire bombance au-delà de la raison. Comment de même parler des affres de la guerre causés autant par les soldats réguliers que par ceux en rupture de ban, de la peur panique qui envahissait les villages et les villes à l'approche de colonnes infernales ? La gageure est d'autant plus forte que le monde universitaire français appartient désormais en totalité à des générations qui, fort heureusement, n'ont pas connu la guerre et qui ont eu la chance de grandir dans une société en pleine croissance. Notre savoir se réduit donc à une simple part livresque, le ressenti est forcément aseptisé et nos souvenirs sont ceux que nous avons emprunté à d'autres...


Et pourtant, une clef permettant d'accéder aux mentalités du passé existe : il s'agit de la religiosité de nos aïeuls. A chaque viatique chrétien était associé une peur ancestrale. Retour en images sur la piété et les dévotions du Pays lapalissois.
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Parmi toutes les dévotions répandues dans notre région, le culte marial fut (et demeure) le plus puissant.
 
A Arfeuilles, sur la colline de Pétrassin qui domine le bourg, exista pendant de longs siècles une chapelle dédiée à Saint-Pierre. Partiellement en ruine, cette chapelle fut vendue comme Bien national lors de la Révolution et fut rasée. En 1875, à l'issue d'une mission prêchée par les Pères Rédemptionnistes, une statue de la Vierge fut installée au sommet de la colline et un pèlerinage y fut institué le jour de la fête de l'Assomption. Réaménagé à plusieurs reprises, les habitants d'Arfeuilles finirent par édifier sur le site une petite grotte artificielle et par placer au pied de la Vierge une statue de Sainte-Bernadette Soubirous. Quelques plaques votives témoignent encore d'une grande dévotion à la Madone de Pétrassin au cours des deux guerres mondiales.
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Pour tous les Lapalissois de souche, le culte marial est immédiatement associé à Notre-Dame de Beaulieu. Au XIIe siècle, deux cavaliers découvrirent dans un chêne une statue de la Vierge tenant l'Enfant Jésus toute auréolée de lumière. Le seigneur de Montjournal décida d'édifier une chapelle sur le site même de la découverte. Depuis, tous les 15 août, un pèlerinage se déroule à Beaulieu.

L'intérieur de la chapelle est encore tapissé en partie de plaques dédiées à Notre-Dame de Beaulieu en remerciement de guérissons miraculeuses.
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La traditionnelle bénédiction des automobiles, le jour de la Saint Christophe à Barrais-Bussoles, montre bien que confrontée à la modernité, l'Eglise sut faire évoluer ses pratiques pour continuer à coller aux évolutions sociales. Ce fut l'abbé Debeaud qui, en 1926, transforma un simple pélerinage rural en une procession dédiée aux véhicules motorisés.
Autrefois, la procession n'était pas un simple défilé, il s'agissait d'assurer la protection divine du terroir contre les épidémies, les orages, la grêle ou les gelées tardives, en délimitant tout autour du finage ou du village un cercle symbolique fait de prières.
S. HUG
HUGSTEPHANE@aol.com