Un épisode similaire eut également lieu à Varennes-sur-Allier sous la Révolution, récupéré bien plus tard par le folklore local |
Parmi les craintes de nos aïeuls figurait l'emballement du bétail et des animaux de trait. Combien de paysans furent estropiés (et le sont encore parfois aujourd'hui,) victimes d'une ruade rageuse de l'une de leurs bêtes. Pire, le caractère taciturne d'un taureau arrive à lui seul à développer une sorte de terreur larvée qui fait craindre ses changements d'humeur. Lorsque l'orage gronde, lorsque les mouches et les taons se font plus insistants et d'un coup la bête se fait tyrannique. Les jours de foire, il n'était pas rare que la presse effraye les animaux, les transformant en un instant en bêtes furieuses capables de tout renverser sur leur passage.
Le 12 mars 1846, Lapalisse fut le théâtre d'une peur collective née sur le foirail. "A onze heures du matin, une agitation convulsive et imprévue s'empara spontanément d'une certaine quantité de boeufs, et bientôt, la plupart des gardiens sont emportés par leurs mouvements, et plusieurs personnes qui étaient au milieu de ce groupe sont renversées, foulées aux pieds et frappées. Des cris nombreux partent, et, répétés par la foule, ils répandent un saisissement général. Cependant, l'agitation des boeufs bientôt, comprimée, permet aux personnes courageuses qui n'avaient pas cédé à la première impression de faire reconnaître que le mouvement avait cessé et leurs voix ramenèrent ceux que la peur avait éloignés. Mais alors qu'au foirail tout rentrait dans l'ordre, la terreur se répandait dans les quartiers inférieurs et le mouvement ne cessait qu'à l'extrémité de la ville. Un grand nombre de personnes s'empressent alors de renoncer aux affaires qui les avaient amenées à Lapalisse et se retirent aussitôt, emmenant avec elles leurs bestiaux qu'elles avaient conduits peu de temps avant. Pendant deux heures, les transactions sont suspendues, le foirail est déserté. Sur le pont étroit qui dessert la Route Royale, la foule compacte en obstruant le passage, ne permet qu'avec beaucoup de peine de faire traverser les bestiaux. Deux vigoureux taureaux liés au même joug, effrayés en traversant le pont par les cris qui les entourent, se reculent et s'agitent. La multitude fuit alors devant eux, mais la terreur excite encore plus les animaux. Ils se ruent alors de part et d'autre et frappent une jeune femme qui n'est retirée qu'expirante de sous leurs pieds. " (Mémorial de l'Allier du 16 mars 1846)