L'évolution des cafés, bistrots, brasseries et hôtels est un chantier neuf de l'Histoire sociale. Après avoir raconté l'histoire de l'Auberge des Espalus, du café Benattan et publié une e-interview de Noëlie Morlat, voici un article consacré au café Lepiniec, aujourd'hui disparu du paysage lapalissois.
Situé à l'entrée du pont, lorsque l'on venait de Roanne, ce café (l'ancienne maison Morand de la Belle Epoque) fut une vraie institution lapalissoise. De 1941 à 1972, les époux Lepiniec furent l'âme de ce lieu.
Julien Lepiniec naquit en 1903 à Comblessac (Ile-et-Vilaine). Fils d'un sabotier, comme beaucoup de Bretons de sa condition, Julien fut très tôt tenté par l'appel de la Capitale dans l'espoir d'y construire une vie meilleure. Ce fut à l'occasion de son passage sous les drapeaux que Julien Lepiniec, soldat à la 22eme section d'infirmiers militaires, découvrit Paris. Libéré de ses obligations, Julien devint chauffeur personnel des Rothschild et ne tarda pas à rencontrer Marie-Louise Crouzier (née en 1901 à Droiturier), également au service de la richissime famille de banquiers. Le 21 janvier 1926, les deux gens jeunes s'unirent devant le maire du 17e arrondissement.
En 1939, les deux époux quittèrent Paris, en même temps que leurs patrons. En 1941 Julien et Marie s'installèrent à LAPALISSE, 2 place de l'Industrie, où ils reprirent le GRAND CAFE DU PONT. La soeur de Marie avait par ailleurs épousé M. Chambonnière et tenait un atelier et une boutique de modiste juste en face du café, sur la place de l'Industrie.
Jacques Chambonnière, neveu des époux Lepiniec se souvient de son oncle, homme qui resta toute sa vie très attaché à sa Bretagne natale, en ses termes : "Jules était un bon vivant, jovial, gai, qui aimait à raconter des blagues, jouer aux boules, il pratiquait également le jardinage en dilettante".
Le Café comportait deux salles au rez-de-chaussée, dans la première, le zinc et un billard, et des tables et des chaises dans l’arrière salle où se retrouvaient beloteurs et bridgeurs. A l’étage, des chambres louées à des VRP ou des employés loin de leur domicile, mais aussi une salle où se réunissaient souvent des associations locales (Comité des Fêtes, aéro-club, modélisme...).
Au décès de Julien en 1957, Marie continua à exploiter le Café jusqu'en 1972, année de sa disparition. En 1976, afin de faciliter la circulation et la visibilté dans le virage du Pont, la municipalité décida de raser la bâtisse.
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Un immense remerciement à M. Yves Bara, parent des Lepiniec et généalogiste breton, ainsi qu'à M. Jacques Chambonnière, neveu du couple de cafetiers.
S. HUG