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Copyright Structurae - cliché Jacques Mossot Construit entre 1752 et 1758, sur la route de Paris à Lyon, le Pont de la Vallée est le symbole local de la politique des Intendants du XVIIIe siècle visant à améliorer le réseau routier du royaume.
Le banditisme d'Ancien Régime, incarné par les figures de Cartouche et de Mandrin, ne disparut pas avec la période révolutionnaire, bien au contraire. Les soubressauts politiques et sociaux, l'omniprésence de la guerre à partir du printemps 1792, conjugués aux faiblesses de l'Etat centralisateur grossirent les rangs des forbans habituels. Si la fameuse Bande d'Orgères (forte de plus de 400 bandits) écuma les campagnes de Chartres et de l'ouest parisien entre 1792 et 1798, presque toutes les régions de France connurent, à un degré moindre, les affres d'un banditisme teinté de revendications politiques feintes ou réelles. Ainsi, fin 1799, le maire de Droiturier consigna sur l'un de ses registres le procès-verbal de l'attaque de la malle-poste à la hauteur du Pont de la Vallée :
"Aujourd'hui huit frimaire an huit de la République française une et indivisible, heure de onze et demie de relevée [du soir], par devant moi agent soussigné, s'est présenté le citoyen Deléchet, convoyeur de malle allant de Paris à Lyon, lequel étant dans un état de frayeur et de faiblesse, nous a dit qu'il a été arrêté avec sa malle conduite par le nommé Gaillard, postillon de Lapalisse, avec quatre chevaux, sur les huit heures un quart, immédiatement après avoir traversé le pont dit de La Vallée, entre Lapalisse et Droiturier, distant de ce dernier endroit de huit cents toises ou environ [1500 mètres]. Laquelle arrestation a été faite par vingt et un ou vingt-deux individus armés de fusils et de baïonnettes, lesquels voleurs ont entouré de suite sa voiture en mettant en joue le postillon et le courrier et ont crié : "A bas, descends de suite ou tu es mort". Etant descendu, les voleurs se sont emparés de sa personne et de celle du postillon, lesquels ont été garottés, les mains derrière le dos et attachés l'un contre l'autre par les jambes. Et de suite les dits ont monté dans la voiture, ont jeté par terre toutes les dépêches... lesquels impatients et furieux de ne pas trouver d'argent, en défaut, se sont jetés sur lui, courrier, en lui disant : "Tu dois savoir s'il y a de l'argent et c'est de l'argent qu'il nous faut, le République nous a assez volés !" Alors ils se sont mis en groupe, ils se sont consultés et de suite l'un d'eux d'une voix menaçante s'est écrié et a ordonné à deux d'entre eux, se donnant mutuellement les noms de Cartouche et Bras-de-fer et autres, de fouiller le convoyeur très exactement, ce qu'ils ont fait et lui ont pris un petit sac contenant trente-quatre écus de six livres et quatre écus de trois livres et une pièce de trente sols, plus dans la poche de son gilet trois monnaies blanches faisant trois francs dix-huit sols et en outre, ils ont pris deux sacs contenant de la monnaie de billon [mélange cuivre-bronze] pour quarante-quatre francs. Ceci fait, ils les ont détachés d'un d'à côté de l'autre et les ont montés et jetés dans la malle, d'après quoi ils les ont réunis en les attachant par les jambes, toujours les mains liées derrière le dos en leur promettant que dans trois heures il passerait deux hommes qui les délivreraient, et de ne rien dire. De suite, les voleurs se sont retirés sur le pont, y sont restés environ un quart d'heure, d'après cela ils sont revenus une dizaine, en ont fait remonter l'un d'eux dans la voiture où ils ont encore trouvé un paquet de dépêches qu'ils ont emportés. Que ce nombre a fui par la route de Lyon et ne sait où les autres ont passé et au bout de deux heures au moins, le convoyeur et le postillon souffrant de froid et de manière atroce dont ils étaient serrés par les mains, a fini par se défaire ou de délier une main, a pris son couteau et a délivré le postillon et ont pris de suite chacun un cheval et sont venus très promptement devant nous, agent. Sur quoi, j'ai fait sonner le toscin en criant "Aux armes !". Et après qu'un nombre conséquent s'étant présenté devant moi tous armés, je leur dit de me suivre au lieu du Pont de la Vallée où la malle poste a été volée. Ce qui a été fait avec toute la diligence possible accompagné du courrier ainsi que du postillon. Chemin faisant, à cent toises du pont, nous avons trouvé trois petits paquets, un pour le bureau de Roanne et deux autres adressés au bureau de Lyon avec beaucoup de lettres que nous avons soigneusement recueillies et remises au courrier. Nous avons trouvés toutes les dépêches autour de la malle dont une grande partie était éventrée, lesquelles nous avons fait mettre dans la malle que le courrier a fermée. Et de suite, nous nous sommes retirés à Droiturier en accompagnant la malle où étant arrivé nous avons rédigé le présent procés-verbal."
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