Le "berdin" ou "bredin" désigne en Bourbonnais le simple d'esprit, celui que René Fallet faisait monter à Paris ou bien descendre les marches de l'église sous les ricanements des villageois du cru. Invariablement, dans le département de l'Allier, ce terme est associé au débredinoire de Saint-Menoux.
Le débredinoire de Saint Menoux, avec le trou en demi-cercle permettant de "soulager" le simple d'esprit |
Ce sarcophage mérovingien, ayant subi plusieurs aménagements, renferme encore quelques reliques de Saint Menulphe venu des îles britanniques et mort à Mailly-sur-Rose (actuel village de Saint-Menoux) au VIIe siècle. Selon la tradition, il suffirait d'introduire son chef à l'intérieur du tombeau pour recouvrer la plénitude de ses facultés mentales.Rappelons simplement que la psychiatrie est une spécialité extrêmement jeune qui ne remonte qu'au début du XIXe siècle et qui ne déboucha sur la mise au point d'une thérapeutique adaptée qu'un siècle plus tard. Pendant longtemps, les deux meilleurs traitements de la folie furent le verrou (permettant de garder et de se garder du fou ou du dément) et la prière (dans le cadre d'une société profondément chrétienne).
La vie et l'existence même de Menulphe est sujette à caution. Selon la tradition, cet irlandais aurait émigré en Bretagne où il serait devenu évêque de Quimper. De retour d'un pélerinage à Rome, Ménulphe fit une halte dans le bourg de Mailly où il réalisa quelques miracles et se lia d'amitié avec un simple d'esprit qui finit par recouvrer la raison. Par la suite, la trilogie reliques/pélerinage/lieu conventuel, si répandue dans la chrétienté, se mit en place à Mailly : le tombeau de Ménulphe attira de plus en plus de pélerins qui finirent par être accueillis dans une abbaye bénédictine fondée peu après l'an mil. Cette abbaye subsista jusqu'à la Révolution où elle fut démantelée et pillée en l'espace de quelques années. Seule, de nos jours, subsiste de l'ensemble abbatial originel l'église de Saint Menoux, classée Monument Historique dès 1840.
Eglise de Saint-Menoux datant en grande partie du XIIe siècle |
A consulter : Jean-Thomas Bruel, « Aux origines de l’abbaye de Saint-Menoux : Saints et reliques (VIe – XIe siècles) », L’abbaye de Saint-Menoux, Art, Archéologie et Histoire, Moulins, Société bourbonnaise des études locales,