Le 6 août 1936, le Conseil municipal de Lapalisse interdit les rassemblements sur la voie publique (Archives municipales) |
L'été 1936 fut marqué par la seule véritable grève de l'histoire de notre ville. L'application des décrets ministériels mettant en place les résultats des Accords de Matignon (congés payés, semaine de quarante heures, augmentation des salaires, représentations syndicales) posa des problèmes au sein des Etablissements Barthelot. Le fondateur de l'entreprise, Gilbert Barthelot (1880-1968), conseiller municipal élu en 1935 et futur maire de Lapalisse entre 1953 et 1959, refusait en effet d'appliquer l'intégralité de ces décrets. A l'époque, Gilbert Barthelot était un personnage incontournable : premier employeur de la ville (environ 110 employés), il était également le principal bienfaiteur des diverses sociétés et des amicales lapalissoises.
Début juillet, les ouvriers de son usine de maroquinerie se mirent en grève. Le mouvement était conduit par M. Bourgougnon qui y avait créé un syndicat, fort de soixante cinq adhérents, affilié à la CGT. Il régna durant les premières semaines de cette grève une atmosphère de kermesse dont se souvient encore Gaston Gay : "J'avais quinze ans en 1936. Lapalisse avait participé activement au mouvement. Je me souviens du défilé de plusieurs centaines de personnes dans les rues, de l'occupation de l'usine Barthelot. Il y avait une grande tente devant les grilles et les ouvriers occupaient l'usine. On faisait des quêtes, on ramassait des vivres pour permettre aux ouvriers de tenir." (in, De Lapalisse à Colmar et au-delà, 1999) Néanmoins, la situation se durcit entre le 30 juillet, jour où l'usine fut définitivement fermée et le 6 août, où, sous l'action de commerçants lapalissois qui déposèrent une pétition à la sous-préfecture, la municipalité de Charles Rousset ainsi que le Comité local radical-socialiste dirigé par le Docteur Baudon demandèrent l'évacuation de l'usine occupée. Le soir même, l'opération était réalisée dans le calme. S'ouvrirent alors de véritables négociations sous les auspices de M. Vernay, sous-préfet de Lapalisse. Il est noter également que durant le conflit, la municipalité de Lapalisse débloqua près de 22 000 francs (dont 20 000 sous forme de journées de travail à caractère communautaire, des travaux de voiries par exemple) pour venir en aide aux chômeurs. Le 30 août, un accord fut enfin signé entre les représentants des grévistes et Gilbert Barthelot. Le travail ne reprit que le 22 septembre. Piqué au vif par cette crise, Gilbert Barthelot, démissionna de la présidence de l'Union musicale mais il continua malgré tout à oeuvrer pour la vie associative.

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