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Le ruisseau de la Gièze ressemble un peu à ces vieilles filles qui restent délicatement poussiéreuses même lorsqu'elles enfilent leurs habits du dimanche : on les croise presque sans les remarquer et on finit par les oublier. Alors que les Lapalissois jettent toujours un regard sur la Besbre en passant sur le pont de la ville, peu de gens, mis à part ses riverains, prêtent la même attention à la Gièze. Pourtant, dans la jeunesse de nos Anciens, la Gièze était encore verte : des laveuses la fréquentaient quotidiennement battoir à la main, les gosses des faubourgs et de la rue de la Montagne (la rue Piessat) taquinaient ses écrevisses et son menu fretin, son cresson était couru et tous les jardiniers du coin n'hésitaient pas à lui confier quelques litrons afin de les rafraîchir. Et puis, un peu comme toutes les vieilles filles, la Gièze garde ses secrets. Le soir du 29 janvier 1944, alors que la milice était en train de mettre le feu à son garage de réparations automobiles, Gaston Commerçon, grièvement blessé, sauta dans la Gièze, réussit à descendre son cours jusqu'aux Faubourgs où quelques uns de ses frères d'armes le prirent en charge pour le conduire en catimini dans une clinique vichyssoise où il trépassa le lendemain matin.
Ce ruisseau, d'à peine six kilomètres, prend sa source aux limites des communes de Billezois, de Lapalisse et de Saint-Prix, à mi-chemin entre Les Girauds et Tête Noire.
Les vestiges du dernier lavoir de la Gièze.
(rue fleurie - Lapalisse)
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