Jean-Charles Ailhaud, artisan santonnier établi à Marseille depuis une vingtaine d’années, vient de me livrer avec passion le récit de ses origines bourbonnaises. Bien plus qu’une simple généalogie, son récit s’apparente en fait à une véritable saga familiale, celle des Charles, qui va vous conduire de Servilly jusqu’en Tunisie. Mais au-delà de l’appel du large, la Saga des Charles relate un long parcours familial fait d’ascensions sociales et de quelques infortunes.
Les premières mentions précises de cette famille remontent au milieu du XVIIe siècle dans la châtellenie de Billy. A cette époque, les Charles résidaient d’ordinaire dans la ville de Saint-Germain-des-Fossés où ils étaient marchands. Ce passage par le monde de l’échoppe leur permit d’acquérir des offices royaux et de gravir quelques échelons dans la société d’Ancien Régime.
Cependant, le récit de la saga des Charles débute véritablement avec Gilbert Charles (1676-1722), marchand à Saint-Germain-des-Fossés, sieur de Bardonnière et propriétaire du domaine de La Côte, deux terres situées sur la paroisse de Seuillet, ainsi que du domaine de La Martillière à Marcenat. Gilbert Charles épousa en 1695 à Châtel-Montagne Madeleine Reignier issue d’une famille notariale très influente dans la Montagne bourbonnaise. De cette union naquit André(1696-1754), aîné d’une fratrie de quatorze enfants. André, officier royal, seigneur de La Martillière, de La Cote et de la Tour-Pourçain (paroisse de Bussoles), épousa en 1720 Antoinette Nepveu qui lui apporta en dot la seigneurie de Gléné, située dans la paroisse de Servilly.
Le blason des Charles
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A la mort d’André Charles, le patrimoine familial fut vendu et les reliquats partagés entre les cinq enfants survivants du couple. Joseph (1737-1803), le cadet, demeura à Servilly et se maria en 1759 avec la fille d’un petit marchand de La Palisse, Suzanne Esmonot. Ce mariage marque déjà le déclin de cette lignée de petits seigneurs qui n’eurent jamais les reins assez solides ou la chance parfois nécessaire pour accéder à la noblesse, rêve de toute la société d’Ancien Régime. André Charles réussit toutefois à acquérir en 1769 le fief de La Roque situé également sur Servilly. Suzanne Esmonot donna huit enfants à André Charles dont l’aîné, Gilbert (1760-1798), demeura fermier à Servilly : un degré de plus était donc franchi dans le processus de déclassement social entamé vingt ans plus tôt.
Gilbert, mort à seulement 38 ans, eut de Gervaise Challeton, Antoine-Simon (1788-1859) qui fut propriétaire-exploitant au lieu-dit Le Grand Champ à Servilly. Il épousa en 1816 Isabelle Ducleroy qui lui donna trois fils, Louis, Jean-Baptiste et Denis. Ce Denis (1819-1904) demeura à Servilly et y épousa en 1849, Clotilde Ducoin, une domestique originaire de Lapalisse. Ce couple ne semble avoir qu’un seul enfant, Antoine Charles (1858-1926) qui épousa son tour en 1881 une servante de ferme, Georgette Mouillevois.
La ferme de Grand Champ dans les années 1930 (photo collection Ailhaud)
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Parallèlement à l'exploitation de la ferme du Grand Champ, Antoine Charles semble avoir été sabotier une partie de sa vie. Des quatre enfants du couple, Auguste (1886-1914) fut celui qui poursuivit la saga des Charles par delà la Méditerranée, sous le soleil de Tunisie.
Après avoir été élève à l’école d’agriculture de Gennetines, Auguste Charles entra à l’Ecole Normale de Moulins d’où il sortit instituteur en 1909. La même année, il épousa Marguerite Antonia Augot, jeune institutrice, fille d’ouvriers de Commentry. Le couple fut nommé en Tunisie en 1910 à Souk El Arba où Auguste Charles créa une Ecole d’agriculture franco-arabe tandis que son épouse enseignait à l’école communale. Enrôlé dans le 298e régiment d’infanterie au mois d’août 1914, le sergent Charles tomba au combat à Fontenoy (Aisne) le 13 septembre 1914.
Auguste Charles au début des années 1910 (collection Ailhaud)
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Le couple d’enseignants eut deux filles, Denise et Madeleine qui chaque été durant leur enfance venaient passer leurs vacances à Servilly. Madeleine (1911-2000), né à Souk El Arba vécut en Tunisie jusqu’en 1949 où elle embrassa elle aussi la carrière d’institutrice. D’abord en poste au Kef, puis à Sfax et à Tunis. A son arrivée en France, elle enseigna à Saint-Ambroix, à Méjannes et enfin à Alès. Prenant sa retraite en 1970, Madeleine alla s’installer à Marseille. C’est avec bonheur et passion que son fils, Jean-Charles Ailhaud, essaye de reconstituer l’histoire de cette famille bourbonnaise.
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Pour aller plus loin que cet article, Jean-Charles Ailhaud nous raconte son premier contact avec notre Pays :
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