La Sologne bourbonnaise, pays
de sable, d’argile, d’eau et de bois, s’étendait, comme de nos jours, sur le quart
nord-est du Bourbonnais, entre les vallées de l’Allier et de la Loire. Jusqu’à la
révolution agricole du XIXe siècle pensée et largement orchestrée par Destrutt
de Tracy, ce pays demeura une région ingrate où le seigle l’emportait largement
sur le froment. La pauvreté des sols conduisait d’ailleurs les communautés
villageoises et les grands propriétaires fonciers à tourner le dos aux terres
les plus froides, facilitant de la sorte la survivance de vastes espaces boisés
exploités en coupe de taillis. Néanmoins, à chaque génération, en fonction de
la charge démographique ou des impératifs économiques, la paysannerie essayait
çà et là de faire reculer l’arbre. Le bail à mi-fruit du domaine des Grands
Chapes (paroisse de Chézy) signé en 1770 entre Jean-Jacques Mastier de La Jolivette et Henri
Lebrun, laboureur à Chézy, stipulait par exemple que le preneur s’engageait à
défricher durant les neuf années du bail autant de terres dépendant du lieu
qu’il pourra le faire, le bailleur s’engageant à assurer la moitié du coût des
défrichages. (24) Toute une économie du
bois et des ressources naturelle s’organisa dès le Moyen Age dans la Sologne bourbonnaise. Une
verrerie, fondée par les de Finance, gentilshommes verriers, fonctionna au
XVIIe siècle au bois Fougis à Thionne. Une autre, créée vers 1660 par les même De
Finance aux Espiards, sur la paroisse de Vaumas, produisit du verre jusqu’à la
veille de la
Révolution. Plusieurs petites tuileries s’établirent
également dans ce pays. (1) En 1660, Me
Philippe de Champfeu, conseiller, maître d’hôtel et écuyer ordinaire du roi,
seigneur et baron de la
Fin Fourchaud (paroisse de Beaulon), concéda à Rollin
Buisson, maître tuilier à Moulins, sa tuilerie de La Fin : « Le
seigneur de Champfeu a délaissé audit Buisson sa thuilerye et son cheptel de la Fin. Ledit Buisson a
promis et sera tenu y travailler incessemment en temps et saison dès le
printemps prochain et y faire jusqu’à l’année prochaine la quantité de
cinquante millyers de briques. Pour quoy faire ledit Buisson sera tenu de
raccommoder le fourneaud moyennant que ledit sieur payera la brique que ledit
Buisson y fournira à raison de la somme de quatre livres le millyer et payer
les journées du masson qui y travaillera. Sera tenu ledit Buisson, de couper
tous les bois qu’il faudra pour cuire les briques et lesquels ledit sieur fera
charroyer sur le fourneaud comme aussi les sables nécessaires pour les
attraicts. Fournira aussy ledit sieur audit thuilyer pour son service à la
fasson de ladite brique jusques à la quantité de troys qouzaynes et deux cents
de gluys. Et pendant que ledit Buisson travaillera à sadite thuillerye, il aura
sa demeure dans la chambre du moulin dudit seigneur de Champfeu, sans aulcung
louage : tous lesdits attraicts de briques ledit seigneur les payera audit
Buisson à raison de quatre livres le millyer. » (2) Les coupes de bois approvisionnaient
également l’artisanat rural, largement ouvert sur l’extérieur. Ainsi, en 1660,
Me Turchin, sergent royal de Beaulon, vendit à Jean Deshommes, maître sabotier,
« toute la coupe des bois Boullats,
venus en trembles et prez à faire sabots. » (3) A l’autre extrémité de notre période, en 1791, Gilbert
Rousseaud, ci-devant seigneur du Pal, vendit à Estienne Martissant, maître
charpentier à Dompierre, « 15 pieds
de boys à faire batteaux ». (4)
(1)-
AD Allier, 3 E 1681 (1770)
(2)-Docteur
de Brinon, Vaumas, Moulins, 1906.
(3)- AD Allier, 3 E 1791
(1660)
(4)- AD Allier, idem
(5)- AD Allier, idem
(6)-
Arthur Young, Voyages en France, 1787, 1788, 1789, Paris, Armand Colin, 3
volumes, 1976, 1284 pages.
S. HUG
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