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Le 30 juin 44, Lapalisse fut investie par l’armée allemande. Mon père qui était ce jour-là garde-pont a été contrôlé par les allemands et arrêté ayant une carte d’identité portant la mention “Juif “. Vers 9 heures du matin, notre propriétaire est monté jusqu’à notre logement pour nous dire qu’une rafle avait eu lieu et qu’on avait arrêté le colonel RIOU. Ma mère et moi étions étonnées que mon père ne soit pas venu nous prévenir, Je suis donc allée vers le pont de la Besbre, une de mes camarades de classe, Yvette Mazzia, habitant une maison avec vue sur le pont, m’appella pour me dire que mon père avait été arrêté. Je suis retournée à la maison pour le dire à ma mère, elle prépara quelques effets pour que je puisse les apporter à mon père ! Ma camarade Yvette me voyant revenir me demande où j’allais. Quand je lui dis ce que j’allais faire, elle s’exclama « tu es folle !», je vais aller les porter. Elle fut la première à m’avoir sauvé la vie.
Par un hasard de l’existence, 59 ans plus tard, j’ai retrouvé cette camarade qui habitait aux Etats-Unis, au Texas. Je suis allée la voir à Austin, les retrouvailles furent très émouvantes .J’ai su alors qu’elle a eu des problèmes avec les allemands qui voulaient connaître ses liens de parenté avec mon père. C’est le maire d’alors qui est intervenu pour la faire partir rapidement. Quand je revins chez nous, j’ai déménagé dans l’entresol de notre pavillon, les choses qui me paraissaient importantes pendant que ma mère, dans sa grande candeur, faisait une démarche pour savoir de quoi il s’agissait.
De mon côté ayant fini mon transfert, je suis allée chez nos voisins, la famille Charon, rue du 11 Novembre .Lorsque ma mère revint, j’ai dit à nos voisins de lui demander de me retrouver chez eux. Après quelques propos, elle insista pour remonter chez nous, j’ai essayé de la dissuader. Pour ma part, je refusai de remonter dans notre logement. A peine monta-t-elle l’escalier qui accédait à notre logement que les allemands arrivèrent avec mon père obligé de leur montrer où nous habitions. La nasse allemande se refermait sur elle ! Comme nos voisins craignaient une fouille des maisons voisines pour me trouver, je suis partie sous le nez des allemands, pour aller dans leur maison qui se trouvait au fond d’une impasse, place du marché.
Une dame, je crois Mme Laurent, me voyant passer me fit rentrer chez elle, elle savait ce qui s’était passé pour mon père. Dans l’après midi, notre propriétaire Mme Roche a récupéré chez nous ma fausse carte d’identité cachée dans notre logement. Le soir, des amis réfugiés de Lorraine, Les DANIELE, sont venus me chercher . Ils m’ont amené, à travers champs, jusqu’à leur maison sans que leurs enfants, qui étaient petits, ne sachent que j’étais là. J’y suis restée deux jours, après lesquels les Daniel m’ont amené en bicyclette chez le maire de St Martin d’Estreaux. J’ai passé un jour et une nuit dans cette famille.Le lendemain, de très bonne heure, le Maire m’a amenée à la gare pour prendre le train dans lequel était Marie Danièle et qui allait de Lapalisse à L’Arbresle, où se trouvait ma soeur Raymonde. En attendant le train, j’étais seule sur le quai lorsque le chef de gare s’approcha de moi en me disant « Vous êtes mademoiselle Schwartz ?». Imaginez dans quel état de panique j’étais ! Il a tout de suite ajouté « Ne vous inquiétez pas, je suis un ami. Je dois vous donner de l’argent que des personnes qui sont chez moi vous remettent pour parer à vos dépenses immédiates ». Je refusai, mais il a insisté, puis est parti.
Quelle émotion ! Le Maire qui était plus loin vint me dire qu’il avait vu le chef de gare mais il ne s’était pas approché car il savait que c’était un résistant. Enfin le train est arrivé, le voyage s’est écoulé sans histoire, nous étions à l’hôpital de l’Arbresle.
C’était un moment terrible pour ma soeur d’apprendre que nos parents avaient été pris par les allemands. Cela a eu beaucoup de répercussion sur sa santé pendant un bon moment. Ma soeur m’a pris sous son aile. Avec Soeur Marie-Alice, elles ont trouvé pour moi un pensionnat à Savigny, à 5 Km de l’Arbresle, où des religieuses courageuses et conscientes de ce qu’elles faisaient m’ont reçu dans leur pensionnat, où je suis restée jusqu’à fin septembre 1944, après le débarquement allié sur les sur les plages de la Méditerranée et que Paris fut libérée.
J’ai vu les premiers soldats libérateurs, le 25 Août 1944, des Américains, des Français, une immense joie dans notre tristesse, nous avions encore l’espoir de revoir nos parents. Qui pouvait imaginer une telle fin ? Quinze jours après la libération de Paris, nous retournions à Lapalisse, nous faisions les paquets des choses que nous comptions emporter et nous partîmes par le premier camion sans bâche qui allait jusqu’à Paris où nous rejoignîmes nos oncles et tantes qui nous accueillirent à bras ouverts.
Une chaîne d’au moins dix personnes m’a permis d’échapper aux Allemands et aux camps d’extermination.
Nos parents ont quitté Drançy le 30 Juillet 1944. Ils ont été déclarés décédés à Auschwitz le 5 Août 1944. C’est une plaie qui restera ouverte jusqu’au bout de ma vie.
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Odette Schwartz
Par un hasard de l’existence, 59 ans plus tard, j’ai retrouvé cette camarade qui habitait aux Etats-Unis, au Texas. Je suis allée la voir à Austin, les retrouvailles furent très émouvantes .J’ai su alors qu’elle a eu des problèmes avec les allemands qui voulaient connaître ses liens de parenté avec mon père. C’est le maire d’alors qui est intervenu pour la faire partir rapidement. Quand je revins chez nous, j’ai déménagé dans l’entresol de notre pavillon, les choses qui me paraissaient importantes pendant que ma mère, dans sa grande candeur, faisait une démarche pour savoir de quoi il s’agissait.
De mon côté ayant fini mon transfert, je suis allée chez nos voisins, la famille Charon, rue du 11 Novembre .Lorsque ma mère revint, j’ai dit à nos voisins de lui demander de me retrouver chez eux. Après quelques propos, elle insista pour remonter chez nous, j’ai essayé de la dissuader. Pour ma part, je refusai de remonter dans notre logement. A peine monta-t-elle l’escalier qui accédait à notre logement que les allemands arrivèrent avec mon père obligé de leur montrer où nous habitions. La nasse allemande se refermait sur elle ! Comme nos voisins craignaient une fouille des maisons voisines pour me trouver, je suis partie sous le nez des allemands, pour aller dans leur maison qui se trouvait au fond d’une impasse, place du marché.
Une dame, je crois Mme Laurent, me voyant passer me fit rentrer chez elle, elle savait ce qui s’était passé pour mon père. Dans l’après midi, notre propriétaire Mme Roche a récupéré chez nous ma fausse carte d’identité cachée dans notre logement. Le soir, des amis réfugiés de Lorraine, Les DANIELE, sont venus me chercher . Ils m’ont amené, à travers champs, jusqu’à leur maison sans que leurs enfants, qui étaient petits, ne sachent que j’étais là. J’y suis restée deux jours, après lesquels les Daniel m’ont amené en bicyclette chez le maire de St Martin d’Estreaux. J’ai passé un jour et une nuit dans cette famille.Le lendemain, de très bonne heure, le Maire m’a amenée à la gare pour prendre le train dans lequel était Marie Danièle et qui allait de Lapalisse à L’Arbresle, où se trouvait ma soeur Raymonde. En attendant le train, j’étais seule sur le quai lorsque le chef de gare s’approcha de moi en me disant « Vous êtes mademoiselle Schwartz ?». Imaginez dans quel état de panique j’étais ! Il a tout de suite ajouté « Ne vous inquiétez pas, je suis un ami. Je dois vous donner de l’argent que des personnes qui sont chez moi vous remettent pour parer à vos dépenses immédiates ». Je refusai, mais il a insisté, puis est parti.
Quelle émotion ! Le Maire qui était plus loin vint me dire qu’il avait vu le chef de gare mais il ne s’était pas approché car il savait que c’était un résistant. Enfin le train est arrivé, le voyage s’est écoulé sans histoire, nous étions à l’hôpital de l’Arbresle.
C’était un moment terrible pour ma soeur d’apprendre que nos parents avaient été pris par les allemands. Cela a eu beaucoup de répercussion sur sa santé pendant un bon moment. Ma soeur m’a pris sous son aile. Avec Soeur Marie-Alice, elles ont trouvé pour moi un pensionnat à Savigny, à 5 Km de l’Arbresle, où des religieuses courageuses et conscientes de ce qu’elles faisaient m’ont reçu dans leur pensionnat, où je suis restée jusqu’à fin septembre 1944, après le débarquement allié sur les sur les plages de la Méditerranée et que Paris fut libérée.
J’ai vu les premiers soldats libérateurs, le 25 Août 1944, des Américains, des Français, une immense joie dans notre tristesse, nous avions encore l’espoir de revoir nos parents. Qui pouvait imaginer une telle fin ? Quinze jours après la libération de Paris, nous retournions à Lapalisse, nous faisions les paquets des choses que nous comptions emporter et nous partîmes par le premier camion sans bâche qui allait jusqu’à Paris où nous rejoignîmes nos oncles et tantes qui nous accueillirent à bras ouverts.
Une chaîne d’au moins dix personnes m’a permis d’échapper aux Allemands et aux camps d’extermination.
Nos parents ont quitté Drançy le 30 Juillet 1944. Ils ont été déclarés décédés à Auschwitz le 5 Août 1944. C’est une plaie qui restera ouverte jusqu’au bout de ma vie.
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Odette Schwartz
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