Par le passé les colères de la Besbre étaient redoutées par ses riverains. Voici quelques uns des épisodes les plus marquants de l'histoire.
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En 1662, le curé Souvignat notait : « Le dimanche 15 août 1662, crue extraordinaire de la Bêbre. Pendant la messe, l’étang de Rosières creva de toutes parts et le peuple fut contraint de demeurer à l’église jusqu’au soir. Il y eut de grands désordres à La Palisse. Dieu nous préserve du pire car il y a deux mois qu’il pleut tant que le peuple ne peut lever les foins, ni les avoines, ni les blés, ni labourer la terre. »
En 1707, le curé de La Palisse-Lubier consigna dans ses registres paroissiaux ce qui fut sans doute l’une des plus importantes crues de la Besbre. « Le trois octobre mil sept cent sept très jours de pluye continuelle, la rivière de Bèbre a tellement débordé que sur la minuit, elle est entrée dans la cure un pied d’hauteur ayant inondé la cour, le jardin et chevenière et est demeurée dans le mesme estat jusqu’à la nuit du quatre au cinq dudit mois qu’elle est augmentée d’environ deux doigts, la pluye ayant continué. Le cinq, elle commence a diminuer, mais si doucement qu’aujourd’huy, huitième, elle couvre encore presque toute la grande prairie ayant esté si haulte icy, ou elle est fort au large, on peut juger de sa hauteur à Lapalisse ou elle estoit encore beaucoup plus reserrée. En effet, elle a esté deux ou trois pieds plus haute qu’on ne l’ait jamais vue, ayant abattu les grands et petits ponts de pierre qui estoient des ouvrages beaux et bien faits, âbimé neuf grandes maisons, endommagé plus de vingt autres dont trois ou quatre sont irréparables. Les Logis de l’Ecu et des Trois Boyau et la grande maison des Moutons ont beaucoup souffert estant faicts des especes de précipices au devant et tous les panes emportés. La perte des particuliers tant de ceux dont les maisons ont esté abîmées qui ont tout perdu que de ceux dont les maisons sont endommagées et les murailles à demy tombées, qui ont perdu la plus grande partie de leurs meubles, va de plus de douze ou quinze mille livres sans parler des dommages des héritages jusque chez Berger, pour ce qui est des ponts et panes. Il faudra peut estre cent mille livres pour les reparer, ayant oui dire à des anciens qu’il avait esté bâti du tems de louis treze et avoit cousté quatre vingt mille livres, dans un tems ou les choses coustaient beaucoup moins que presantement. L’eau a esté jusque dans la cour de l’église des Dames relligieuses, un demy pied d’hauteur. Dieu console les affligés et toute cette paroisse. Fait le huit octobre mil sept cent sept. Rigollet curé.
En 1846, on lisait dans la Semaine de Cusset et de Vichy du 24 octobre : « La Besbre dont le cours orageux a déjà fait tant de mal, est arrivée furieuse sur Lapalisse après avoir brisé les écluses des divers moulins élevés sur les rives. En amont du pont, les faubouriens firent entendre des cris de désespoir. Retirés dans leurs greniers avec ce qu’ils avaient de plus précieux, ils ne durent leur salut qu’au zèle déployé par M. Desgayet, délégué de M. le Sous-Préfet en congé. »
En 1866, le Courrier de l’Allier du 29 septembre : «Dans la nuit du 24 au 25, la crue a dépassé de 50 cm celle du mois d’octobre 1846. Les eaux ont pénétré jusque dans les appartements du cercle. Le faubourg et presque tous les quartiers de l’hôpital ont été submergés à onze heures du soir. Une maison s’est écroulée sur la route du Breuil et une partie de la terrasse de la maison de M. Ducroux, qui saillit sur la Besbre, a été emportée par le courant, ainsi que les murs de clôture des jardins avoisinant la rivière. »
Fin janvier 1891, la fonte des neiges est particulièrement difficile cette année-là. Une crue emporta des passerelles et des écluses et la situation fut extrêmement critique au niveau du pont de Lapalisse où d’énormes blocs de glace, bloqués sous les arches, menaçaient la solidité de l’ouvrage. On parla même un instant de faire venir des soldats pour libérer le pont. Le 30 janvier, les blocs de glace finirent par fondre sous l’action du redoux.
Dans l’édition du Courrier de l’Allier du 2 avril 1902, on relève : « la Besbre a vu son niveau s’accroître considérablement à la suite des pluies torrentielles de la journée de dimanche et de la matinée de lundi. A Lapalisse, dans les quartiers bas, il y avait un mètre d’eau dans les maisons, sur la place de la République, les chevaux avaient de l’eau jusqu’au poitrail, on a eu mille difficultés pour ravitailler les inondés. Un habitant de la Prairie appelé Jarry, qui a refusé les secours qu’on lui portait, est actuellement prisonnier dans sa maison où l’eau atteint deux mètres de hauteur. C’est la première fois que la Besbre subit une crue aussi importante. Depuis cinq jours, la moitié de la ville est sous l’eau. Des caves sont inondées. Les eaux ont envahi l’usine à gaz et depuis trois jours, la ville est plongée dans la plus profonde obscurité. Il y a un mètre et demi d’eau dans le logement du directeur de l’usine, M. Ferracci. Bref, la vie normale est complètement arrêtée dans la partie basse de la ville. »
Hiver 54, alors que le gel terrible qui sévit cette année-là fait éclater plusieurs canalisations dans la ville, Raymond Bécaud, le « maire de la Libération », traverse la Besbre gelée avec sa jeep.
Fin décembre 1968, une semaine de précipitations soutenues finirent par faire sortir la Besbre de son lit. Le soir du 24 décembre, il y a un mètre d’eau dans le café Barnabé, rue du marché.
Plus proche de nous, la route menant de Lubillet au Moulin Marin, servant de cote d’alerte à beaucoup de Lapalissois, fut totalement coupée en mai 1985, en mars 1988, en juin 1990 et en juin 1998 par autant de crues de la Besbre.
S. HUG
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